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L'Editorial

Biya, naturellement ! :

Pour le vainqueur et ses partisans, le plus dur commence maintenant : le prochain septennat ne sera pas une partie de plaisir.

La vérité des chiffres sortie des urnes est implacable et sans appel comme l’arrêt du Conseil Constitutionnel sanctionnant l’audience solennelle de proclamation des résultats officiels de l’élection présidentielle du 9 octobre 2011. Avec 77,98% des suffrages exprimés en valeur relative (3772527 en valeur absolue), Paul Biya le candidat naturel du RDPC, favori avant le scrutin, remporte naturellement une victoire large, éclatante et réconfortante. Une victoire d’autant plus belle et légitime que tous ses adversaires réunis atteignent à peine 22% de voix (1178907 en valeur absolue). John Fru Ndi, son suivant immédiat, rassemble à peine 518175 voix soit un écart de plus de 3254352 voix ! Le débat  est désormais clos et terminé au sujet du déroulement et des résultats du scrutin mais il faudra tenir compte des remarques, critiques, observations et recommandations formulées ici et là pour améliorer le processus électoral.
En attendant, le vainqueur et ses supporters ont bien le droit de savourer leur victoire parce qu’elle est méritée. En effet, n’en déplaise aux rabat-joie et aux mauvais perdants, Paul Biya n’a pas volé sa consécration dans les urnes. Trois raisons objectives au moins expliquent ce plébiscite.
La valeur intrinsèque du candidat et son programme. Les Camerounais connaissent Paul Biya. Depuis bientôt 30 ans son charisme, sa bonhomie et son caractère affable, avenant, son humanisme les rassurent. Malgré les critiques et les insuffisances, son bilan est globalement positif. Sa longévité au pouvoir, que certains brandissent comme une tare rédhibitoire, un handicap majeur ou un crime gravissime en démocratie, tend à plutôt devenir un avantage et un atout. Pour les Camerounais, par ces temps d’incertitude, Paul Biya reste le garant de la paix qui règne au Cameroun. En plus il a su préserver la paix et la stabilité de notre pays. Outre ces acquis, Paul Biya propose à ses compatriotes une vision claire et un programme efficace, capables de résoudre leurs problèmes : l’émergence du Cameroun passe par la réussite des grandes réalisations et l’amélioration des conditions de vie de tous les Camerounais. Un homme d’Etat qui a de la valeur, une stature internationale, de l’expérience et une vision novatrice face à 22 candidats d’inégale valeur et divisés, le résultat ne peut que surprendre les gens de mauvaise foi.Le candidat Paul Biya dispose d’une machine, le RDPC, qui a su exploiter son implantation territoriale. Depuis plus de dix mois, le parti a mené une campagne d’intensification des inscriptions sur les listes électorales. Ce travail de fourmi a porté ses fruits dans les urnes le 9 octobre 2011.
Hormis l’amusement et la sympathie, quelle crédibilité les Camerounais pouvaient-ils accorder à certains des 22 autres candidats ? Quelques-uns parmi eux, tels Fru Ndi ou Ndam Njoya, ne convainquent plus personne. Au lieu de penser le changement, ils veulent plutôt changer… le pansement. Autrement dit, ils ne proposent rien de sérieux aux Camerounais. D’autres semblent s’être présentés soit pour prendre date avec l’avenir – candidatures de témoignage – soit pour amuser la galerie. Leur comportement et leurs attitudes ont parfois suscité l’indignation des  électeurs. L’élection à la présidence de la République n’est pas un cirque pour clowns. Ces trois raisons fondent la victoire incontestée et incontestable de Paul Biya. La question que se posent maintenant aussi bien ses partisans que les autres Camerounais est de savoir ce qu’il va faire de cette victoire. Par réalisme, par conviction, voire par habitude et non par lassitude, les Camerounais ont choisi de renouveler leur confiance à Paul Biya. Sa figure tutélaire et sa présence bienfaisante les réconfortent. Ils lui donnent sept ans supplémentaires pour poursuivre son œuvre. Le contrat de confiance est loin d’être un chèque en blanc. Les électeurs ont accompli leur devoir civique et citoyen. Les institutions de la République ont arbitré. Exit la campagne électorale et en attendant la prestation de serment du président élu, l’élection est terminée. L’heure n’est plus aux polémiques, aux discours creux. Pour le vainqueur et ses partisans, le plus dur commence maintenant : il faut agir, travailler, rassembler, répondre aux attentes multiples et urgentes et légitimes du peuple Camerounais. L’euphorie de la victoire ne doit pas occulter les défis nombreux et les chantiers divers et variés. Entre la modernisation des institutions, le perfectionnement du système électoral, l’amélioration de la gouvernance, la lutte contre la corruption, la quête de la prospérité et du bien-être, il y a du boulot. Dans tous ces domaines, tout a été dit ou presque. Tout ou presque reste à faire. Le septennat qui commence dans quelques jours ne sera pas une partie de plaisir. 

Christophe MIEN ZOK

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