Le ministre de la Recherche scientifique et de l’innovation, par ailleurs Secrétaire aux Affaires économiques, sociales et à l’Emploi du Rdpc décline certaines actions phares menées, au titre de la contribution du Système National de Recherche et d’Innovation dans la bataille que le Cameroun livre contre la pandémie du COVID-19.
L’Action : Madame le Ministre, le Cameroun fait face comme le reste du monde, à la pandémie du Coronavirus, avec malheureusement, un accroissement du nombre de cas testés positifs. Que proposent les chercheurs camerounais à ce stade de la lutte ?
Madelaine Tchuinte : Avant de répondre plus précisément à votre question, je voudrais tout d’abord vous adresser mes sincères remerciements pour cette opportunité que vous m’offrez de décliner certaines actions phares que nous menons au titre de la contribution du Système National de Recherche et d’Innovation à cette rude bataille que la Nation tout entière livre contre la terrible pandémie « COVID-19 », sous la très haute supervision du Président de la République, son Excellence Paul BIYA, et la coordination du Premier Ministre, Chef du Gouvernement, son Excellence Chief Dr. Joseph DION NGUTE. Je suis tout à fait à l’aise de m’exprimer dans le Journal « L’Action », l’organe de presse de mon Parti, le RDPC.
En ce qui concerne maintenant plus précisément votre question, je dois vous dire que les chercheurs se sentent interpellés au plus haut point par cette lutte contre la pandémie du COVID-19. C’est ainsi qu’avant même qu’elle ne fasse son entrée au Cameroun, le MINRESI et ses chercheurs avaient pris conscience du fait qu’il s’agissait véritablement d’un défi qui interpelle en priorité la science. Dès lors, nous étions moralement et psychologiquement préparés pour y faire face.
De fait, nous avons élaboré un plan sectoriel de riposte contre le COVID-19 articulé autour de quelques actions phares, notamment :
- la création d’une TASK FORCE COVID-19 au sein de laquelle il a été mis en place un « Think Thank » qui sert de banque de données relatives au combat contre cette pandémie. En outre, cette Task Force joue le rôle d’interface entre le MINRESI et les autres structures directement ou indirectement intéressées par cette lutte de portée mondiale ;
- la mise en place d’une cellule de veille épidémiologique ;
- la fabrication par l’Institut de Recherches Médicales et d’Etudes des Plantes Médicinales (IMPM) des comprimés d’Hydroxychloroquine et d’Azithromycine qui constituent les médicaments essentiels du protocole de traitement actuellement administré aux malades du COVID-19 dans la plupart des pays à travers le monde. Cette fabrication sera faite en collaboration avec le MINSANTE, notamment la direction en charge des questions de pharmacie et du médicament, ainsi que le LANACOME ;
- l’acquisition de 50.000 tests en vue du diagnostic et du dépistage massifs au niveau du laboratoire du Centre de Recherches sur les Maladies Emergentes et Réémergentes (CREMER), logé au sein de l’IMPM ;
- la fabrication par le Centre National de Développement des Technologies (CNDT) des masques de protection en matériel local et des solutions chimiques (gels et solutions hydro-alcooliques).
A ce stade de mon propos, permettez-moi de vous annoncer avec beaucoup de plaisir que le Chef de l’Etat, son Excellence Paul BIYA, garant de la santé et du bien-être des camerounais, nous a donné son Très Haut Accord pour l’exécution des actions ci-dessus évoquées, notamment la fabrication des comprimés d’Hydroxychloroquine et d’Azithromycine,des masques de protection et des gels et solutions hydro-alcooliques, et l’acquisition des tests de diagnostic et de dépistage massifs du COVID-19. Je voudrais d’ailleurs mettre à profit cette opportunité que vous m’offrez, pour exprimer solennellement au Président de la République, ma profonde et déférente gratitude pour cette bienveillante sollicitude. J’y joins celle des responsables et chercheurs des unités opérationnelles de recherche concernées. Je tiens à souligner que les responsables et chercheurs de ces structures et moi-même sommes mobilisés et déterminés à exécuter ces très hautes instructions présidentielles avec une grande diligence. Nous pensons pouvoir atteindre l’essentiel de nos objectifs dans les meilleurs délais.
D’autre part, nous avons procédé à une véritable « levée de troupes scientifiques » constituées des chercheurs institutionnels et indépendants tous mobilisés pour apporter leur contribution à la bataille contre le COVID-19. Des propositions fusent de toutes parts. C’est ainsi que sous notre encadrement, de jeunes innovateurs ont mis au point un dispositif de riposte à travers l’usage des drones doublée d’intelligence artificielle destiné :
- au dépistage thermique aérien par drones ou terrestre de potentiels malades,
- à la cartographie d’urgence des zones infectées ou à fort potentiel d’infection,
- à la pulvérisation aéroportée des lieux spécifiques et surtout des marchés et,
- à la livraison, le cas échéant, des kits de suivi médical dans les zones reculées ;
- aux essais systématiques des médicaments de notre pharmacopée traditionnelle.
Vous avez annoncé il y a quelques jours, l’intensification de la production des gels hydro alcooliques pour permettre aux populations de se l’approprier à faible coût. Où en êtes-vous avec ce projet ?
Au départ, nous nous sommes limités à la fabrication de ces gels pour satisfaire les besoins des responsables et personnels du Département Ministériel dont j’ai la charge, ainsi que des structures placées sous sa tutelle. A la faveur du précieux soutien que vient de nous accorder le Chef de l’Etat, nous allons nous lancer dans la fabrication de ces gels à grande échelle. Notre production sera mise à la disposition des hôpitaux via le MINSANTE, ou de toute autre structure publique choisie par le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, pour utilisation par leurs personnels et distribution aux malades et aux populations. Nous allons également organiser des séances de vulgarisation de la fabrication de ces produits, afin d’outiller le plus grand nombre de nos concitoyens à se livrer en toute sécurité à cet exercice.
En l’état actuel de notre recherche, peut-on s’attendre à ce que nos chercheurs appuient la production des masques de protection ?
Oui bien sûr ! Au tout début de cette crise, le CNDT a produit des modèles de masques de protection dont l’efficacité en termes de résistance et de barrière contre la propagation du COVID-19 est avérée. En outre, son cahier de charge en rapport avec les ressources financières qui lui ont été affectées par le Président de la République, prévoit la fabrication des masques. C’est dire que nos chercheurs sont mobilisés pour apporter l’appui nécessaire à la fabrication des masques. De plus, nous allons organiser des séances de vulgarisation, afin de permettre au plus grand nombre de professionnels de la couture de confectionner aisément des masques de qualité.
L’Académie des Sciences a sollicité le financement de la recherche en sciences biomédicales et sociales afin que soient mieux comprises la dynamique et les spécificités locales de propagation du COVID-19 au Cameroun. Comment entendez-vous répondre à cette sollicitation ?
Je partage cette préoccupation de l’Académie des Sciences du Cameroun ; c’est une sollicitation qui tombe à point nommé. En effet, nous disposons dans notre pays de deux structures publiques qui exercent dans ces domaines. Il s’agit de l’Institut de Recherches Médicales et d’Etudes des Plantes Médicinales (IMPM) en ce qui concerne la recherche en sciences biomédicales et du Centre National de l’Education pour ce qui a trait à la recherche sur les sciences sociales. Avec cette pandémie du COVID-19, ces structures sont plus que jamais sur la sellette. Il serait effectivement opportun de renforcer leurs moyens afin de les rendre encore plus opérationnelles.
Interview : Serge Williams Fotso, Simon Pagbe et Philippe Ganfeh