Avec la nomination des 30 sénateurs restants le 08 mai 2013 par le président de la République, la Chambre haute du parlement camerounais entrée en fonction depuis hier, mardi 14 mai 2013, affiche complet. Tous les équilibres sociologiques et sociopolitiques du pays y sont bien respectés.
Le décret du président de la République nommant les 30 sénateurs titulaires et leurs suppléants est venu parachever la mise en place du Sénat commencée le 14 avril 2013, par l’élection au suffrage indirect des 70 premiers membres de la Chambre haute. Ce qui a permis à la session inaugurale du 14 mai 2013 de se tenir, en présence de tous les 100 sénateurs. Par la même occasion, cette deuxième Chambre du parlement camerounais a fini de révéler sa configuration définitive. Elle aura donc deux groupes parlementaires : le Rdpc, majoritaire avec 82 sénateurs et le Sdf, 14 sénateurs. Les quatre autres sénateurs se répartissent entre l’Undp, le Mdr, l’Andp et le Fsnc, tous de la majorité présidentielle. C’est donc un Sénat qui est, du point de vue de la représentation politique, assez complet, puisque six partis politiques y siègent. On y retrouve par ailleurs les principaux grands noms de la scène politique nationale qui jusque-là, n’exerçaient aucun mandat électif ou une fonction ministérielle : Dakolé Daïssala, Ibrahim Mbombo Njoya, Nfon Victor Mukkete, le lamido Aboubakary Abdoulaye, Peter Mafany Musonge, Jean Flabeau Ngayap, etc.Du point de vue sociologique, il est également équilibré. Chaque département du pays a son sénateur, de même qu’aucun des grands groupes ethnico-tribaux n’en est exclu, contrairement à ce qui a parfois été dit, au lendemain de la publication du décret qui complétait la liste des sénateurs. Il est également protecteur du genre, puisqu’il compte 20% de femmes, soit presque le double de l’Assemblée nationale en valeur relative.Le premier Sénat de l’histoire du Cameroun justifie par ailleurs pleinement son rôle de chambre des collectivités territoriales décentralisées, puisqu’en dehors de sa représentation régionale, une vingtaine d’élus locaux y siègent aux côtés d’une vingtaine de chefs traditionnels, symboles de la représentation territoriale : René Ze Nguélé, chef supérieur Omvang (Nguélemendouka) et porte parole des chefs de l’Est, Aboubakary Abdoulaye, lamido de Rey Bouba (Nord), Chief Anja Simon Onjwo, Nfon Victor Mukete, de la Meme (Sud Ouest) le Fon Doh Ganyonga III et le Fon Teche Njei II du Nord Ouest. Sultan Ibrahim Mbombo Njoya, le chef Bandjoun Victor Djomo Kamga représentent la région de l’Ouest, tandis que Moussa Sabo, lamido de Meiganga et le lamido de Banyo Mohaman Gabdo y siègent pour le compte de l’Adamaoua. La région de l ’Extrême Nord est quant à elle présente dans cette catégorie à travers Dakole Daîssala devenu entre-temps chef de premier degré dans le Mayo Danay et Mahamat Bahar Manour est le sultan Kotoko de Logone- Birni. Le chef des Bassa Bakoko du Wouri, Madiba Songue est le seul chef traditionnel du Littoral au Sénat. Le Centre et le Sud ne sont pas en reste : Mama Jean Marie, chef supérieur Eton Ouest (Lekié) et Eloumba Medjo Delphine, chef supérieur d’Avebe (Dja et Lobo) font également partie de la première cuvée des sénateurs. Il est à noter qu’hormis Dakole Daïssala qui est également le président du Mdr, tous ces autres chefs sont des militants du Rdpc.Le parti au pouvoir est particulièrement bien représenté dans la Chambre haute, puis qu’il compte dans son groupe parlementaire, 36 membres titulaires du Comité central dont six siègent également au Bureau politique ( Achidi Achu, Mbombo Njoya, Aboubakary Abdoulaye, Medjo Delphine, Thomas Tobo Eyoum, Généviève Tjoues), deux membres d’honneur du Comité central (Nfon Victor Mukete et Abba Boukar), deux anciens premiers ministres (Simon Achidi Achu et Peter Mafany Musonge)14 anciens ministres et 14 chefs traditionnel. Quoi de plus normal, puisque le souci du parti, lors de l’investiture de ses candidats, était de ne retenir que la fine crème, compte tenu de l’importance du rôle qu’aura à jouer le Sénat, non seulement dans l’exercice de l’autorité de l’Etat à travers une abondante production législative, le contrôle de l’action gouvernementale et sa contribution au bon fonctionnement des institutions, mais aussi dans la recherche permanente de la cohésion politique, aussi bien au sein même de l’institution, que dans ses rapports avec la chambre basse et le gouvernement.
Longin Cyrille Avomo