Depuis le cas Adama Modi en 2007 et plus loin de Justin Wanda Ntet en 1992 où une commission similaire avait été créée pour régler le problème de ce militant de la Sanaga Maritime, pareille mesure n’avait plus été prise.
« Il était temps, la récréation n’avait que trop duré ». La réaction de ce militant du Mfoundi II, lundi 8 décembre après la lecture au journal parlé de la Crtv de la décision du président national du Rdpc, Paul Biya, désignant une commission de discipline pour statuer sur les cas d’indiscipline enregistrés lors des élections législatives et municipales du 30 septembre dernier, reflète l’opinion de la grande majorité des militants qui se sentaient déjà abusés par les libertés que prennent certains militants depuis quelques temps, vis-à-vis des textes de base de leur parti. Une attitude qui ne date pas d’aujourd’hui, mais qui est allée en s’accentuant, jusqu’à franchir ce qui peut être considéré aujourd’hui comme la « ligne rouge ».La simple interprétation de la mesure du président national réside dans le fait que bien que le Rdpc soit un parti de tolérance, il ne faut tout de même pas exagérer. Point n’est besoin de revenir sur des cas d’indiscipline notoire qui ont ébranlé le bon fonctionnement du parti par le passé, dont les remous des « Modernistes du Rdpc », les cas de désobéissance notoire et d’enfreinte à la discipline du parti par certains élus, le non respect des instructions de la hiérarchie, etc.
A chaque fois, le parti a su, en interne et de manière parfois informelle, interpeller les mis en causes sur leurs dérives avec des résultats plus que mitigés. L’un des derniers exemples en date étant l’interpellation du secrétaire général Jean Nkuété, le 5 septembre dernier au cours d’une réunion qu’il présidait, en présence des membres du secrétariat général, et des équipes de campagne du Rdpc à travers le pays. Le vice-premier ministre s’était alors un instant écarté de l’objectif principal de la réunion, à savoir la présentation des modalités de campagne et des éléments de stratégie que le parti avait arrêtés, pour signifier le courroux du président national. « J’ai été amené à constater ces derniers temps, avec regret et indignation, que bon nombre de nos camarades désignés pour conduire des délégations du parti sur le terrain prennent à peine connaissance du contenu des documents d’orientation ou des directives qui leur sont remis »., constatait-il alors. Un homme averti…Conséquence, ces derniers en faisaient des interprétations à leur guise, ou alors s’en détournaient carrément. L’exemple le plus patent étant relatif aux opérations d’investiture des candidats du Rdpc aux élections du 30 septembre. Celles-ci ayant été marquées, en de nombreux endroits, par des agissements des responsables des commissions et des chargés de mission qui étaient très éloignés des prescriptions du président national, lorsqu’ils n’étaient tout simplement pas en contradiction avec elles. « Ces comportements relèvent de l’indiscipline et ne peuvent pas indéfiniment être tolérés», avait alors prévenu le secrétaire général, mais rien n’y fit. Force est en effet de constater qu’après les mises en garde du président national relayées par le secrétaire général 25 jours avant le scrutin, les mêmes dérives se sont poursuivies, voire accentuées. Certains militants allant jusqu’à contester les choix opérés au sein de leur parti et contredire les décisions de la plus haute hiérarchie du parti, au point de trainer le Rdpc en justice, en introduisant des recours contre leur propre parti. Maintenant qu’une commission est mise sur pied aux fins de statuer sur ces cas, les militants ont grand espoir que les membres, constitués de très hautes personnalités, prendront leurs responsabilités afin de proposer à la très haute hiérarchie du Rdpc, des mesures qui enlèveront aux personnes malveillantes toute envie de venir « s’amuser » au sein d’un parti dont les seules préoccupations sont de construire un Cameroun meilleur pour la postérité.Le travail des commissaires (qui travaillent sur la base des dossiers reçus) est encadré par les textes de base du parti, notamment le règlement intérieur qui, entre autres dispositions, détermine les conditions de fonctionnement des divers organes du parti et de ses organisations spécialisées. Des dispositions pertinentes (art.3) qui prévoient également que « Tout membre du Rdpc ou de ses organisations spécialisées s’engage à (…) respecter la ligne politique de celui-ci, ainsi que les décisions des organes directeurs ».
Serge Williams Fotso