Entre l’interférence de l’élite dans le processus de désignation des candidats et l’influence négative, voire l’incompétence de certains mandataires, le parti n’est pas exempt de tout reproche.
Si l’indiscipline observée depuis le déclenchement du processus électoral est essentiellement le fait des militants qui ne veulent se plier ni aux dispositions des textes de base, ni aux instructions du Président national, certains faits ici et là inclinent à penser que le parti lui-même, à travers ses représentants sur le terrain, pourrait avoir des choses à se reprocher. Il est tout d’abord apparu que l’élite administrative et politique s’était beaucoup trop immiscée dans le processus électoral, en tentant d’imposer, avec plus ou moins de succès, dès la campagne de présélection des candidats, des hommes et des femmes de paille, malgré leur impopularité ou leur incompétence avérée. Question d’assurer le contrôle de la base, tout en affaiblissant les potentiels rivaux. Combien de fois n’at-on pas entendu que tel ministre, tel DG, tel membre du Comité central ne voulait pas (ou plus) d’un tel à la mairie ou au conseil municipal de sa commune d’origine ? Conséquence, l’on a soit procédé à des consensus bancals en mettant dans les mêmes listes des gens que tout oppose, soit assisté à de nombreux affrontements fratricides entre clans, tendances ou obédiences à l’intérieur du parti. Ces luttes intestines pourraient à plus d’un titre, expliquer les résultats mitigés obtenus par le Rdpc dans des circonscriptions telles que la Vina (Adamaoua), le Nyong et Kelle (Centre), le Diamaré (ExtrêmeNord), la Mifi (Ouest), Monatélé ou encore Garoua-Boulaï (Est). Les mêmes combats se sont poursuivis lors de la constitution des exécutifs communaux, attisés par les mandataires du parti à la solde de l’élite ou de candidats, parfois très peu respectueux des consignes à eux données. En rappel, le Comité central n’avait formellement donné aucune orientation, en dehors du cas précis de l’élection des maires de villes et de leurs adjoints. Au contraire, cette instance a toujours rappelé la règle en la matière : désignation d’un exécutif consensuel et à défaut, élection dans le cadre du groupe communal, les conseillers municipaux ayant obtenu la majorité des suffrages de leurs pairs à différents postes de l’exécutif municipal devant être les candidats du Rdpc aux mêmes postes lors de la session de plein droit. Mais à divers endroits, les mandataires du Rdpc ont voulu imposer leur choix, en se cachant derrière des « consignes du Comité central ». Comme leurs prédécesseurs l’avaient insinué lors de la présélection. Sauf que cette fois-ci, personne n’a rien voulu entendre. Les listes « consensuelles » adoptées lors des investitures ont volé en autant de morceaux que de tendances ou de factions, alors que les rivalités initiales resurgissaient. Ainsi, partout où une saine compétition n’a pas pu avoir lieu au sein du groupe communal du Rdpc, le pseudo consensus obtenu au forceps par le mandataire a été remis en cause lors de la session de plein droit. La suite, on la connait.
longIn CyrIlle Avomo