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L'Editorial

Il est urgent d’attendre ! :

Les Camerounais ont donc voté dimanche dernier dans le calme, la tranquillité et la sérénité pour élire le président de la République pour les sept prochaines années.

Malgré la situation qui prévaut dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, les électeurs ont bravé les menaces et les intimidations pour accomplir leur devoir civique. Dans les huit autres régions, l’engouement et la mobilisation étaient perceptibles au point d’envisager un taux de participation plus qu’honorable.
 
Depuis lundi, les Camerounais vaquent désormais à leurs occupations quotidiennes même si la campagne électorale et le déroulement du scrutin continuent d’alimenter les conversations. Les enseignants et les élèves sont dans les salles de classe, les marchés sont ouverts, les affaires tournent pour les  commerçants des quincailleries, des boutiques, des échoppes et des épiceries. Les hôpitaux et les administrations fonctionnent. Les usines et les entreprises privées poursuivent leurs activités normalement. Bref, après la grande parenthèse des élections, la vie a repris son cours normal. Comme quoi il peut y avoir une autre vie après les élections. 
 
Pour la plupart des acteurs du processus électoral, la séquence post-scrutin pouvait donc s’ouvrir avec un transfert de l’attention du public et des responsabilités de ELECAM vers le Conseil constitutionnel en commençant par le contentieux électoral, le recensement général des votes et la proclamation des résultats. Puis viendra la séquence de la prestation de serment sous la conduite des institutions compétentes. Les autres acteurs, ayant désormais le beau rôle, pouvaient donc se mettre en mode attente. En effet, il est plus que jamais urgent d’attendre en toute sérénité la suite du processus. Las! Un candidat, qui a pourtant eu besoin de la même Loi pour être en lice dans la compétition, piaffe tellement d’impatience au point de s’autoproclamer vainqueur moins de 24 heures après la fin du scrutin. Or la centralisation et la consolidation des résultats se poursuivent encore sur le terrain. 
 
Maurice KAMTO, puisqu’il s’agit de lui, déclare qu’il a reçu un « mandat clair » du peuple et demande par conséquent au Président sortant de préparer les conditions d’une passation sereine du pouvoir. Problème: il n’est pas seul à revendiquer la victoire puisque de son côté Cabral LIBIH insinue également  qu’il est le vainqueur du scrutin de dimanche dernier. Qui croire finalement? Y aura-t-il deux présidents « élus » pour un seul fauteuil? Voilà le résultat lorsque des joueurs veulent prendre la place des arbitres avant même la fin du match. La situation pourrait prêter à sourire s’il ne s’agissait pas d’une affaire assez sérieuse.
 
Hélas, l’élection présidentielle est loin d’être un jeu! Conscients du danger que représentent ces comportements et ce manque de fair-play, les autres candidats, les pouvoirs publics, les observateurs ainsi que les chancelleries dénoncent à l’unanimité ces actes contraires à l’éthique républicaine et démocratique et demandent à leurs auteurs de respecter la Loi. Les Camerounais, dans leur immense majorité, se désolidarisent et condamnent avec la dernière énergie ces dérives. Au nom du RDPC et des partis alliés, le Secrétaire Général du Comité central a exprimé son « étonnement, son indignation et sa préoccupation face à ces déclarations irresponsables, séditieuses et sans fondement ». En d’autres termes, tous les acteurs doivent prendre leur mal en patience. Et…souffrir d’attendre que le processus aille jusqu’à son terme. Et que l’arbitre siffle la fin de la partie. Il est pourtant plus simple d’attendre que de tirer un penalty. 

Christophe MIEN ZOK

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