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L'Editorial

Sacrilège ! :

Au moment d’écrire ces lignes, les doigts hésitent sur le clavier à la recherche à la fois de l’idée générale de ce texte et des mots justes pour l’exprimer.

Au lendemain de la célébration de la 53ème édition de la fête de la jeunesse marquée par le traditionnel message du Chef de l’Etat aux jeunes, le choix éditorial était tout trouvé. Ce choix s’imposait d’autant plus qu’en cette année électorale le Président de la République a exhorté ses « chers jeunes compatriotes » à s’engager davantage en politique. Après avoir dénoncé les pratiques outrageantes voire illégales devenues courantes à travers les réseaux sociaux et qui « donnent lieu à des dérives préoccupantes », Paul BIYA, fort de son expérience, montre la bonne voie aux jeunes. « Il existe une autre façon, dit-il, plus responsable et plus recommandable, de faire de la politique. Par définition, celle-ci se rapporte à la gestion de la société. En votant, en se présentant à une élection, en étant élu conseiller municipal ou régional, député ou sénateur, on fait de la politique au sens noble du terme. Si vous en avez l’ambition, n’hésitez pas à vous engager dans cette voie pour le bien de votre pays ». 
 
Le Président prêche-t-il dans le désert? Au regard des événements qui marquent le début de cette année sur le plan socio-politique, difficile d’être optimiste. Entre d’une part  les jeunes qui semblent avoir opté pour les manifestations de rues et les revendications bruyantes et violentes pour se faire entendre et d’autre part ceux qui préfèrent se joindre aux bandes armées et autres coupeurs de routes, on finit par se perdre. Et le doute s’insinue, se diffuse et s’installe sur la capacité de la jeunesse à prendre son destin entre ses mains. Et pourtant, la voie royale était toute tracée: inscription massive sur les listes électorales, plaidoyer inlassable et lobbying intense pour obtenir des places éligibles. Quel est le parti politique qui peut résister à une telle démonstration de force de la part des jeunes? Pourquoi les jeunes ne s’inspirent-ils pas de la stratégie gagnante des femmes qui,  scrutin après scrutin, grignotent du terrain et voient leur nombre augmenter au sein des instances représentatives? 
 
On pourrait longuement disserter sur cette question mais le cœur n’y est pas après l’incendie criminel qui a ravagé une bonne partie des infrastructures de l’hôpital de district de KUMBA dans la nuit du 10 au 11 février, quelques heures seulement à peine après le discours du Chef de l’Etat à la jeunesse. Cet acte ignoble, barbare et inhumain donne une résonance encore plus forte à l’interpellation du Président Paul BIYA aux jeunes. Quelle est en effet  l’idéologie de ceux qui ont  commis pareille atrocité? Quelles valeurs défendent-ils? La nature de leur combat justifie-t-elle de s’attaquer à un hôpital, oasis d’humanisme, de générosité et du don de soi dans un monde en totale perdition? Comment les  défenseurs des droits de l’homme et autres ONG qualifieront-ils ces actes? Crime contre l’humanité? Sacrilège? Les mots semblent faibles. 
 
Quoi qu’il en soit, il n’est pas superflu de rappeler à ceux qui sombrent dans la bestialité et la furie criminelle que la légitimité de leur combat ne saurait justifier cette folie meurtrière et cette lâcheté. Comme aimait à le dire un homme politique camerounais de regrettée mémoire: « la vie est supérieure et antérieure à la politique ». Tout acteur ou entrepreneur politique qui ne comprend pas que la vie est sacrée n’a rien compris; celui qui ne sait pas que la vie est largement au-dessus et passe bien avant la politique se trompe de vocation. Il n’a plus qu’à quitter la scène. Voilà ce que les jeunes camerounais doivent retenir des événements du 10 février à KUMBA et du discours du Président de la République. 

Christophe MIEN ZOK

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