Chaque fois c’est toujours la même rengaine: on va voir ce qu’on va voir; on va casser la baraque; on va renverser la table; la révolution est en marche, etc. Depuis plusieurs semaines, le leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) a demandé aux Camerounais de descendre dans la rue le 22 septembre pour manifester en vue de la révision consensuelle du code électoral avant les élections régionales d’une part et le départ de Paul BIYA du pouvoir d’autre part. Nous sommes le 23 septembre et le peuple camerounais, autant que la communauté internationale, peut témoigner de ce que Paul BIYA est toujours en poste à Etoudi et que le code électoral en vigueur servira bien de cadre légal pour les élections régionales du 6 décembre prochain. Une fois de plus, une fois encore, une initiative du MRC fait pschitt! Flop sur toute la ligne. Et on est tenté de s’exclamer: tout ça pour ça? Tout ce bruit, ce vacarme, ce brouhaha, ce tintamarre, ce tohu-bohu, ce buzz dans les réseaux sociaux pour…rien? Tout ça pour un résultat aussi minable? Voilà où mènent les fanfaronnades et les rodomontades sur les réseaux sociaux. La réalité du terrain est toute autre.
Pendant que la marche et les marcheurs essuyaient cet échec cuisant dans les rues, y compris dans les marchés où les organisateurs croyaient recruter le plus gros de leurs troupes, le RDPC et les partis en lice pour les élections régionales déposaient les dossiers de leurs candidats auprès des antennes départementales de ELECAM. Et le moins que l’on puisse dire est que l’engouement des militants en particulier et des sympathisants en général à porter et à défendre les couleurs du RDPC pour cette échéance électorale offre un contraste saisissant avec la timidité et la faible mobilisation constatées dans les rues malgré les appels du MRC et de son leader. Pour ne parler que des 700 sièges à pourvoir au titre des délégués des départements, le RDPC a reçu plus de cinq mille dossiers de candidatures; soit plus de cinq dossiers pour un siège. Il n’y a pas meilleur indicateur et argument plus éloquent que celui-là. À titre d’illustration, le seul département du Wouri a enregistré 182 dossiers pour 30 sièges; soit un ratio de six dossiers pour un siège. Une fois de plus la compétition et la démocratie interne sont des réalités au sein du RDPC. Chaque fois que besoin sera, on opposera toujours aux rêveurs et aux illuminés des réseaux sociaux cette implacable réalité, synonyme de réalisme et de pragmatisme politique.
Maintenant que la marche n’a pas marché et que l’on peut rire à gorge déployée de cet énième fiasco du MRC sur le terrain, il y a tout de même lieu de s’interroger sur le choix de cette date dans le calendrier. Les férus d’astrologie vous diront que, dans le zodiaque, le signe « vierge » va du 23 août au 22 septembre. Le 22 a-t-il été choisi pour montrer de manière subliminale que le tableau de chasse du MRC est encore vierge en matière de performances populaires et de résultats électoraux? Peut-être. Les amateurs d’histoire(s) vous rappelleront que le 22 septembre 1862 Abraham LINCOLN, alors Président des États-Unis, avait aboli en partie l’esclavage dans son pays. Mais il n’est pas certain que le MRC, ses dirigeants et leurs adeptes soient particulièrement attentifs aux leçons de l’histoire sinon il y a longtemps qu’ils cesseraient de jouer avec le destin du Cameroun.
Après avoir éliminé l’astrologie et l’histoire, il ne reste plus que…l’argot pour expliquer le choix de la date du 22 septembre. En effet, dans le lexique des petits voyous français, l’expression « 22, voilà les flics! » est très répandue et sert à avertir les malfrats de l’arrivée de la police lorsque les événements tournent mal. Il s’en suit généralement un sauve-qui-peut! Plus grave, toujours dans l’argot français, 22 signifie… « tous à vos armes » ou encore couteau. L’arme favorite des voyous à une certaine époque était effectivement le couteau d’arsouille avec sa lame de…22 centimètres. Étrange non? Et pourtant on voulait nous faire croire que les manifestations du 22 septembre étaient pacifiques! Grâce au professionnalisme et à la vigilance des forces de l’ordre, les couteaux des militants du MRC ne sont pas sortis de leurs fourreaux. La paix et le calme règnent dans les rues des villes camerounaises. En attendant la prochaine lubie du MRC qui s’achèvera une fois de plus comme un mirage. Il n’y a pas pire sourd que celui qui refuse d’entendre.