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L'Editorial

Le sens de l’Etat et de l’honneur :

 Il y a eu l’étonnement et la surprise, l’incompréhension et la stupéfaction, les réactions et les prises de position, les incantations et les imprécations, les condamnations et les hésitations.

Il y a même eu des batailles de positionnement et des accusations, sur la sincérité des soutiens affichés en faveur de tel ou tel protagoniste. L’histoire et le temps jugeront l’attitude et la démarche de chacun. Malgré les rebondissements et le suspense volontairement entretenu autour des lettres de Marafa Hamidou Yaya, l’heure est peut-être venue de porter un regard différent, distant et serein sur cette affaire. Au-delà des révélations fracassantes, des commentaires plus ou moins tendancieux, des affirmations parfois sentencieuses et gratuites, on ne fera pas l’économie d’un questionnement lié à une problématique majeure sous nos cieux : le sens de l’Etat et de l’honneur qui devrait habiter tout détenteur d’une parcelle de pouvoir, si infime soit-elle. La question mérite d’être posée dans un pays où l’Etat est perçu et considéré comme une vache à lait et qui, de surcroit, semble être en mal de repères. Un pays où certains agents publics ont tout fait pour ériger l’opacité et l’informel en mode de fonctionnement. Un pays où le citoyen ordinaire a du mal à se retrouver dans les méandres des administrations. Un pays où, pour bénéficier d’une promotion, d’une nomination, les fonctionnaires eux-mêmes comptent davantage sur les « réseaux, les pistons, les godasses, les parapluies et autres recommandations ou interventions venues d’en haut ». Dans ces conditions, personne ne sert plus l’Etat, affaibli et fragilisé par toutes ces « sangsues » et ces parasites qui ne pensent qu’à leurs intérêts matériels, financiers ou « pouvoiristes ». Servir est un honneur qui demande abnégation, don de soi, probité et intégrité morale. L’homme d’Etat, a-t-on coutume de dire, pense aux générations futures et non aux prochaines élections. Il n’est pas un télégraphiste ou un archiviste documentaliste ordinaire qui se contente de collecter et de garder les secrets d’Etat pour en faire un usage personnel. Ceux qui sont au service de l’Etat doivent avoir le sens de l’Etat et de l’honneur. En d’autres termes, ils doivent avoir une conscience professionnelle et personnelle qui les prévient chaque fois qu’ils en viennent à manquer au devoir de leurs obligations. Dans ce cas, puisqu’ils ne se sont pas soumis aux règles, ils doivent se démettre pour ne pas embarrasser l’Etat. C’est cela le sens de l’honneur. « L’affaire Marafa » révèle aussi la confusion, fréquente dans nos administrations, entre les attributions, les responsabilités confiées à un agent, quelle que soit sa position, et le pouvoir qu’elles confèrent. Malheureusement dans notre environnement, le pouvoir et les privilèges qu’ils confèrent aux plans financier, matériel, social ou politique, intéressent plus que les attributions, c’est-à-dire le travail véritable que l’on est censé faire. Cette confusion a engendré la procrastination, la pusillanimité, l’opacité et la corruption qui caractérisent si bien les administrations publiques camerounaises. L’Etat paie aujourd’hui le prix de c es dérives.Ps : la Reine Elisabeth II d’Angleterre fête cette année son jubilé de diamant, c’est-à-dire ses soixante ans de règne. Le monde entier est saisi d’admiration devant le long règne de la souveraine qui est le chef de l’Etat du Royaume-Uni composé de la Grande-Bretagne (Angleterre, Pays de Galles, Ecosse…), de l’Irlande du Nord, du Canada, de la Jamaïque, etc. Lorsqu’un chef d’Etat africain démocratiquement élu met plus de dix ans au pouvoir on le traite de dictateur. Cherchez l’erreur.
                                                                                                                                                                                                                                                                                    Par Christophe Mien Zok

Christophe MIEN ZOK

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