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6 novembre 1982 : Engagement et fidélité

Le tout premier serment que prête Paul Biya comme deuxième président de la République unie du Cameroun est placé sous le double signe de l’engagement et de la fidélité. Evocation.

Le jeudi, 4 novembre 1982, Ahmadou Ahidjo, le premier président de la République unie du Cameroun démissionne de ses fonctions à la tête de l’Etat, à la surprise générale des Camerounais assommés et abasourdis. Dans son message radiodiffusé, Ahmadou Ahidjo demande aux Camerounais de faire confiance à son « successeur constitutionnel, Paul Biya qui mérite le soutien de tous ».C’est donc par le jeu de ces mécanismes constitutionnels que le premier ministre de l’époque, Paul Biya prête serment le samedi, 6 novembre 1982. La cérémonie est solennelle. Elle se déroule au palais de l’Assemblée nationale à Yaoundé, en présence du chef de l’Etat sortant, du gouvernement au grand complet ainsi que des membres du corps diplomatique accrédité à Yaoundé.
Les élus du peuple sont-là, les membres de la Cour suprême aussi. Le peuple camerounais lui, reste sur le coup de la surprise et cherche encore à comprendre ce qui se passe réellement ainsi que ce qui lui arrive. Sur le perchoir, le président de l’Assemblée nationale, Salomon Tandeng Muna est-là, à la manœuvre. Paul Biya est debout, écoute attentivement le président de l’Assemblée nationale formuler sa question en anglais, l’une des deux langues officielles du pays. Traduction : « Monsieur le président, vous engagez-vous sur l’honneur à remplir loyalement les fonctions que le peuple vous a confiées et jurez-vous solennellement devant Dieu et devant les hommes de consacrer toutes vos forces à conserver, protéger et défendre la Constitution et les lois de la République du Cameroun, à veiller au bien général de la nation, à soutenir et à défendre l’unité, l’intégrité et l’indépendance de la patrie camerounaise ? ». La main droite levée, l’autre posée sur la constitution, le jusque-là premier ministre répond : « I do so swear ». Applaudissement dans l’hémicycle. Le deuxième président de la République unie du Cameroun vient de prendre fonction. Il peut alors dérouler les principaux axes de son action politique. Les premiers du président Paul Biya sont d’abord un hommage, « un grand et vibrant hommage » au président sortant Ahmadou Ahidjo, « arisant » de l’unité et du développement du pays, un « géant de l’histoire camerounaise, de l’histoire africaine, de l’histoire tout court », selon les propos du nouveau chef de l’Etat. Paul Biya félicite son prédécesseur et l’assure de sa « loyauté » et de sa « sympathie ». Le nouveau président est sincère dans son hommage au président Ahidjo. La preuve, il affirme vouloir placer son action « sous le double signe de l’engagement et de la fidélité ». L’engagement est surtout d’ordre constitutionnel. Le nouveau chef de l’Etat s’y engage à s’acquitter du « devoir sacré » que lui impose la loi fondamentale. Précisément, il s’engage à veiller au respect de la Constitution, à l’indépendance, à la souveraineté, à la sécurité et à l’unité de l’Etat. Il s’engage aussi à assurer la conduite des affaires de la République. Et-là, le président Paul Biya entend rester sur les races du premier chef de l’Etat. Il fait une déclaration solennelle qui restera célèbre au Cameroun : « Mon illustre prédécesseur n’a pas failli. Je n’y faillirai point ».
 En homme intelligent, Paul Biya sait qu’en l’état actuel des choses, il doit gérer et terminer le mandat de son prédécesseur. D’où le second axe de son action : la fidélité politique à un homme d’abord, Ahmadou Ahidjo, puis la fidélité au peuple camerounais dans ses options de paix, d’unité, de stabilité, de justice et de progrès. Sur le plan intérieur, en plus de ces options d’indépendance, d’unité nationale, de paix, de développement économique et social, de nouvelles options apparaissent pour la première fois dans le discours politique d’un chef d’Etat au Cameroun. Elles ont pour nom la démocratisation de la vie politique, la libéralisation sociale et économique, la rigueur dans la gestion, la moralisation des comportements et le renforcement de la coopération internationale. Paul Biya compte sur la collaboration de tous pour réussir et réitère son engagement à s’employer à la difficile tâche de concrétisation de ces options en actions concrètes. Pour cela, il promet d’y mettre toute la force de son patriotisme et de son engagement.La cérémonie s’achève. Dehors, une foule nombreuse attend le nouveau chef de l’Etat salué par 101 coups de canon. La première page de l’histoire du Renouveau vient de s’écrire.

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