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La Politique

Etats-majors : Où est passée l’opposition ?

Depuis la dernière élection présidentielle du 9 octobre 2011, l’opposition camerounaise est absente du terrain politique. Le Rdpc lui, lentement et surement, prépare les prochaines échéances électorales.

Il ne se passe pas de semaine sans que les médias annoncent ou rendent compte des activités du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) qui se sont déroulées ou en voie de l’être dans un coin quelconque du triangle national. Actuellement, le parti de Paul Biya est en train de clôturer ses séminaires d’information et de sensibilisation, suite au denier congrès ordinaire (le 3ème) tenu les 15 et 16 septembre 2011 à Yaoundé. Certains organes de base en sont même déjà aux campagnes d’inscription sur les listes électorales, en vue des municipales et des législatives à venir. Et pendant ce temps que fait l’opposition ou du moins ce qui en tient lieu ? Rien du tout, si ce n’est organiser des machinations pour tenter de manipuler l’opinion nationale et internationale. Le Sdf et les autres pantins de son acabit se tournent les pouces, en attendant le jour J pour crier au hold-up électoral.A chaque élection, c’est la même ritournelle. Cette inactivité trouve son justificatif dans l’inaptitude de cette classe d’hommes politiques, qui réduisent le rôle de l’homme politique à celui de candidat aux élections.Que ce soit au sein de l’Upc, le Sdf, l’Undp, l’Udc, Mp ou de l’Afp, etc., l’heure est au repos, au sommeil profond. Une léthargie qui ignore totalement la maxime selon laquelle un parti politique c’est d’abord une pensée politique. Chose qui manque le plus à toutes ces formations politiques ( ?). Parce qu’enfermée dans des gangues, paradigmes et autres idées préconçues, l’opposition camerounaise est en panne, en hibernation. Les partis politiques se contentent, à longueur de journées et de consultations, de dérouler un registre de récriminations connues, à tempêter et à rouspéter sur Elecam, à tracer des plans pour consumer le Cameroun, et pour déverser des émeutiers dans les rues… Comment pourrait-il d’ailleurs en être autrement pour des partis politiques dont la faible couverture géographique est légendaire ? Leur faible implantation les empêche d’être sur tous les terrains. De nombreuses formations n’ont même pas de représentativité, leur visibilité étant davantage médiatique.Just for funLes derniers à venir se pavaner sur la scène médiatique sont le Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie, (Manidem), l’Union des populations africaines (Upa) et le Mouvement citoyen (Moci) qui ont organisé une conférence de presse mercredi 8 août 2012 pour annoncer leur désir de se mettre ensemble. Ce qui est du reste légitime. Mais là où le bât a souvent blessé et ne constituera certainement pas une exception cette fois-ci, c’est que les leaders de ces formations vont, c’est inéluctable, se tromper de combat. Au moment où le redressement de l’économie camerounaise devient plus qu’une réalité et que les pouvoirs publics comptent plus que jamais sur l’apport de tous les camerounais pour consolider cette embellie, on peut pourtant aisément parier que le principal objectif de Théophile Yimgaing Moyo du Moci, Abanda Kpama du Manidem et Hubert Kamgang, leader de l’Upa, ne va du tout pas dans ce sens, préoccupés comme ils sont (sans doute) par la question de savoir qui dirigera le parti politique issu de cette union, le Front populaire pour la révolution panafricaniste. Ce d’autant que des initiatives semblables ont vu le jour et à chaque fois, ont fait long feu, à cause des égoïsmes, et par manque véritable de programme politique. Autrement dit, au lieu de séduire et d’appâter la sympathie des électeurs par des idées nouvelles, opportunes et réalistes, les thuriféraires de la solution facile choisissent toujours de bâtir leur argumentaire autour de la critique juvénile et stérile. Que proposeront Hubert Kambang et les autres ? Rien. Comme hier Fru Ndi, Ndam Njoya, Anicet Ekanè et plus récemment Kah Walla, la nouvelle pseudo alliance ou union -c’est selon-, ne produira jamais rien de concret. C’est juste pour rire. Pendant ce temps, et à leurs dépends, le Rdpc, tel la fourmi de Lafontaine, prépare les temps difficiles, gagne du terrain. De jour comme de nuit, le Rdpc ratisse, anime le gotha politico- social par des meetings qui ont pour but, en plus de conquérir de nouvelles aires d’affidés, de constituer des bastions imprenables. Le jour des résultats…Plus grave, les partis politiques n’ont toujours pas fait leur mue et ne se sont pas débarrassés de la culture d’intolérance, de l’exclusion et de la suspicion. Ils n’ont pas pris la mesure du coût de la formation civique des citoyens malgré les efforts inlassables du président Paul Biya pour offrir à ses compatriotes le bien le plus précieux pour un peuple ; la démocratie. « Changez de discours et de méthodes d’approche. C’est le reproche qu’on vous fait, mesdames et messieurs de l’opposition ! Changez d’abord vous-mêmes avant d’exiger le changement. Proposez des recettes plus actuelles, épousant les attentes des Camerounais, et plus efficaces aux électeurs (…) Réfléchissez ! C’est votre rôle. Soyez plus inventifs ! C’est votre job. Mais, proposez mieux aux Camerounais, en lieu et place des jérémiades que vous expectorez à longueur de journée par de vénaux appels au secours que vous lancez désespérément vers la communauté internationale », rouspétait déjà Justine Clarisse Mandeng, membre de la société civile, après le constat de l’échec cinglant de l’opposition camerounaise.Tout porte à croire que sur les centaines de partis politiques que compte le Cameroun, seul le Rdpc a compris qu’une politique qui ne met pas le peuple au centre de ses priorités n’a rien compris à la politique, car c’est le peuple camerounais qui vote. C’est ce peuple qu’il faut séduire sans le suborner. C’est lui qu’il faut conquérir avec des références et non par la délation. Par la force des arguments, et non l’argument de la force. Comme le parti de Paul Biya, bâtissez des programmes, proposez mieux que vos ergotages puérils et périmés au peuple, afin d’éviter, demain, d’être surpris.

Serge Williams Fotso

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