Depuis un peu plus d’un an, le Cameroun vit des heures sombres de son histoire qui est loin d’être un long fleuve tranquille.
De mauvais démons semblent éprouver un plaisir diabolique à effectuer une sarabande aussi macabre que funeste au-dessus du « berceau de nos ancêtres ». Les adeptes de l’astrologie diront que l’alignement des planètes et des étoiles ne nous est pas favorable en ce moment. On avait déjà Boko Haram. Voici maintenant le tour des sécessionnistes. Les uns comme les autres ont choisi comme base arrière, le territoire d’un grand pays voisin avec lequel le Cameroun partage quelques inimitiés et autres querelles de voisinage, en plus de sa plus longue frontière terrestre et maritime. Sans négliger cet aspect diplomatique commun aux deux conflits, il n’en demeure pas moins qu’ils sont différents l’un de l’autre. Mais les conséquences, elles, sont les mêmes: le Cameroun se retrouve engagé malgré lui dans une guerre indésirable, obligé qu’il est de défendre sa souveraineté et son intégrité territoriale.
Après l’assassinat de quatre militaires et deux policiers dans le Sud-ouest, le président de la République, qui jusque-là a privilégié les voies du dialogue, a radicalement changé de ton: « …les choses sont désormais parfaitement claires pour tout le monde: le Cameroun est victime des attaques à répétition de bandes de terroristes se réclamant d’un mouvement sécessionniste. Face à ces actes d’agression, je tiens à rassurer le peuple camerounais que toutes les dispositions sont prises pour mettre hors d’état de nuire ces criminels et faire en sorte que la paix et la sécurité soient sauvegardées sur toute l’étendue du territoire national ».
Les mots sont suffisamment clairs et précis pour exprimer l’exaspération, la détermination et la fermeté de Paul BIYA. Après la carotte du dialogue et des mesures d’apaisement, voici venu le temps du bâton et de la riposte. Aucun État digne de ce nom ne peut rester indifférent à l’assassinat des éléments de ses forces de défense et de sécurité. Aucun État ne peut tolérer un tel affront. Quoiqu’il en soit, l’usage du bâton de la riposte n’exclut pas le recours aux vertus apaisantes de la carotte. En effet, un pays déjà attaqué plusieurs fois par le passé le sait mieux que quiconque: qui veut la paix prépare la guerre. Pour préserver la paix si utile à son développement, le Cameroun se résout, contraint et forcé, à ouvrir un autre front armé pour défendre son territoire et ses populations. Il le fait, hélas, face à des assaillants issus de ses propres entrailles et qui ont décidé, sous le coup de la manipulation, des intérêts égoïstes et des calculs obscurs, de couper le cordon ombilical avec le « berceau de leurs ancêtres ». Grand bien leur fasse!
En tout cas le Cameroun n’a pas le choix. C’est se défendre ou disparaître. Pour un pays qui a déjà vécu moult moments tourmentés au cours de sa jeune existence, il ne peut pas avoir oublié cette maxime chère aux marins: les heures les plus sombres sont avant l’aube. Il est de la navigation en haute mer comme de la conduite d’un pays en proie à toutes sortes de turbulences. Après les tempêtes et les pluies, si violentes soient-elles, le beau temps reviendra. Pour le Cameroun de Paul BIYA, une aube nouvelle pointe à l’horizon après toutes ces épreuves. Il faut pour cela faire confiance au commandant de bord qui dispose d’une panoplie d’instruments de navigation. Hier c’était la carotte. Aujourd’hui c’est le bâton. Les deux peuvent même être utilisés de manière simultanée ou en alternance. L’essentiel, pour l’équipage et les passagers est d’arriver à bon port, sains et saufs.
Christophe MIEN ZOK