Plus que trois rencontres et les Lions Indomptables du Cameroun et leurs supporters peuvent rêver de voir graver une sixième étoile sur le maillot de la sélection nationale. En attendant ce sacre final, il faudra braver de nombreux obstacles, réels ou virtuels. En effet la CAN 2021, dont la moindre des particularités est de se dérouler en 2022, se joue à la fois sur les terrains de football, dans les médias traditionnels et surtout dans les réseaux sociaux. Certes, s’il veut remporter le trophée pour la sixième fois, le Cameroun doit rehausser son niveau de jeu. Si les résultats en général et les victoires en particulier ne font pas l’objet de débats, la qualité du jeu et les prestations des joueurs sont loin de faire l’unanimité. On a encore pu le constater lundi dernier face aux Comores, une équipe à l’effectif clairsemé et décimé par le Covid, évoluant sans gardien de métier et réduite à dix dès les premières minutes de la rencontre. Malgré ces multiples « avantages » et cette supériorité numérique en leur faveur, les Lions ont peiné. Ils ont certes gagné la rencontre et obtenu la qualification pour les quarts de finale, mais au-delà du résultat, ils n’ont ni rassuré leurs supporters ni convaincu les observateurs, y compris les plus indulgents.
Il y a donc comme un arrière-goût d’inachevé dans le parcours des Lions indomptables; une ombre au tableau de chasse, une tache qui assombrit et ternit quelque peu le bilan. Comme si ces difficultés sur les terrains de jeu ne suffisaient pas, il faut également tenir compte d’un ensemble de facteurs souvent périphériques à la compétition mais qui viennent alourdir un climat qui aurait dû être celui de la fête permanente. Il en est ainsi de la bousculade enregistrée au stade d’Olembe le jour du match entre le Cameroun et les Comores; incident qui a provoqué la mort d’une dizaine de personnes ayant en commun leur passion pour le football. Trouver la mort en voulant regarder un match dans un stade est tout ce qu’il y a de plus dramatique et regrettable; c’est terrible de passer ainsi de la joie à la tristesse sans aucune transition. Il en est de même de cet incendie dans une boite de nuit où une vingtaine de personnes ont péri dans la nuit de samedi à dimanche. Si l’on ajoute à cette liste l’incendie d’un snack non loin du stade omnisports de Mfandena, il n’est pas exagéré de penser que la « coupe » de cette compétition déborde en matière de faits divers et de polémiques.
Tous ces incidents sont abondamment relayés et amplifiés par les réseaux sociaux où se dispute une compétition d’un autre genre: entre matches de gueule, blagues de très mauvais goût, concours de dénigrement et de calomnies, déclarations mensongères, coups de bluff et de pub, controverses et contrevérités, mensonges éhontés, tentatives de manipulation et de désinformation, etc. Quoi de plus normal, direz-vous! Sauf que même le plus flegmatique des observateurs finit par sortir de ses gonds. Au lieu de rire, on lui arrache plutôt un rictus d’agacement voire d’énervement. Comment peut-on insinuer que le pays organisateur manipule les résultats des tests covid pour favoriser son équipe nationale alors que cela relève de la responsabilité exclusive de la CAF? Le carton rouge infligé au joueur comorien dès la septième minute n’était-il pas justifié au regard des images? N’est-ce pas la même sanction dont a écopé un joueur du Cap-vert contre le Sénégal à la vingtième minute hier? Les polémiques sur la sécurité, la qualité des pelouses et les déclarations fracassantes de certains joueurs et entraîneurs sur l’organisation sont-elles fondées? Que non! Que dire enfin de ces insinuations malsaines et indignes sur l’équipe nationale du Cameroun?
Les détracteurs des Lions indomptables font comme si le Cameroun est en quête de son premier trophée continental. À dessein et avec une mauvaise foi évidente, ils feignent d’oublier que les Lions ont déjà remporté ce trophée cinq fois et ces cinq victoires ont été acquises à l’extérieur, dans un environnement généralement hostile; d’Abidjan en Côte d’Ivoire à Rabat au Maroc, en passant par Bamako au Mali, Lagos au Nigeria et Libreville au Gabon. À quelles combines, quelles magouilles, quelles tricheries le Cameroun avait-il recouru pour obtenir ces victoires probantes et indiscutables? On ne peut certes pas empêcher les cancans autour d’une compétition de cette envergure mais de là à vouloir ternir par tous les moyens l’image du Cameroun et de son équipe nationale; c’est inadmissible et inacceptable. On espère que les Lions laveront cet affront sur le terrain avec brio et panache pour rabattre le caquet à tous ces contempteurs aigris. Ils doivent le faire pour l’honneur du Cameroun que certains veulent bafouer injustement. On peut ne pas aimer le Cameroun mais on doit respecter son riche palmarès en matière de football.