5.200 tonnes de tuyauterie, 19.500 m3 de béton, 3.300 tonnes de charpente, 370 à 380 milliards de francs CFA d’investissement…, le projet de modernisation et d’extension de la Sonara n’a rien d’un nain.
Charles Metouck, le directeur général de la Société nationale de
raffinage et ses collaborateurs sont sur la même longueur d’onde. Ils
parlent d’une seule et même voix, ils croient tous dur comme fer que
l’avenir voire, la survie de la Sonara passe inéluctablement par le
parachèvement du projet en cours de modernisation et d’extension de la
raffinerie. En tout cas, ils comptent avoir fin 2014, début 2015, une
raffinerie totalement modernisée.
Louis Marie Tiako Ngandjui, directeur de production est formel là-dessus, « la modernisation vise non seulement à accroitre la production de 2,1 à 3,5 millions de tonnes, mais aussi, à transformer le distillat et le fuel-oil en produits plus consommés (jet, pétrole lampant, super, gasoil et gaz Ndlr) ».
Pour dire simplement les choses, la raison pour laquelle la Sonara ne traite que moins de 10 % du pétrole camerounais classé lourd est que la raffinerie ne dispose pas d’installations adaptées. Ce qui fait que lorsqu’elle raffine du pétrole lourd, elle obtient en faibles quantités, des produits de grande consommation sur le marché que sont le jet, le gaz, le gasoil, le pétrole lampant ou le super, encore appelés produits blancs. Le distillat et le fuel-oil moins demandés sur le marché sont alors vendus à l’export. C’est donc ce problème que doit résoudre le projet de modernisation en cours. Un projet qui, sur le plan stratégique, ainsi que le souligne le Dr. Godfrey Yenwo Molo, 30 ans de raffinerie, conseiller technique du directeur général et responsable des projets, vise à « maximiser l’utilisation des pétroles bruts produits au Cameroun et assurera au Cameroun, une plus grande autonomie énergétique ».
En quoi consiste en réalité la modernisation dont il est question ? D’abord, elle doit permettre à la Sonara d’acquérir des équipements pointus et performants pour pouvoir faire dans la distillation sous vide du fuel-oil, ensuite l’hydrocraquage du distillat, dans le but d’obtenir des produits blancs plus consommés et plus demandés sur le marché.Ensuite, la modernisation dont il est question consiste en la construction d’une nouvelle salle de contrôle qui devra abriter tous les équipements numériques, en remplacement de l’actuelle salle vétuste et dotée plutôt d’un système pneumatique.
La salle de contrôle, encore appelée Centre de conduite centralisée (CCC) est le cœur même de la raffinerie. C’est, en tout cas, le point à partir duquel toutes les opérations sont commandées, y compris le comptage du chargement des camions au niveau du poste de chargement des camions citernes. Véritable bunker, la nouvelle salle de contrôle qui va abriter le système numérique de conduite (SNCC), capable de résister à une explosion de 14T/m2 ! Elle est liée aux unités au sein desquelles s’effectuent les opérations de raffinage par des câbles.
En clair, la modernisation consiste au passage du système pneumatique au système numérique. Ici, tout le système de sécurité des unités est actionné par un Automate programmable de sécurité (APS) qui gère toutes les alarmes. Il est connecté au système numérique de conduite (SNCC) ; toutes les boucles de régulation qui étaient pneumatiques vont passer au numérique.
Sur le plan pratique, la construction de la salle de contrôle proprement dite, avec tout ce qu’elle devra comporter comme ordinateurs et autres câbles électriques implique une ré instrumentation donc, un changement de toutes les vannes. A l’heure actuelle, le gros œuvre est terminé. Les œuvres secondaires sont en cours, en attendant l’arrêt ré instrumentation prévu au mois d’octobre 2011. Un arrêt de l’usine qui va marquer le basculement au numérique et la mise en fonction de la nouvelle salle de contrôle. On comprend que les équipes travaillent sur le site de jour comme de nuit.
Dans tous les cas, les responsables de la Sonara sont optimistes sur le démarrage de cette première phase du projet de modernisation. Ils prévoient la mise en marche des machines de la première partie de la modernisation en décembre 2012-janvier 2013. La Sonara pourra alors être capable de traiter à 100 % les pétroles camerounais.Quant à la seconde phase du projet, le démarrage de ses unités est prévu pour 2014-2015, avec la mise en marche de l’hydrocraqueur de distillat. La capacité de raffinage de la Sonara passera alors à 3,5 millions de tonnes de brut et peut-être plus. C’est ce qui explique la construction en cours également, de nouveaux bacs de stockage, destinés à recevoir d’importantes quantités de brut et de produits finis.
Simon Meyanga