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Carton Rouge

Interdire l’interdiction :

La scène paraissait surréaliste et même pathétique. L’appel à manifester pour la commémoration de la journée des martyrs, le 15 Janvier dernier par M. Ngouo Woungly Massaga, alias « commandant Kissamba » a connu un flop retentissant.

Tout au plus un succès auprès  des médias que l’initiateur aura au moins eu le mérite d’ameuter, inutilement. Annoncée à grand renfort de publicité et de querelle sur le régime de « l’autorisation » ou de «déclaration », cette « grande marche » tant vantée a mobilisé au plus 05 personnes.
Certainement des « militants » engagés et convaincus de la cause des martyrs Camerounais morts pour la patrie. On peut donc conclure, qu’en dehors de l’organisateur  et de quelques affidés irréductibles, des passants et de curieux, la marche a connu un succès inversement proportionnel à la gloire et à la mémoire de nos vaillants compatriotes qui, eux, ont du s’interroger sur ce soudain engouement à leur paisible repos.
Un vrai fiasco et un camouflet à l’image de la vache de la fable!Et pourtant, que n’a-t-on pas dit sur le supposé droit à la manifestation qui aurait été bafoué par Monsieur le sous Préfet ! Aucun qualificatif n’a été de trop pour décrier « le reflexe répressif de l’administration camerounaise sous le régime Biya». Aucun média n’a été oublié du service gratuit de distribution de « lettres » passant au vitriol    le régime liberticide foulant aux pieds le sacro-saint principe de la liberté. Ah ! la belle et facile  rhétorique ! Mais qu’il est difficile l’art de la pratique.Que n’aurait-on pas dit et écrit si le sous préfet n’avait pas autorisé la marche ? Les chaines de radio et de télévisions, la presse écrite et cybernétique n’auraient certainement pas raté cette belle occasion pour dénoncer avec la dernière énergie le zèle supposé de M. le chef de terre.
Les nouveaux martyrs qui écrivent et inondent les rédactions, lettres et pétitions à la main, auraient certainement trouvé une meilleure occasion de vilipender l’administration et « l’État RDPC », l’accusant de tous les maux et l’accablant de tous les noms d’oiseaux. Or, depuis ce flop, il ne se trouve personne, (aucun journaliste, aucun expert, aucun membre de la société civile) pour dénoncer l’amateurisme, l’improvisation et l’incohérence des « organisateurs bien pensants » des marches.À la question « sommes-nous dans un Etat de droit ou dans un simulacre d’État de droit ? » la réponse jaillit d’elle-même : nous sommes dans un Etat de droit et des libertés, toutes les libertés sont garanties et encadrées par les textes et les lois de la République. Il est utile de rappeler que les manifestations politiques (dont les marches et commémorations) sont régies par les lois sur les libertés du 19 Décembre1990 et les textes d’application successifs.
C’est le lieu d’interpeller aussi bien l’administration que les citoyens, pour que chacun, en ce qui le concerne,  se conforme à ces textes, sans zèle ni faiblesse mais aussi sans esprit de provocation ou de démagogie. Merci tout de même au commandant « sans troupe » Kissamba. Il vient de nous administrer la preuve, malgré lui, que la meilleure  manière de décourager les organisateurs des marches, c’est d’autoriser leurs initiatives !

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