Les chiffres, qui ne valent que ce qu’on veut bien leur faire dire, sont implacables: au 15 juin, le Cameroun a franchi le cap de dix mille contaminés au coronavirus pour 6170 guéris et 275 décès. Qui aurait pu imaginer pareil tableau il y a trois mois environ, lorsque les premiers cas étaient annoncés? L’heure n’est pas aux polémiques inutiles et aux querelles stériles pour dire si ce bilan d’étape pouvait varier dans un sens ou dans un autre. Comparaison n’étant pas raison, la préoccupation ici n’est pas de savoir si le Cameroun a fait mieux ou pire que d’autres pays, encore moins d’établir des responsabilités ou d’attribuer de bons ou de mauvais points. On peut toujours trouver à redire mais les pouvoirs publics, objet de nombreuses critiques au début, ont pourtant pris des mesures appropriées pour protéger les populations. Ces dernières à leur tour ont fait preuve de zèle dès les premières semaines mais au fur et à mesure que le temps passait, la vigilance a baissé. Les mesures d’assouplissement prises par les autorités afin de limiter l’impact socio-économique de la pandémie ont conduit à l’assoupissement, à l’inconscience et à l’insouciance. Il suffit, pour s’en convaincre, de suivre le débat sur la gestion des corps des personnes décédées des suites de covid-19. Les Camerounais continuent de vouloir se comporter comme si de rien n’était: ils veulent continuer à fréquenter les bars et les bistrots, organiser des manifestations populaires, dans la joie ou dans le malheur.
Or, avec le covid, plus rien ne sera comme avant. L’humanité est en train de vivre une mutation. Il faudra s’adapter ou périr. Tout le défi est là: passe encore que la gestion de la pandémie ait connu quelques ratés. On arguera que personne n’y était préparé. Par contre, il n’est pas trop tard pour commencer à réfléchir sur l’après-covid. C’est la bataille qu’il ne faudra surtout pas perdre. Toutes les intelligences et les compétences doivent d’ores et déjà être mobilisées, puisqu’aucun secteur n’est épargné: la santé bien entendu dans tous ses aspects; de la pratique aux traitements en passant par les infrastructures, les équipements, la formation, la gestion du personnel; l’économie, les finances, l’environnement et la protection de la nature, etc. Sans oublier nos mentalités et nos comportements devenus des habitudes et qu’il va falloir modifier. Quoi qu’on dise, le pire est derrière nous, même si la vigilance doit toujours être de mise. De cette pandémie, tirons donc le meilleur pour l’avenir. Si on a donné l’impression de rater l’entrée dans la bataille, il ne faudra surtout pas rater la sortie. L’après-covid, nous y sommes déjà.