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L’Est, le nouvel Eldorado :

Particulièrement « gâtée » par la nature, la région du Soleil Levant se positionne aujourd’hui comme l’un des principaux moteurs de développement du Cameroun.

« L’Est est promue à un véritable décollage ». Bernard Wongolo ne croît pas si bien dire. Le 03 août dernier lors de la cérémonie de pose de la première pierre du barrage hydroélectrique de Lom Pangar dans la localité éponyme, le représentant des élites de l’Est a énuméré les richesses dont regorge cette région pour constater qu’elle est au centre de la politique du chef de l’Etat qui projette de faire du Cameroun, un pays émergent l’horizon 2035. Du bois au diamant en passant par le cobalt, le nickel, le manganèse, l’or et le fer, le constat est froid, l’Est est assise sur une mine. La contribution de la région de l’Est dans le Pib du pays va croître de manière exponentielle dans les mois et années à venir. La région se taille la part du lion dans les 20 millions d’hectares (soit 44% du territoire) que couvre la forêt camerounaise. Second produit d’exportation, le bois contribue pour environ 6% à la formation du PIB.Pour ce qui est du diamant, l’on parle d’environ 736 millions de carats enfouis dans le sous-sol de Mobilong et Limokoali, deux localités du département de la Boumba et Ngoko dans la région de l’Est du Cameroun. La plus grande du monde, à en croire quelques estimations de géologues. Ce qui représenterait la production annuelle mondiale de diamant multipliée par cinq, selon un article du quotidien Korea Times, publié en mars 2008. Les pierres seraient de divers types et de diverses colorations. Dans les localités de Mang, Mboy I et II, Mparo, Massiembo, tous des villages environnants de Mobilong, les populations sont convaincues que l’heure du décollage a sonné. Et ce n’est pas tout, la nature a également doté la région du Soleil levant d’une importante réserve de fer. Le ministère en charge des Mines est d’ailleurs en train de procéder au réexamen de la minéralogie des sites de ces gisements. Selon les récentes données publiées par Sundance le 20 juin 2012, les gisements de Mbalam en hématite sont de 775.4 millions de tonnes avec 57,2% de fer. D’après l’entreprise, 95% de ce gisement est classé comme « indiqué » en conformité avec le code JORC (Joint Ore Reserves Committee), qui fait partie des normes internationales les plus reconnues pour l’estimation et le ciblage les plus exacts d’un gisement.Cependant, d’après les données publiées par le ministère en charge des mines, les réserves de la mine de fer de Mbalam sont estimées à 200 millions de tonnes de fer riche et 1,2 milliard de tonnes de fer enrichi. Un cabinet, (SRK Consulting) aidera donc ce département ministériel à y voir plus clair. Mine d’orDans le même temps, un projet d’exploitation de cobalt-nickel-manganèse sera mené à Nkamouna à l’Est par un consortium conduit par des investisseurs américains. Le lancement est prévu pour le mois prochain, alors qu’on annonce pour juin 2014, la mise en service de cette infrastructure. Ce projet, chiffré à 807 millions de dollars US de financements qui restent à mobiliser, porte sur un important gisement de cobalt-nickel-manganèse jugé « unique au monde », et prévoit de produire annuellement, 15.000 tonnes de cobalt-nickel associé au sulfite précipité, soit 39,5% de cobalt et 24,5% de nickel, et 30.000 mètres cubes de manganèse de carbonate. Les projections font état de 800.000 emplois directs, 400 à 500 emplois indirects et 1,2 milliard de dollars US au titre d’impôts pendant les 23 ans de durée de vie de la mine. Après plusieurs décennies d’exploitation quasi-clandestine, l’extraction de l’or au Cameroun sort progressivement de l’opacité pour s’engager durablement dans les circuits de l’économie visible. Selon les projections, la production d’or au Cameroun va connaître un essor sans précédent passant, de 3 tonnes actuellement à 10 tonnes dans les cinq prochaines années, avec au passage la création d’environ 60 000 emplois. Il faudrait pour cela investir près de 210 milliards de francs CFA dans les infrastructures à l’instar de la formation des mineurs au savoir-faire souvent rudimentaire. Selon des spécialistes, le jeu en vaut la chandelle, compte tenu de l’embellie actuelle des cours de l’or (comme monnaie refuge) sur le marché mondial et de l’impact qu’une exploitation plus rationnelle pourrait avoir sur les collectivités locales comme sur l’économie nationale dans son ensemble.

Serge Williams Fotso

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