Fourberie, absurdité et indécence.
Tels sont les sentiments qui animent les sentiments de la majorité des Camerounais devant la forfaiture et l’ignominie qui caractérisent les déclarations du candidat autoproclamé à l’élection présidentielle du 07 octobre dernier. A près un scrutin historique, salué par tous les observateurs comme une exceptionnelle avancée de la démocratie au Cameroun, on se surprend, comme dans un mauvais rêve, devant l’inattendu, une incongruité et à l’ubuesque : un candidat se déclarant vainqueur, sans chiffres, sans preuves, loin des mécanismes institutionnelles connus et acceptés de tous les acteurs. Au grand mépris du peuple souverain à qui l’on vient de demander des faveurs. Au mépris même de la communauté des observateurs internationaux, parmi lesquels les Observateurs de l’Union africaine dont on ne peut soupçonner de connivence avec le régime, qui n’a pas hésité à qualifier de libre, transparente et démocratique une consultation qui a prouvé la maturité et la maitrise des acteurs politiques. A l’intérieur du pays, la réserve républicaine observée par les adversaires traditionnels du RDPC traduit, elle aussi, la sérénité avec laquelle ce scrutin a été organisé.
Mais cela étonne-t-il de Maurice Kamto qui, depuis au moins un an, se dit convaincu d’un destin messianique pour le Cameroun, alors que tout, ou presque donne de lui l’image d’un fasciste, grotesque et fantasque ? Devrait-on s’illusionner sur les intentions d’un homme dont le repère ethnofasciste a toujours constitué une ligne permanente de défense des intérêts égoïstes ? Ceux qui découvrent Kamto aujourd’hui ont certainement oublié sa trajectoire faite de tribalisme, de brutalité langagière et d’incohérence idéologique. Déjà à la fin des années 80, ne fut-il pas le porte-parole zélé de l’idéologie de la ″tribu du ventre″ insidieusement distillée par Jean-François Médard et quelques compères qui ont semé le germe du tribalisme au Cameroun ? A-t-on oublié son soutien tribal et intéressé à l’opposition en 1992 ? Oublie-t-on tous ces faits dits verts qui ont émaillé les débats dans les médias ces dernières années ? On le connaissait brute, on le découvre aussi fourbe ; on l’imaginait déjà ant-démocrate, le voici séditieux et démagogue ; on le savait viscéralement tribaliste, le revoici revêtu du hideux manteau de la haine, avançant à découvert, avec un tranchant dangereusement serré entre les dents !
A l’évidence, l’autoproclamation de cet homme visiblement manipulé, imbu de sa personne et sarcastique à souhait, ne semble être que la suite logique d’une vaste conspiration visant la déstabilisation du pays. Il y a simplement lieu de s’interroger sur les ressorts, les soutiens, les complices, les collisions et collisions de cette prise de position incongrue, indigne et pitoyable.L’unanime condamnation de la classe politique nationale et de tous les acteurs de la société civile de ses déclarations résulte de ce que, jusqu’ici, le processus électoral a été conduit dans les règles de l’art, juridiquement encadré par des lois et textes règlementaires crédibles, matériellement organisé par une structure qui maîtrise le sujet. D’où l’incompréhension et l’indignation devant cette posture de gangstérisme et d’irresponsabilité d’un homme qui dit avoir établi sa réputation sur les principes de droit dont il est en plus professeur. Inconsistant, immature et méprisant la démocratie et la Constitution, Kamto vient d’éclabousser sa veste de grandeur dont il s’est purée, la trainant dans la fange des ambitions démesurées.Mais l’histoire est parfois impitoyable face à ceux qui, bien qu’ayant contribué à la façonner, s’ingénient à la détruire. Dans une République qui a ses règles et ses principes, avec des institutions établies et crédibles, il est hasardeux de se mettre en marge des normes communes, acceptées par tous, pour le bien de tous. Celui qui choisit de se mettre délibérément en marge de ces principes s’expose lui-même aux sanctions qui s’imposent. Car personne ne le laissera dilapider ces précieux acquis si patiemment accumulés.
Benjamin LIPAWING