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L'Editorial

Semences politiques :

Comme la terre, la nature ne ment pas. Malgré les changements climatiques, elle reste fidèle à un cycle et à des fréquences plus ou moins réguliers.

La saison sèche succède à la saison des pluies et vice-versa. La boue de l’une vient remplacer la poussière de l’autre et ainsi de suite. En ce mois de mars, les pluies sont de retour et elles annoncent le début de la saison agricole que le Ministre de l’agriculture lance d’ailleurs cette semaine quelque part dans une localité de la région de l’Ouest. Dans les campagnes et même dans les espaces cultivés en zones urbaines, c’est le temps des semailles, des semis et des semences. Le spectacle de ces terres en friche qu’on tourne et retourne pour les préparer à recevoir diverses cultures résume à merveille l’adage biblique qui proclame: « tu mangeras à la sueur de ton front ». 
 
La nature nous parle mais nous refusons de voir et d’écouter ses enseignements. Il en est de même en politique. Le beau temps succède à la pluie et vice-versa. Les périodes de disette remplacent les périodes de vaches grasses. Toutefois, l’erreur la plus répandue en politique est de vouloir récolter là où on n’a pas semé. À l’instar de tous ceux qui, tapis bien au chaud dans les allées du pouvoir, trépignent d’impatience et pensent le  cueillir un jour comme un fruit mûr, sans aucun effort. Sans avoir esquissé le début du commencement d’un projet politique. Certes de la même manière qu’il y a des pluies soudaines sans nuages annonciateurs, il peut y avoir aussi des générations spontanées en politique. Mais le mieux c’est encore de se préparer et de travailler. 
 
Ils sont tout aussi nombreux dans les rangs de l’opposition camerounaise qui pensent que des manifestations de rues et des pressions de l’extérieur suffiront à leur offrir le pouvoir suprême sur un plateau d’argent. Ils investissent par conséquent les chancelleries de préférence européennes et américaines ainsi que les réseaux d’influence au détriment des tournées et des visites sur le terrain. Cette stratégie a montré ses limites depuis plusieurs années mais nos opposants persistent et signent. Même au Vénézuéla, le président autoproclamé et adoubé par la fameuse- voire fumeuse- communauté internationale ne parvient pas à s’imposer malgré le forcing américain. À chacun sa stratégie. 
 
En réalité, le succès en politique ne relève pas du secret: chacun ne doit récolter que ce qu’il a semé. Que ceux qui attendent la manne du ciel continuent d’attendre. Pendant ce temps, le RDPC, comme le laboureur de la fable, profite du retour des pluies pour bêcher et sarcler son champ avant  l’ensemencement. Le week-end prochain, le parti organise des séminaires de formation et d’information dans les dix régions du pays. Ils seront suivis par les visites de travail du Secrétaire Général dans certaines localités. Et ce n’est pas trahir un secret que de dire que ce déploiement permet, entre autres, de préparer les prochaines échéances électorales. Qui lui fera le reproche de cultiver ainsi son jardin pour espérer une récolte juteuse en termes de suffrages?  Les paresseux, les bonimenteurs et les rêveurs sans doute. 

Christophe MIEN ZOK

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