Les premières élections régionales de l’histoire politique du Cameroun sont désormais dans le rétroviseur. Un peu partout dans les dix Régions, elles se sont déroulées dans le calme, la sérénité et la tranquillité. Les Commissions de supervision des élections ont commencé à proclamer les résultats du scrutin ce mardi. Le prochain rendez-vous est fixé au mardi 22 décembre, date de la session de plein droit au cours de laquelle les bureaux des exécutifs régionaux seront mis en place. Les potentiels candidats sont d’ores et déjà en campagne pour décrocher un strapontin dans le « gouvernement local ». En attendant, l’heure est à l’analyse des résultats d’un scrutin à la fois historique, facétieux et plein de surprises.
Si le résultat final ne faisait l’ombre d’aucun doute en raison de la nette domination du RDPC au sein des conseils municipaux dans les dix Régions, les électeurs, les états-majors et les observateurs ont eu droit à quelques belles surprises, preuve s’il en est qu’une élection n’est jamais gagnée à l’avance. Le PCRN de Cabral LIBII l’a appris à ses dépens en perdant le Nyong et Kelle malgré une avance non négligeable en termes de nombre de grands électeurs qui lui assuraient la majorité absolue. Le SDF aussi a dû tomber de haut en apprenant que certains de ses conseillers municipaux dans le Nord-ouest ont bravé le mot d’ordre de boycott et sont allés voter.
Malgré sa large victoire qui a tout l’air d’une razzia, le RDPC ne réalise pas cependant le grand chelem. On savait déjà que la bataille serait épique avec l’UNDP dans l’Adamaoua. Non seulement la défaite se confirme mais le RDPC perd également dans le Mayo-Banyo où il disposait d’une avance. Il est maintenant acquis que des conseillers municipaux du RDPC ont voté pour l’UNDP! Conséquence de ces petits règlements de comptes entre alliés sur le plan local: la présidence de la Région de l’Adamaoua échappera certainement au RDPC. Une seule Région vous manque et tout paraît dépeuplé! On n’ose pas évoquer le cas du Noun où les carottes étaient d’ailleurs cuites d’avance. Dans ce département comme dans la Région de l’Adamaoua, le RDPC va devoir se contenter de jouer un rôle inédit: être opposant. Ce statut n’est pas aussi nouveau que ça. Comment les responsables locaux vont-ils gérer cette « cure d’opposition » forcée? Les uns évoqueront la nécessité du partage du pouvoir. Les autres estimeront que le pouvoir s’arrache. Quoiqu’il en soit, le RDPC fait contre mauvaise fortune bon cœur. Avec fair-play, humilité et pugnacité, il s’inscrira dans une opposition constructive et non dans l’obstruction systématique. Cinq ans sont vite passés. La reconquête, c’est maintenant!