Ces derniers devront être libérés ou connaître une réduction sensible de leur durée d’emprisonnement ferme, au terme de la démarche administrative en cours dans les prisons, et destinée à identifier les personnes éligibles aux récentes mesures de commutation et de remise de peines.
Depuis lundi dernier, les premiers bénéficiaires de la grâce présidentielle accordée dans le cadre de la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun à certaines personnes définitivement condamnées à une peine d’emprisonnement ferme sont connus. Il s’agit du Pr Titus Edzoa et de Thierry Michel Atangana Abéga qui purgeaient jusque-là, à la prison centrale de Yaoundé, une peine de 20 ans d’emprisonnement ferme pour détournement de deniers publics, depuis décembre 1997.
Au-delà de ces deux personnalités dont la libération fait couler autant d’encre et de salive que leur emprisonnement, 24 000 personnes vont, soit bénéficier d’une libération, soit alors obtenir une diminution de la période qui leur reste à passer au bagne. La révélation en a été faite mardi soir par Issa Tchiroma Bakary, le ministre de la Communication, au cours d’un point de presse justement destiné à donner des précisions sur la récente grâce accordée par le chef de l’Etat.Le Mincom tord ainsi le cou à une rumeur propagée par certains médias tant nationaux qu’étrangers, qui a laissé croire que ces libérations, tout comme les décisions de justice ayant conduit à l’emprisonnement des intéressés, étaient à tête chercheuse. Et même si la liste intégrale des bénéficiaires du pardon de la République n’est pas encore disponible, il va de soi que des libérations interviendront progressivement, vu le nombre important de personnes qui, selon Issa Tchiroma Bakary, sont visées par la clémence et la mansuétude que le pays, à travers le décret du 18 février 2014 portant commutation et remise de peines, a ainsi accordé à des personnes punies par la justice.
Des mesures sont déjà prises sur le terrain, à l’effet de rendre cette décision du chef de l’Etat effective, étant donné qu’elle est d’application immédiate.C’est d’ailleurs ce qui explique que certaines personnes, parmi lesquelles les deux plus célèbres prisonniers du Cameroun, aient déjà recouvré la liberté. L’administration pénitentiaire est déjà en branle. La procédure est simple : les régisseurs des 77 prisons camerounaises dressent, chacun en ce qui le concerne, un état qui est soumis au visa du procureur de la République compétent, pour l’effectivité de la libération ou de la réduction de la peine.Par ailleurs et contrairement à une idée reçue, l’on devrait avoir un nombre assez important de personnes libérées au terme du processus.il n’échappe en effet à personne que même les remises partielles de peines peuvent permettre à des condamnés de sortir finalement de prison. Ce cas de figure peut logiquement être envisagé dans l’application de es alinéas 8, 9, 10, 11, 12 et 13 de l’article premier du décret du 18 février 2014. Exemple d’un prisonnier devant purger une peine de 8 ans pour une des infractions ne figurant pas sur la liste des 13 dont les auteurs sont expressément exclus du champ d’application du décret, et qui a passé 7 ans en prison. Il devrait recouvrer sa liberté, en application de l’alinéa 10 qui accorde une remise de peine de 15 mois « en faveur des personnes originellement condamnées à une peine d’emprisonnement inférieure à dix (10) ans mais supérieure à cinq (05) ans. »
Il en sera de même des condamnés ayant passé 4 ans en prison pour une peine initiale de 5 ans, grâce à la remise de 12 mois qui leur est accordée, des condamnés à un an qui seront libérés grâce à une remise de 8 mois pour avoir passé un minimum de deux mois en prison, etc.Il est donc question, pour les condamnés, de prendre leur mal en patience. Le temps pour l’administration pénitentiaire de passer sereinement en revue le profil de chaque candidat. Le souci de célérité recherché la l’application immédiate de la grâce présidentielle n’étant pas synonyme de précipitation.
Longin Cyrille Avomo