Se fondant sur une rumeur qui faisait état de l’imminence d’une opération de renouvellement des bureaux des sections, sous-sections, comités de base et cellules du Rdpc, des militants se sont lancés dans des manœuvres visant à prendre le contrôle des organes de base.
Samedi 18 janvier 2014, bien avant 9h, trois militants d’une section Rdpc de l’Adamaoua débarqués à Yaoundé la veille, attendent, dans le hall du 2ème étage du Comité central, quelqu’un qui, au secrétariat à la Communication, « Voudrait bien [leur] donner quelques renseignements sur les modalités du déroulement du renouvellement des bureaux des organes de base qui vient d’être annoncé ».
Devant la surprise du reporter de l’Action, arrivé fortuitement en ces lieux souvent déserts le week-end, ses interlocuteurs précisent qu’ils ont eu l’information d’un député qui lui-même « Prépare déjà le renouvellement à Ngaoundéré», La réponse selon laquelle en l’absence d’une circulaire de la hiérarchie du parti, rien n’était encore officiel, ne semble pas avoir découragé les trois militants qui veulent visiblement se « positionner avant les autres », pour s’assurer le contrôle d’une section du parti.En fait, la situation ainsi décrite n’est pas un cas isolé. Depuis la fin 2013, les grandes manœuvres visant la conquête de différents postes dans les bureaux des organes de base ont commencé.
À partir de quelque rumeur ayant couru sur une probable campagne d’élections au sien du Rdpc en début 2014, ou sur la base d’analyses faisant savoir qu’une fois les élections législatives et les municipales terminées, il ne resterait plus au président national qu’à programmer le renouvellement de bureaux des organes de base, de préférence au cours de ce mois de janvier. Conséquence, comme le déplorent certains responsables rencontrés sur le terrain, l’on assiste à une certaine démobilisation à la base, « Les camarades étant désormais plus préoccupés par les postes à pourvoir au sein du parti, qu’à promouvoir son idéologie ou à mobiliser la population pour la mise en œuvre du projet de société pour lequel le peuple nous a donnés la majorité que nous avons dans les communes et au parlement », confie un président de section.Animation permanente Entre autres actions décriées, la formation des clans au sein des organes de base entrainant la division et la fragilisation du parti, la vente sélective des cartes d’adhésion dans le but de s’assurer le contrôle de l’électorat, au besoin en privant l’adversaire du droit de vote le moment venu, l’immixtion de l’élite souvent sans passé politique, dont le seul but est le contrôle et l’instrumentalisation de la base, etc. Sans oublier les multiples violations des règles de discipline du parti et des textes de base, puisque tout se passe désormais comme dans si les organes de base concernés, il n’y avait plus un seul responsable en poste. Alors même que le Comité central qui seul devrait en principe donner le la du renouvellement, n’a ni suspendu les bureaux en fonction pour cause d’expiration du mandat, ni convoqué le corps électoral pour l’élection de nouveaux bureaux.Malgré cette effervescence observée dans certaines localités çà travers le pays, de nombreuses sections continuent de fonctionner normalement.
C’est le de l’Océan Sud où le fonctionnement permanent du parti a encore été observé à l’occasion des récents événements organisés dans cette section, et où l’on compte relancer dans les prochaines semaines la formation des militants. C’est aussi le cas du Lom et Djérem nord à Garoua Boulaï où l’heure est plutôt à la mobilisation et à l’encadrement de la population à la suite des récents évènements ayant opposé les forces armées camerounaises à des miliciens centrafricains. « Chez nous, la discipline du parti est respectée. Nous ne fonctionnons pas en pensant au renouvellement. Et même si des gens s’agitent, ils ne l’affichent pas au grand jour », fait savoir Kombo Gberi, le président de la section qui pense déjà à la mobilisation de la jeunesse pour la fête du 11 février 2014. Il en est de même dans la Haut Nyong Nord (Lomié) où le parti qui n’a vraiment pas pris de congé, continue d’œuvrer à l’encadrement des populations.
Pour Blondeau Talla Talla, le président de cette section, « Le sujet n’est pas encore évoqué. Nous attendons les directives de la hiérarchie, laquelle va préciser les règles du jeu le moment venu ». Pareil pour la Lékié Nord. Ici, l’on est convaincu que « Ce n’est pas à la veille d’une élection que l’on va construire un bilan », selon Auguste Essomba Asse, le président de la section Ojrdpc. Forts de cela, donc, ses camarades et lui œuvrent pour la mobilisation de la jeunesse dans le cadre de la révision des listes électorales, ou encore les activités socioculturelles grâce auxquelles ils assurent l’animation permanente et le rayonnement du parti.
Longin Cyrille Avomo