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L'Editorial

Têtes et terres brûlées :

Et voilà où mènent le fanatisme, le messianisme, le populisme et l’obscurantisme politiques lorsqu’on les confond avec le charisme ou le leadership.

Le Cameroun a vécu samedi dernier 26 janvier 2019 des événements très graves causés par l’aveuglement et l’entêtement des responsables et des militants du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun(MRC). À Douala, Yaoundé ou Mbouda, des manifestants ont voulu braver l’interdiction des autorités pour descendre dans la rue. 
À Paris, Berlin ou Berne des hordes d’insurgés se réclamant du MRC ont saccagé les locaux des ambassades du Cameroun. Leurs principales revendications: dire non au hold-up électoral, à la guerre dans les Régions du Nord-ouest et du Sud-ouest et aux « détournements de fonds » ayant conduit au retrait de la CAN 2019. Si la Constitution camerounaise reconnaît aux citoyens le droit de manifester, elle précise également que ce droit est encadré par la loi. En vertu de ces dispositions légales, les autorités ont interdit les manifestations projetées. 
 
En refusant de se soumettre à la loi les organisateurs de ces marches ont franchi la ligne rouge et s’exposent aux sanctions prévues à cet effet. On peut disserter et épiloguer autant que l’on veut sur les causes ou les conséquences des événements, les faits restent constants: la loi est dure mais c’est la loi. En démocratie, l’interdiction doit être l’exception et non la règle. De même aucun démocrate digne de ce nom ne peut souhaiter l’interdiction d’un parti ou l’arrestation d’un leader politique. 
 
Mais que faire lorsque la provocation et la violation des lois deviennent récurrentes et dépassent les bornes? Le 8 octobre 2018, quelques heures seulement après la clôture du scrutin du 7 octobre le candidat du MRC s’auto- proclamait vainqueur. Le jour de la prestation de serment du candidat PAUL BIYA proclamé élu conformément aux lois de la République, il défiait les forces de l’ordre en se donnant en spectacle dans les rues de Yaoundé. Le MRC et ses responsables, « têtes brûlées » gavées de populisme et adeptes du nihilisme étatique tant qu’ils ne sont pas au pouvoir, ont manifestement choisi de faire la politique de la terre brûlée. Qu’ils assument leurs actes. 
 
Seuls les naïfs peuvent donc s’étonner que l’Etat ait décidé d’interpeller son président ainsi que certains de ses acolytes considérés comme les auteurs ou les commanditaires de ces actes graves. À Douala comme à Paris, les sanctions doivent être proportionnelles à la gravité des faits commis et des forfaits perpétrés. En prenant soin d’éviter que le remède soit pire que le mal. 
 
Quoiqu’il en soit,  la République a beaucoup à perdre dans ce genre d’événements. Pour la préserver de toutes ces dérives, il est plus que jamais question de laisser les institutions républicaines fonctionner: aux forces de maintien de l’ordre de maintenir l’ordre; aux partis politiques de concourir à l’expression des suffrages des citoyens à travers des actions de mobilisation des populations. Si KAMTO était un vrai républicain il préparerait les prochaines échéances électorales au lieu de défier l’autorité de l’Etat en courant après une victoire chimérique et utopique. Si le MRC était un parti patriotique, il ne cautionnerait pas le vandalisme et le pillage en bandes organisées dans nos représentations diplomatiques avec au passage la profanation des symboles de l’Etat. En tout cas il n’y a pas pire sourd ni pire aveugle que celui qui refuse d’entendre ou de voir. 
 
Lorsque le MRC décidera d’ouvrir les yeux et de faire de la politique, il trouvera le RDPC sur le seul  chemin que les partis politiques ne doivent jamais quitter: celui qui mène vers les urnes. Hélas le MRC semble avoir choisi une autre voie: uriner dans les urnes en souillant le patrimoine et les symboles de l’Etat.

Christophe MIEN ZOK

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