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Santé : l’état du sida au cameroun : Un jour avec les malades

L’hôpital de jour qui s’occupe du suivi et de la prise en charge des personnes vivant avec le Vih/Sida, à l’hôpital central de Yaoundé, assoit progressivement sa notoriété.

Lundi, 26 novembre 2012. Il est à peu près 13h30mn, dans la salle d’attente de l’hôpital de jour, logé à l’hôpital central de Yaoundé, Mme Berthe Kwedi n’arrête pas de réprimander Yves Betomba, son neveu de 28 ans qui vit avec le Vih/Sida depuis trois ans pour son comportement jugé « irresponsable ». Arrivés à l’hôpital aux premières heures de la matinée, ils n’avaient pas été reçus jusqu’à la mi journée. Motif : Yves Betomba a oublié son carnet de consultation au village, situé non loin de Kribi. « C’est pour de telles raisons que tes frères et sœurs ont décidé de ne plus s’occuper de toi. Au fur et à mesure que les jours passent, tu montres que tu n’aimes pas ton corps. Tu refuses de prendre les médicaments et maintenant c’est le dossier médical que tu as oublié au village alors que tu as rendez-vous avec le docteur», ne cessait-elle de répéter en le blâmant.  A contrario, les autres patients étaient reçus sans difficulté par le personnel médical. Cas de Pierre Bahonlong, patient infecté, qui avait rendez-vous avec son docteur et qui l’a rencontré au bout d’une cinquantaine de minutes. « Il m’a demandé de continuer à suivre rigoureusement mon traitement entamé depuis un an et demi», a confié le jeune homme. Pierre Bahonlong, dont l’embonpoint ferait pâlir de jalousie de nombreuses personnes non infectées, fait partie des 7500 actuellement sous traitement antirétroviral à l’hôpital de jour. A côté de ces deux cas liés à l’infection Vih/Sida, la structure médicale accueille au quotidien d’autres patients pour des consultations de dermatologie. D’après le Dr. Charles Kouanfack, chef de service de l’hôpital de jour, ces dernières représentent 20% des consultations journalières.Ici le personnel médical ne se tourne pas les pouces car il faut donner satisfaction aux patients avant la fin de la journée de travail. Toute chose qui fait dire au Dr. Charles Kouanfack que l’hôpital de jour est « victime de son succès ». S’agissant notamment de l’infection à Vih/Sida, il relève qu’à Yaoundé, il y a huit centres de traitement agrées et des unités de prise en charge mais  souligne-t-il dans la tête des Yaoundéens, « séropositif veut dire hôpital de jour ». Pierre Bahonlong affirme avoir choisi de se faire suivre à l’hôpital de jour d’un côté parce que le personnel est disponible  et dévoué et de l’autre en raison  de la disponibilité constante des antirétroviraux (Arv), c’est-à-dire les protocoles de première ligne et même ceux de deuxième ligne qui ne sont pas toujours à la portée des patients.A propos des Arv, le chef de service de l’hôpital de jour indique que c’est l’unique option pour les personnes infectées de continuer à mener une vie « normale ». Le Dr. Charles Kouanfack est formel : « Les antirétroviraux sont efficaces à 100% quand ils sont bien prescrits et bien pris. Pour preuve, il y a des patients qui les prennent depuis 1997 qui sont toujours vivants, qui mènent leur vie normalement. C’est pour cela que nous disons aux patients que tout dépend d’eux. C’est un traitement compliqué car il se prend tous les jours. Pour le moment, quand on le commence, c’est à vie. La personne qui s’y met et qui prend régulièrement son traitement, sans sauter de prise mène sa vie comme s’il n’avait jamais rencontré le Vih ». Et d’ajouter : « Les données actuelles montrent que cette personne ne transmet pas le Vih. Quand les patients éprouvent des difficultés, ils doivent venir nous voir parce que l’efficacité d’un traitement est bien pour eux et aussi pour leur entourage ». Ceux qui ont recours aux tradi-praticiens ou qui croient guérir par la prière n’ont donc qu’à se raviser.  Selon le corps médical, ces derniers traitent les infections opportunistes mais non l’infection à Vih/Sida. Dans tous les cas « quand on est tenté de prendre autre chose, il faut toujours demander l’avis de son médecin », conseille le Dr. Charles Kouanfack.

St. Joseph Menyene

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