C’est à la faveur de la visite de travail et d’amitié qu’effectue François Hollande vendredi prochain à Yaoundé.
Selon le programme hebdomadaire du président français rendu public lundi matin par le site web de l’Elysée, c’est en principe le 03 juillet, en fin d’après-midi que François Hollande arrive à Yaoundé. Il viendra de Luanda, la capitale angolaise où il sera arrivé dans la matinée, de Paris. Ce sera la première visite d’un chef d’Etat français au Cameroun depuis celle de Jacques Chirac en janvier 2001, à l’occasion du sommet France-Afrique qu’accueillait alors Paul Biya. Une occasion de resserrer des liens centenaires, souvent faits de hauts et de bas, comme dans toute relation amicale.
En effet, cette visite de François Hollande au Cameroun est placée sous le double signe du travail et de l’amitié. Ce qui signifie qu’à l’occasion, les deux présidents examineront d’abord des dossiers d’intérêt commun, avant de raffermir une amitié qui, bien que restée solide dans l’ensemble, se sera tout de même, et quoi qu’on dise, un peu distendue entre 2007 et 2012.
Et même si rien n’a encore filtré du programme officiel de la rencontre au sommet qui est prévue entre Paul Biya et son précieux invité, l’on imagine bien que ce ne sont pas les sujet d’intérêt commun au Cameroun et à la France qui manquent, au double plan bilatéral et multilatéral. Dans le cadre de la relation bilatérale, les deux chefs d’Etat devraient reparcourir la coopération économique et commerciale entre leurs pays. Il s’agira donc d’intensifier cette coopération, dans un contexte marqué par une plus grande ouverture commerciale du Cameroun vers d’autres marchés, notamment les pays d’Asie du Sud-Est, et qui induit donc forcément un recul des partenaires traditionnels, du fait de la perte de leur monopole. On pourrait donc logiquement s’attendre à voir les investissements français qui se sont améliorés au cours des deux dernières années dans les secteurs de l’agriculture, le développement rural, la santé et la formation professionnelle à travers le C2D, se renforcer. Ainsi par exemple, la France qui commence à renouer avec la croissance, est intéressée par de nombreux projets du plan national d’urgence.
Sur les plans purement politique et diplomatique, ce sera l’occasion pour les deux chefs d’Etat et les deux pays de montrer qu’il n’y a pas de nuage dans le ciel entre Yaoundé et Paris. On devrait d’ailleurs s’attendre à ce que la France offre son assistance, comme elle l’a régulièrement fait, pour aider la Cameroun à avancer en matière de démocratie et de gouvernance. Il n’est pas non plus exclu qu’à l’occasion, François Hollande qui subit actuellement la pression de certains lobbies, fasse connaître « l’inquiétude» de son pays au sujet de ses compatriotes qui se trouvent sous le coup de condamnation pénale au Cameroun. Une attitude normale et compréhensible, tout comme devrait l’être la réponse des autorités camerounaises si une telle préoccupation était effectivement exprimée : à Yaoundé comme à Paris, la justice est libre et indépendante. Aucune autorité ne saurait la contrarier.Enfin, s’agissant du cadre multilatéral, il sera surtout question de sécurité et de lutte contre le terrorisme. De nouvelles pistes de coopération et d’assistance de la France aux efforts du Cameroun, du Tchad, du Niger et du Nigéria pourront ainsi être envisagés, à la veille du déploiement des premières troupes de la force mixte multilatérale chargée d’éradiquer Boko Haram. C’est d’autant que la secte qui perd progressivement du terrain, est entrée dans la phase la plus pernicieuse de son activité terroriste hors des frontières nigérianes : les attentats suicides. L’expertise et l’expérience françaises en la matière s’avèreront donc opportunes.
Longin Cyrille Avomo