Après le Tchad, le Niger et bien sûr le Nigéria, les sbires de Boko Haram ont perpétré dimanche dernier à Fotokol un attentat suicide en territoire camerounais, le premier du genre.
Et on espère le dernier. Deux personnes dissimulées sous la burqa ont fait exploser leurs ceintures garnies de bombes. Bilan : 16 morts. On savait déjà que la guerre contre cette secte terroriste et obscurantiste était asymétrique. Avec l’entrée en scène des kamikazes, le danger est désormais partout et nulle part à la fois. Tant que les assaillants de Boko Haram pouvaient arriver sur le champ de bataille juchés sur des véhicules armés de mitrailleurs ou de kalachnikov, ils trouvaient la riposte en face d’eux. Les soldats camerounais ont fait montre de leur bravoure et de leur professionnalisme sur ce terrain conventionnel. Après avoir subi de nombreuses pertes et perdu du terrain, Boko Haram change manifestement de stratégie. Après les enlèvements, voici venu le temps des attentats suicides. Dans cette nouvelle phase, la riposte sera difficile. Comment être sûr que sous les pagnes de la femme qui entre dans un lieu public ne sont pas dissimulés des explosifs ? Cette nouvelle stratégie illustre la lâcheté et le côté abject des méthodes utilisées par ces fanatiques. Désemparés par la puissance de feu des armés nigériane, camerounaise, tchadienne et nigérienne, les illuminés de Boko Haram utilisent maintenant des pauvres femmes comme « chairs à canon ». Le fanatisme religieux ne peut pas à lui tout seul expliquer et justifier le recours à ces méthodes barbares. Voltaire définissait ainsi le fanatisme : « celui qui a des extases, des visions, qui prend des songes pour des réalités, et ses imaginations pour des prophéties, est un enthousiaste ; celui qui soutient la folie par le meurtre est un fanatique ». Nous sommes bien en face d’une folie meurtrière. Et les musulmans modérés ne doivent pas cesser de dénoncer et de combattre cette prise en otage de leur foi par des groupuscules radicaux et extrémistes qui n’ont rien à envier aux fascistes et aux nazis.
En attendant la victoire de la vertu sur le vice, du bien sur le mal, des bons sur les méchants, les autorités, les pouvoirs publics doivent, plus que jamais, sensibiliser les populations pour qu’elles redoublent de vigilance et qu’elles apportent leur soutien dans cette nouvelle phase de la lutte contre Boko Haram. Comment y parvenir efficacement lorsqu’on sait que l’ennemi se cache justement au sein des populations innocentes ? L’attentat suicide de Fotokol doit permettre aux Camerounais de cette région de démontrer que la tolérance religieuse dans notre pays n’est pas un vain mot. La lâcheté, la barbarie et l’abjection de Boko Haram ne passeront pas. Les martyrs ne sont pas du côté où l’on croit. Les vrais martyrs dans ce combat sont ceux qui luttent pour des valeurs morales et nobles. Allah reconnaîtra les siens.