Lom Pangar, le vendredi 3 aout 2012 13h 15. Le chef de l’Etat, S.E. Paul Biya, en quelques gestes apparemment anodins mais ô combien lourds de signification et de symboles, vient de poser la première pierre de la construction du barrage hydroélectrique de Lom Pangar.
En présence des chefs des missions diplomatiques de quelques pays amis, au rang desquels la France et la Chine, des bailleurs de fonds (AFD, BEI, BAD, BM, voir fiche technique) et du président de la Banque de développement des Etats de l’Afrique centrale (BDEAC). La plaque commémorative que le président de la République vient de découvrir révèle une date qui entrera dans les anales et restera gravée dans les mémoires : 3 août 2012. Les visages sont radieux. Les populations exultent. Les groupes de danse donnent de la voix. Théodore Nsangou, directeur général d’Electricity development corporation (EDC), qui assure la maîtrise d’ouvrage du projet, explique la maquette du projet au chef de l’Etat. Il en ressort que le projet comprend cinq composantes, à savoir : un barrage réservoir, une centrale hydroélectrique, une route d’accès entre Deng Deng et le site du barrage, un campement de travailleurs et la création du parc national à Deng Deng. « La mise en eau du barrage est prévue pour juillet 2014 et la centrale hydroélectrique sera opérationnelle deux ans après », conclut-il. L’émerveillement se lit sur tous les visages. Pendant le vin d’honneur qu’offre le chef de l’Etat, les personnalités ont de la peine à parler d’autre chose, tant le sujet est passionnant et surtout, charrie d’énormes espoirs de développement pour tout un peuple.Espoirs qui se lisent déjà, dès les premières lueurs de cette aube du 3 août 2012 sur les visages des près de 10 000 personnes qui ont pris d’assaut l’esplanade de la cité du maître d’ouvrage. Dans les tribunes aménagées pour la circonstance, les personnalités ne se tordent pas les pouces. EDC a mis à leur disposition une abondante littérature, pour les mettre dans le bain… du barrage. Des hôtesses s’assurent que personne ne manque de rien. Alors que les groupes de danse rivalisent d’adresse, les personnalités scrutent le ciel, à la recherche du moindre indice précurseur de l’arrivée du chef de l’Etat.11h 35 : un hélicoptère de la flotte présidentielle fend le ciel de Lom Pangar, traverse la place des cérémonies pour aller se poser sur l’héliport nouvellement construit au cœur de la cité du maître d’ouvrage. L’émotion est à son comble. A une centaines de mètres de là, les invités installés dans les tribunes attendent en vain que le président fasse son entrée sur la place des cérémonies. Elles finissent par se rendre à l’évidence qu’il s’agit d’une fausse alerte. C’est plutôt le directeur du cabinet qui vient d’arriver.12h 00 : le scénario se répète. L’enthousiasme et l’émotion restent les mêmes. Tout porte à croire que cette fois est la bonne. Le programme notamment prévoit qu’il en soit ainsi. Pendant qu’on en est encore aux spéculations, des sirènes retentissent, confirmant l’arrivée du chef de l’Etat que des écrans géants diffusent d’ailleurs en direct. Ponctuel comme à son habitude, Paul Biya arrive à bord d’une Range Rover de couleur noire. Accueilli par le gouverneur de la région de l’Est, le préfet du département du Lom et Djerem et le maire de la commune de Belabo, le chef de l’Etat reçoit les honneurs militaires. Au moment où il rejoint la loge d’honneur, l’homme des grandes réalisations, étincelant, arbore un costume bleu nuit, une chemise bleue ciel et une cravate sombre. Dans son allocution de bienvenue, le maire de Belabo remercie le chef de l’Etat pour l’opportunité qu’il offre aux populations de son arrondissement et de la région de l’Est en général de tirer avantage de ce dont la nature les a gratifiés. Essouka Gomone est en effet convaincu de ce que « Le barrage fera de Belabo un pôle de développement qui, incidemment, impactera sur le mode de vie des populations ». Point de vue que partagent entièrement les élites de la région du Soleil levant. Pour Bernard Wongolo en effet, « Les fils de l’Est suivent avec la plus grande attention l’exécution les projets des grandes réalisations », car à travers eux, « Nous commençons à goûter aux délices du développement », poursuit-il. Un développement qui devrait pourtant se poursuivre, notamment avec la construction de nouvelles routes, la création d’une université d’Etat (qui pourrait être spécialisée en agroforesterie, géologie et mines), des écoles et des hôpitaux. Pour l’ancien gouverneur de la région du Sud, «L’Est ne demande ni plus ni moins que les autres régions, l’Est demande sa part, toute sa part et rien que sa part ».Invité de marqueDe la présentation du projet que fait le ministre de l’Eau et de l’Energie, il ressort que le barrage hydroélectrique de Lom Pangar occupe une place de choix dans la stratégie de résorption du déficit énergétique et de la sécurisation de l’approvisionnement énergétique dans lequel le Cameroun s’est engagé. Basile Atangana Kouna en veut pour preuve le fait que dès sa mise en service, dans 38 mois selon le maître d’ouvrage, le barrage permettra d’accroître la production des centrales hydroélectriques existantes à Songloulou et Edéa par un apport immédiat de 170 MW sans aucun investissement supplémentaire. Et ceci grâce à la régularisation du débit de la Sanaga en période d’étiage, qui passera de 640m3/sec à 1040 m3 par secondes. En plus de cela, la construction du barrage permettra de renforcer l’offre en énergie dans la région de l’Est, de même que l’électrification de près de 150 localité rurales, à travers l’usine de production d’électricité d’une puissance installée de 30 MW qui sera construite au pied du barrage, ainsi que la ligne électrique haute tension de 120km qui desservira la ville de Bertoua.Toutes choses qui font de l’Est une région privilégiée (en puissance) et que sa majesté Balla 1er, chef supérieur du groupement Maka Mboanz a tenu à relever, pour s’en féliciter. Avant d’offrir, au nom de ses pairs, des présents au chef de l’Etat : un cheval blanc, un tam-tam et des objets d’art sculptés dont un lion, symbole de la force, de puissance et de majesté.Des présents qui ne laissent pas Paul Biya indifférents. « Je m’efforcerai d’en faire usage et d’essayer d’incarner les vertus que ces cadeaux symbolisent », indique-t-il. Tout comme le président de la République prend bonne note des doléances présentées par le représentant des élites, et rassure : « Nous nous efforcerons de faire ce que nous pouvons dans la mesure des moyens de l’Etat ».
Serge Williams Fotso, envoyé spécial à Lom Pangar
Serge Williams Fotso