Militaires et gendarmes reconnus coupables sanctionnés et mis aux arrêts, victimes à exhumer pour des obsèques dignes et indemnisation des familles, le tout aux frais de l’Etat.
On en sait un peu plus sur le déroulé et les auteurs des événements tragiques survenus dans la nuit du 13 au 14 février 2020 dans le village Ngarbuh, dans le département du Donga-Mantung, région du Nord-Ouest. Le communiqué du ministre d’Etat secrétaire général de la présidence de la République, qui dévoile les conclusions de l’enquête instruite par le président Paul Biya sur les événements malheureux de Ngarbuh est à la fois un acte de courage et un modèle de transparence du chef de l’Etat. Courage, parce que ce rapport met en évidence et sans ambages, la responsabilité de certains éléments des forces de défense et de sécurité dans cette affaire. Transparence, parce que le rapport d’enquête révèle avec force détails, la composition de la commission d’enquête, la méthodologie utilisée, les résultats et la suite que les pouvoirs publics entendent réserver à cette affaire. Les activistes et certaines ONG qui en appelaient à une enquête indépendante et même internationale semblent visiblement satisfaits. C’est tout dire.
Ayant pris connaissance du rapport de la commission d’enquête, le président de la République a prescrit entre autres mesures, l’ouverture d’une procédure disciplinaire contre le chef de bataillon Nyiangono Ze Charles Eric, commandant du 52eme bataillon d’infanterie motorisé (BIM) qui a autorisé la mission, et tous les militaires ayant participé à l’opération de Ngarbuh ; l’arrestation du sergent Baba Guida qui a conduit l’opération, celle du gendarme Sanding Sanding Cyrille et du soldat de première classe Haranga Gilbert et les dix membres du comité de vigilance qui ont participé à ces événements qui ont abouti à la morts de 5 terroristes, 3 femmes et 10 enfants et à la saisie de plusieurs armes. Militaires et membres du comité de vigilance sont accusés d’avoir « participé à une opération ayant causé la mort de plusieurs personnes et des incendies de maisons ». Le sergent Baba Guida, en plus de cela, est à l’origine du compte rendu biaisé de l’opération à sa hiérarchie ; compte rendu sur la base duquel le gouvernement avait jusque-là, fondé sa communication.
Le président Paul Biya, en homme de justice et de paix, a ordonné l’exhumation des corps des victimes afin de leur donner, aux frais de l’Etat, une sépulture digne et de finaliser les constats nécessaires à la manifestation de la vérité. Il a également exigé le recensement des ayants-droits des victimes aux fins de versement par l’Etat, des indemnisations et compensations appropriées. Une base militaire et d’autres services seront créés à Ngarbuh en vue d’une meilleure protection des populations.
Pour ce qui est de la protection des droits de l’homme, le chef de l’Etat a réaffirmé la disponibilité du gouvernement camerounais à « continuer à coopérer avec les partenaires bilatéraux et multilatéraux, de même qu’avec les organisations non gouvernementales, pour faire avancer la cause de la protection et de la promotion des droits de l’homme au Cameroun ». Le président Paul Biya rappelle cependant que « la protection des droits de l’homme est une cause noble et sérieuse qui doit être défendue avec vigilance et fermeté, mais aussi avec sérénité et discernement, sans être polluée par des motivations politiques qui ne peuvent que l’affaiblir ».
Enfin, le président de la République a réaffirmé son attachement à la recherche à la recherche des voies et moyens de résoudre de manière pacifique la crise dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, conformément aux recommandations du Grand dialogue national.
Simon Meyanga