Une semaine après l’incident qui a conduit au décès de l’officier de police de 2è grade, chef de poste frontalier Félix Ngando Ndallè à Toktoyo la situation est sous contrôle. Les populations ont repris leurs activités.
Toktoyo, ce dimanche matin, 25 Août 2013. Les populations se réveillent pour un jour de prière. Le pas lourd, la colère encore perceptible suite au malheureux évènement de la nuit du 19 au 20 août dernier. Les conversations tournent toujours autour de cet accident, dont les conséquences ont entaché la tranquillité de ces populations qui vivent depuis toujours sans avoir à se soucier d’un élément perturbateur d’envergure. Jonas Ndoke confie à ce sujet : « Nous avons été très en colère après la découverte macabre du corps sans vie de notre frère Félix, abattu lâchement par un « lieutenant » de la Seleka.
Ce malfaiteur, depuis un moment, avait des agissements bizarres. Ses frères et lui lorsqu’ils viennent ici boire, font comme s’ils étaient des patrons. Quand tu regardes son visage, il n’est pas Centrafricain. C’est un ressortissant d’un pays du « Nord » Paul Tidike ajoute par ailleurs : « Notre pays est trop gentil. Ces truands oublient une chose, c’est qu’on ne fait pas la guerre parce qu’on est fort. Mais parce qu’on a de bonnes stratégies de défense.
Ce sont des fainéants qui n’ont rien à faire dans la vie. Ils ne sont même pas contents de leur nouveau régime qui ne leur donne pas satisfaction. Ils pensent pouvoir venir ici dicter leur loi.»Le petit village qui compte à peine trois cent habitants le temps d’un incident, a presque perdu une bonne partie de sa population. Ce qui explique le désarroi total qui existe actuellement. Les champs ne sont plus fréquentés depuis cette folle nuit. D’après le maire de Ouli, Nicolas Ndoke, « Le village se remet petit à petit de la torpeur. Mais je dois dire qu’avant, de telles agissements n’étaient pas courant. Depuis les évènements de Bangui qui ont conduit à la chute du régime du président Bozizé, rien ne va le long de la frontière.
C’est comme si le problème c’est le Cameroun. Personnellement je ne m’explique pas ces actes répétés sur les citoyens camerounais. Ils se reprochent certainement de quelque chose ou alors, ils sont manipulés par des gens qui veulent à tout prix mettre notre pays à feu… Mais, nous voulons les rassurer que nous sommes des frères. Mais si ces relations que nous entretenons les dérangent, notre gouvernement saura ce qu’il y a lieu de faire. » Le chef de cette localité indique d’ailleurs : « Lorsqu’on les regarde, la majorité ce ne sont pas des Centrafricains. Même si nos frères là ont des comportements belliqueux, les actes de ce genre sont à vérifier de près. On se côtoie tous les jours et nous savons qui est qui. Il ne faut pas que le mécontentement qui les anime prenne pour prétexte le fait qu’on veuille bien faire respecter l’intégrité de notre territoire.
Le sous préfet, le préfet et le gouverneur nous ont demandé de rester calme parce que les forces de l’ordre qui sont sur le terrain vont faire leur travail. » Malgré ces assurances, il reste que la peur a gagné la population. Cela ne leur est pas arrivé depuis de voir un homme en tenue froidement abattu par des bandits de grands chemins. Nul doute que c’est une préméditation, lorsqu’on observe comment la scène a eu lieu. Cette nuit du 19 août, à une heure tardive, les membres de la Seleka prenaient un verre dans un bistrot.
C’est alors qu’un des nôtres leur signifia qu’il n’était plus normal qu’à cette heure, des individus armés n’appartenant pas à l’armée camerounaise se retrouvent dans notre territoire. Cela n’a pas plus aux gaillards. Le badge de l’un d’eux qui voulait absolument montrer ses capacités a été retenu. Il a été reconduit à la frontière. Il devait revenir le lendemain reprendre son badge.
Il a promis de revenir avant le matin. Félix Ngando Ndallè, a été filé jusqu’à son domicile où il a été froidement abattu par le « lieutenant » Assan de la Séléka. Lorsque nous quittons la localité nos sources indiquaient que deux des membres de cette bande armée avaient été interpellés.
Martin Crépin Ntsana