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La Société

Marché Mokolo : Nouveau départ

Le mardi 26 juin 2012, à deux jours de l’ouverture de la plate-forme commerciale de Mokolo, l’ambiance est peu ordinaire : boutiques fermées,  exceptés quelques kiosques du Pmuc, circulation fluide depuis le lieu dit sapeur Mokolo, jusqu’à la lisière avec le quartier Madagascar ainsi que sur d’autres routes qui ceinturent ce marché.

Çà et là, des regroupements de sauveteurs  impatients et désemparés, « Nous venons ici chaque matin attendre l’ouverture », confie un jeune commerçant. Seule curiosité, des affiches de campagne pour les candidats aux (07) sept postes de chefs secteurs enveloppent les poteaux et occupent les murs des bâtiments du marché. Au carrefour dit «marché des rideaux», des ouvriers sont à pied d’œuvre dans le cadre des travaux d’extension dudit marché.  Visiblement, l’on sort progressivement de l’ombre des émeutes du samedi 16 juin 2012 qui ont littéralement paralysé ce marché et causé quelques dégâts dont de nombreux blessés et une perte en vie humaine notamment la nommée Mme Viviane Yakam Gatcha, gérante d’un kiosque de Pmuc.  En effet, une opération des éléments de la communauté urbaine de Yaoundé soutenue par les forces de l’ordre  en vue de déguerpir des commerçants occupant  illégalement la voie publique au marché Mokolo, a viré à l’affrontement. C’est dans l’optique de trouver une issue à ce problème qu’il faut comprendre la décision prise le lundi, 18 juin 2012 par le préfet du département du Mfoundi,  Jean Claude Tsila, portant fermeture provisoire du marché Mokolo du 20 au 27 juin 2012. Objectif : conduire durant cette période, une concertation sereine avec tous les exploitants du marché Mokolo dans le but de déboucher sur une plate-forme de collaboration permettant de concilier l’exercice de la liberté de commerce dans le bon ordre et les exigences de maintien de l’ordre public .  Sortie de criseUne semaine après des concertations à fleurets mouchetés, l’on note déjà quelques avancées sur le plan infrastructurel. Les travaux de réaménagement du marché Mokolo ont été lancés avec notamment le toilettage des rues qui serpentent le marché, l’aménagement des voies d’accès, la construction de nouvelles boutiques au carrefour dit marché des rideaux.  Côté organisation interne, la reprogrammation du marché par secteurs, est la réponse des pouvoirs publics à l’imbroglio d’antan. « Nous avons opté pour la division du marché en secteurs. Chaque secteur aura un représentant et c’est l’ensemble des représentants qui constituera l’interface entre les commerçants et les pouvoirs publics », rassure le délégué du Gouvernement auprès de la communauté urbaine de Yaoundé Gilbert Tsimi Evouna qui relève d’un ton ferme : « Quand il y a désordre, de nombreuses personnes trouvent leur compte. Or, rien de sérieux ne peut se faire dans le désordre(…) L’opération d’assainissement va se poursuivre jusqu’à ce que force revienne à la loi ».  « Dura lex, sed lex », la loi est dure, mais c’est la loi. Le désordre ne doit pas être la règle et la loi, l’exception. Les commerçants du marché Mokolo rencontrés au cours de ce reportage, entendent bien se ranger du côté de la loi. André Kamdoum, 46 ans, témoigne : « j’ai grandi dans la vente à la sauvette et nous souhaitons qu’il y ait un site pour les sauveteurs ».  C’est la raison pour laquelle près de 1000 commerçants ont été enregistrés depuis le lundi 25 juin 2012 à la communauté urbaine de Yaoundé pour procéder à l’élection de leurs représentants en vue de gérer ce marché dans la paix, la transparence, la dignité.  Seulement, l’Association nationale des opérateurs du secteur informel pour la lutte contre la pauvreté au Cameroun (Anosilp), va bien au-delà de ce plaidoyer  avec une pléthore de revendications à savoir : l’aménagement d’espaces pour le recasement des sauveteurs, l’octroi des financements publics aux opérateurs du secteur informel, l’encadrement effectif des opérateurs de ce secteur pour leur migration vers le secteur formel, indique le porte-parole des sauveteurs, Jean Flobert Pangou.  Des préoccupations qui sont prises en compte par les pouvoirs publics et dont les solutions se conjuguent avec une nouvelle mentalité de développement, le civisme et la discipline de tous les Camerounais. Rappelons que c’est sur hautes instructions du premier ministre, qu’un comité départemental de lutte contre le désordre urbain a été mis sur pied depuis le 25 mai 2012 pour résoudre le phénomène d’occupation anarchique du domaine public. Et de bonne source, l’arrondissement de Yaoundé 2 se présente ainsi comme l’une des étapes d’une opération citoyenne qui va s’étendre à toute la capitale.
Joseph Wylphrid Mikoas

St. Joseph Menyene

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