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Le nécessaire ajustement :

Depuis le 19 juin 2019, les dirigeants des entreprises et établissements publics savent à quoi s’en tenir en matière de rémunération et des avantages liés à leurs fonctions.

A travers trois décrets clarifiant les modalités d’application des lois du 12 juillet 2017 portant statut général des établissements publics et entreprises publiques, et en fonction de la clarification par catégorie, chacun connait les avantages, les indemnités et la rémunération que donne droit la promotion à un poste du Président du conseil d’administration, du Directeur Général et de son adjoint.
 
Ces trois décrets du Chef de l’Etat sont, de l’avis de tous les spécialistes, l’aboutissement logique de ce vent de réformes initié déjà depuis une dizaine d’années et qui vise à améliorer la gouvernance des entreprises publiques au Cameroun. Longtemps engluée dans les dérives managériales, caractérisées par de multiples faillites, ces entités publiques ne souffrent pas seulement de la qualité des hommes et femmes chargés de les diriger, elles sont davantage minées à la base par l’obsolescence de leurs structures organisationnelles, leurs rapports avec la tutelle-propriétaire qui est l’Etat et la non définition des objectifs opérationnels à atteindre. 
 
Même si pour l’instant tous les commentaires et gros titres de la presse mettent plus d’accent sur les salaires, indemnités et avantages des top-managements de ces entités étatiques, sans pour autant en relever les contraintes et les obligations, la portée des textes signés par le Chef de l’Etat se trouve dans l’exigence de la modernisation de la gestion des sociétés d’Etat, et au-delà, à la protection de la fortune publique. Les clarifications apportées au niveau des rôles de chaque intervenant, la clarification des tâches entre le conseil d’administration et la direction générale d’une entreprise publique, ouvrent une nouvelle ère la gestion des compétences et la nécessaire productivité de la société, ses ressources humaines et financières et la protection de son patrimoine. Peut-on donc raisonnablement s’attendre à la fin des intrusions maladroites et intempestives des Présidents des Conseils d’administration qui veulent gérer ces entreprises à la place des Directeurs généraux nommés à cet effet ? Tout sera dans la lecture et l’interprétation des textes que chacun voudra intégrer ou non.
 
La confusion des rôles et la collusion/collision, les conflits à répétition entre le président du conseil d’administration et la direction générale, ont longtemps paralysé le fonctionnement et la stabilité des sociétés d’Etat. Ces multiples fragilités ont fait perdre la pertinence de la fonctionnalité des entreprises, qui ont désormais l’obligation de rentabilités en lieux et place du caractère budgétivore, de permanents déficits et de rocambolesques faillites et des scandales à répétitions auxquels nous sommes habitués.Le nouveau mécanisme de gouvernance institué par le Chef de l’Etat fait de la politique de rémunération une variante essentielle et significative de la performance sociale des établissements publics. Tout comme le contrôle permanent renforce aussi la performance sociale, la claire définition des tâches et des rôles au niveau du « top-management », va positivement impacter la performance commerciale et financière de ces sociétés, l’actionnariat public n’étant pas synonyme des déficits, des détournements et autres tripatouillages. Le nouveau gouvernement d’entreprise qui entre bientôt en application intègre l’ensemble des mécanismes organisationnels qui définissent les pouvoirs de décision des dirigeants tout en leur fournissant les moyens nécessaires pour leurs actions : juste rémunération, des avantages et des indemnités, cadre organisationnel restructuré et modernisé et recherche optimale des bénéfices aussi bien sociaux qu’économiques. 
 
Il est à rappeler que les entreprises et établissements publics font partie des leviers et stratégies de croissance sur lesquels le Chef de l’Etat fonde tous les espoirs pour l’atteinte de l’émergence du Cameroun. L’objectif final étant le bien-être des populations, fondement de tout projet public. En attendant donc que les anges viennent mettre en œuvre ces ajustements si nécessaires à la bonne santé de notre économie, on peut tout simplement espérer que les humains que nous avons sous la main s’adaptent à ces nouvelles exigences pour le bien de nous tous.

Benjamin LIPAWING

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