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L'Editorial

Le devoir d’exemplarité

Par Christophe Mien Zok

Le 3 novembre 2011 dans son discours prononcé au cours de la cérémonie de prestation de serment sanctionnant sa réélection, Paul BIYA se montrait une fois de plus digne de son rôle de leader et de visionnaire, de découvreur de champs conceptuels inexplorés et de défricheur de terres idéologiques vierges. Il lançait alors du haut de la tribune de l’hémicycle de l’Assemblée nationale qualifiée de « Temple de la démocratie », le concept de « République exemplaire ». Après avoir fustigé les « comportements individuels pas toujours en harmonie avec la solidarité qui devrait être la marque d’une société démocratique » et « l’intérêt personnel [qui] prend le pas sur l’intérêt général », il prenait cet engagement fort devant les corps constitués de la Nation et devant le peuple: « nous nous devons en effet de continuer à bâtir une République exemplaire en luttant contre la corruption et en consolidant la démocratie ». Afin que nul n’en ignore, il se montrait plus précis et bon pédagogue en définissant le concept ainsi qu’il suit: « la République exemplaire que nous bâtissons est une République ouverte aux critiques constructives, sans revendication du monopole de la vérité. La République exemplaire est une République de liberté, de tolérance et de civisme ».


Un peu plus de dix ans après ces paroles fortes qui auraient pu être le ferment d’un changement d’attitude et le levain d’un nouveau départ de la part des Camerounais, le concept est rentré progressivement aux oubliettes, réduit à un simple slogan, comme beaucoup d’autres avant lui. Quelques nostalgiques continuent à y faire allusion mais sans grande conviction. Dommage, car les autres piliers de la République exemplaire sont non seulement la responsabilité, individuelle et collective, l’humilité mais aussi des institutions fortes, solides et en état de bon fonctionnement. En effet, comme nous le déplorions ici même la semaine dernière, en vertu de l’auto-critique constructive prônée par Paul BIYA lui-même, l’un des maux dont souffre la vie publique camerounaise est la dilution et l’effritement de la responsabilité. Tout le monde semble avoir peur et personne ne veut prendre ses responsabilités, de peur sans doute de mal faire ou d’échouer. Cette auto-censure et ce manque d’initiative paralysent de nombreuses institutions. Or, dans une République exemplaire, toutes les institutions doivent fonctionner de manière optimale, en toute liberté mais aussi en toute responsabilité.


La République exemplaire que Paul BIYA appelle de tous ses vœux ne doit pas et ne peut pas se limiter seulement à la présidence de la République. Elle implique que toutes les institutions de la République disposent de réelles marges de manœuvres en vue d’accroître leurs performances, améliorer leur efficacité et renforcer leurs capacités. Dans cette optique, le Sénat et les sénateurs doivent être exemplaires; au même titre que l’Assemblée nationale et les députés dans leurs missions de contrôle de l’action de l’Exécutif ; les services du Premier Ministre et tous les départements ministériels; la CONAC ne devrait pas être en reste alors que les enseignants qui revendiquent ces derniers temps leurs droits dénoncent par exemple des actes de corruption dans certaines administrations pour le traitement de leurs dossiers. L’humilité en vigueur dans la République exemplaire devrait conduire les uns et les autres à reconnaître leurs torts, leurs turpitudes et à ne pas s’enfermer dans une arrogance de mauvais aloi.


Que dire alors du RDPC? En toutes circonstances, de la base au sommet, il se doit également d’être exemplaire dans ses missions, ses obligations, son organisation et son fonctionnement et de rester vigilant car sa responsabilité est pleinement engagée dans l’évaluation et la marche des institutions. C’est lui qui a choisi et accordé l’investiture au candidat devenu Président de la République; contribué à l’élaboration du programme, mobilisé les électeurs pendant la campagne. À ce titre, en tant que parti au pouvoir, il a des comptes à rendre aux électeurs en particulier et aux populations en général. Par dessus tout, le RDPC, premier soutien du gouvernement, doit néanmoins demeurer une force de proposition et ne saurait rester indifférent à la bonne marche du pays. Cette interpellation fait partie des exigences de la République exemplaire.

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