Lancée le 18 novembre dernier à Yaoundé, la plateforme d’échanges pour la production du cacao respectueux de l’environnement, vise également une meilleure rémunération des producteurs.
Tenue autour des ministres du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, de l’Agriculture et du Développement rural (Minader), Gabriel Mbairobe et de l’ambassadeur de l’Union européenne au Cameroun, Philippe Van Damme, cette cérémonie de lancement des « Cocoa Talks », a connu la participation des responsables des organes des filières, des organisations des producteurs et de la société civile. Après le Ghana et la Côte d’Ivoire, l’Union européenne entend par ce dialogue, intensifier la coopération avec le Cameroun sur le développement d’une filière cacaoyère sans déforestation, sans travail des enfants et un meilleur traitement des cacaoculteurs.
En prenant la parole à partir du siège de l’Union européenne (Ue), à Bruxelles en Belgique, Régis Meritan, expert de l’Ue a reconnu que jusqu’à présent, le producteur est le parent pauvre de l’économie cacaoyère et que le Cameroun était, par l’entremise de son ministre du Commerce et son plaidoyer sur la nécessaire revalorisation des revenus des producteurs, le précurseur de ce dialogue sur le cacao durable, mieux rémunéré et respectueux de l’écosystème forestier.
Apollinaire Ngwe et Gatien Maledy respectivement président et secrétaire exécutif du Conseil interprofessionnel du cacao et du café (Cicc), viendront par la suite parler des enjeux et défis de cette filière au Cameroun. Une filière dont la production pour la campagne écoulée était de 293 000 tonnes et qui doit faire face au vieillissement de la force de production si elle veut demeurer compétitive. D’où la mise en place par le Cicc du programme « New Generation », qui consiste à appuyer des jeunes des bassins de production pour la création d’un hectare de cacaoyer pendant trois ans. Une initiative qui a permis non seulement d’intéresser davantage les jeunes mais aussi de rajeunir l’âge moyen des producteurs. Sans oublier les efforts de certification des exploitations qui se poursuivent avec bonheur sur le terrain.
Pour le Minader, Gabriel Mbairobe, la filière cacao du Cameroun qui dispose d’un verger de 600 000 ha et emploie 2 000 000 de personnes, pour un chiffre d’affaire de plus de 300 milliards Fcfa par an, ne ménagera aucun effort pour l’amélioration de la qualité de sa production. En procédant au lancement officiel de ce dialogue, le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana qui a annoncé ainsi la tenue d’une série de discussions avec l’Union européenne, a déclaré que son pays souscrivait à l’exigence de la non dégradation des forêts, tout en refusant le travail des enfants. En revanche, il a insisté sur la revalorisation du travail du producteur qui est à la base de tout. Révélant au passage que sur les 100 milliards de dollars que génèrent le secteur par an, seuls 2 milliards reviennent aux producteurs ; le reste se partageant entre les traders, les transporteurs, les broyeurs et autres fabricants de chocolat. Une terrible injustice qu’il convient de réparer au plus vite. D’où son appel pour un arrimage de la durabilité aux prix. On attend.
Claude MPOGUE