Lom Pangar sera abandonné par les populations au mois de mars, pour
rejoindre le nouveau village, en voie d’achèvement. Entre-temps, la
ministre des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières à lancé la
phase d’indemnisation des déplacés le 24 février à Bertoua.
Léonie Apande Boké épouse Dodo n’a plus d’yeux que pour son nouveau village, situé entre les bourgades Déoulé et Ouami. Même les jérémiades de son fils d’à peine quelques mois, qu’elle porte en bandoulière, ne retiennent que momentanément l’attention de la jeune dame. La nouvelle demeure qui lui est promise est presque achevée. Des ouvriers s’activent pour les dernières finitions. Une maison de quatre pièces en dur flambant neuve, construite pour remplacer la hutte en matériaux provisoires que sa famille et elle occupent actuellement, comme 57 autres foyers, dans l’actuel village Lom Pangar. La superficie prévue pour la zone de réinstallation est d’environ 9000 hectares, apprend-on. Outre le village Lom Pangar, c’est au total 822 personnes issues de 38 villages qui seront déplacées dans le département du Lom et Djerem, précisément les arrondissements de Belabo (5 villages) et de Bétaré Oya (33 villages).Et ce n’est pas tout. Le Plan d’indemnisation et de réinstallation (Pir) des populations affectées par les trois composantes du projet de Lom Pangar, à savoir le barrage, l’usine de pied et la ligne de transport prévoit, notamment dans sa deuxième phase qui concerne la réinstallation proprement dite, d’autres mesures compensatoires collectives, des actions de soutien du niveau de vie des riverains et l’assistance aux personnes vulnérables. En plus de la réinstallation des déplacés physiques, le Pir a également prévu des mesures de compensation en faveur des villages d’accueil à hauteur de 378, 4 millions de francs, qui devront servir à la construction des écoles, forages, cases de santé et autres cases communautaires. En sus un montant de 52,4 millions Fcfa est prévu pour le déplacement des sites sacrés, la construction des lieux de culte et des hangars, l’aménagement des sources et la réalisation des forages dans les villages réinstallés. Les autres actions auxquelles Léonie et les autres déplacés devraient s’attendre pour soutenir leur activité quotidienne d’agriculture, de pêche, d’élevage et d’orpaillage s’élèvent à 304 millions, répartis sur les trois premières années suivant leur installation. Une installation qui se dessine progressivement, et que la direction du projet annonce pour le mois de mars, synonyme également de démarrage effectif des travaux de construction. Car la Banque mondiale avait posé entre autres conditions au démarrage desdits travaux la réinstallation, et surtout le paiement des indemnités aux populations déplacées.Jacqueline Koung à Bessike la ministre des Domaines, a procédé au lancement officiel des indemnisations vendredi 24 février dernier dans la salle des conférences de la Cnps de Bertoua, en présence du gouverneur de la Région de l’Est Adolphe Lele Lafrique, du ministre de la Fonction publique, Michel Ange Angouin, du délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Bertoua Dieudonné Samba, du directeur général de Electricity development coorporation, Théodore Nsangou, et de nombreuses autres personnalités.Ce paiement intervient après la finalisation du processus de domanialisation, qui a abouti à la publication de deux décrets, à savoir : le décret portant classement au domaine public artificiel des terrains nécessaires aux travaux de construction du barrage (une superficie de 62 300 hectares) ; et le décret portant indemnisation des personnes victimes de destruction des biens dans le cadre desdits travaux. Le montant total des indemnisations s’élève à un milliard deux cent cinquante cinq mille cent soixante deux mille cinq cent francs, à la charge de EDC. Concrètement, a assuré le directeur général de EDC, chaque pêcheur recensé par le consultant CCE (Commission de constat et d’évaluation) en 2009 reçoit 200 000 Fcfa. Idem pour les éleveurs qui seront par ailleurs transportés avec leurs bêtes sur le nouveau site. Les orpailleurs travaillant dans un trou reçoivent quant à eux 300 000 francs chacun, et 400 000 Fcfa pour les chefs de trou. « A cela il faudra ajouter l’assistance matérielle au déménagement, l’aide alimentaire ponctuelle pendant la période de réinstallation, l’aide pécuniaire ponctuelle pendant la période de réinstallation et la facilitation de l’accès aux soins médicaux », rassure Théodore Nsangou. Les paiements qui ont débuté le 24 février dernier se poursuivent actuellement à travers les réseaux MC2 d’une banque locale, par chèque et en espèces, en fonction du montant des uns et des autres. Et là-dessus, en bonne mère de famille, la ministre des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières a tenu à mettre en garde les bénéficiaires : « Le plus intéressant n’est pas de recevoir cet argent qui vous sera remis, mais plutôt l’utilisation que vous en ferez », leur a-t-elle dit en substance. « Dépenser c’est bien, mais dépenser en pensant au lendemain c’est mieux ». Et demain, s’agissant notamment de ce projet, c’est d’une part résoudre les problèmes de pénurie d’électricité dont souffre le Cameroun, et d’autre part relancer le secteur industriel, créateur de richesse et d’emplois.
Serge Williams Fotso,
envoyé spécial à Lom Pangar
Serge Williams Fotso