« Les États n’ont pas d’amis; ils n’ont que des intérêts ». Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, les Européens-et les pays du monde entier- découvrent à quel point Charles de Gaulle avait raison. Dans sa détermination à rendre aux Etats-Unis sa grandeur conformément à son slogan de campagne (Make America Great Again) en passe de devenir sa feuille de route, le 47ème Président américain bouscule tout sur son passage. Dans son élan et son obsession d’affirmation de la superpuissance, de la primauté et de la sauvegarde des intérêts de son pays, les amitiés et les alliances d’hier sont remises en cause. Plus que jamais, Donald Trump applique la loi du plus fort…
Habitués à être piétinés, humiliés, ignorés dans la prise des grandes décisions, y compris celles qui engagent leur propre avenir, les Africains peuvent être tentés de s’exclamer: « à chacun son tour chez le coiffeur ». En effet, les pays d’Europe tombent de haut et semblent désemparés par le ton des déclarations et la nature des décisions unilatérales que prennent les nouveaux dirigeants américains. On est désormais très loin des propos diplomatiques, lénifiants et aseptisés qui ont toujours caractérisé les relations internationales. Les Américains ne s’embarrassent plus désormais de ces convenances; ils ne ménagent personne, brisent les codes, ignorent les tabous et crachent leurs vérités comme du feu. S’ils se contentaient seulement des paroles, la pilule serait peut-être plus facile à avaler mais plus grave, ils passent aux actes.
Qu’il s’agisse de sécurité, de droits de douane, de défense ou de politique internationale, Européens, Canadiens et Mexicains et autres découvrent que Trump et ses collaborateurs disent ce qu’ils font et font ce qu’ils disent au nom des seuls intérêts de leur pays.
Les pays d’Europe semblent être les plus décontenancés, embarrassés et inquiets par cette attitude. Ils découvrent avec stupeur et tremblements que les États unis les traitent avec peu de considération et de respect. Exactement comme eux-mêmes ont traité les autres peuples, surtout les pays d’Afrique, pendant des siècles. Le réveil est donc brutal et le chœur des lamentations bruyant. L’arroseur est arrosé à son tour et il n’apprécie pas la farce ou la force.
Qui pouvait imaginer il y a quelques semaines encore qu’un ministre européen des affaires étrangères pouvait utiliser la même rhétorique que les pays du Tiers-monde face à l’arrogance et aux décisions impérialistes de l’occident? « Personne n’est obligé d’adopter notre modèle mais personne ne peut nous imposer le sien », a ainsi réagi le ministre français des affaires étrangères suite au discours au vitriol du vice-président américain en Allemagne la semaine dernière. Tiens, tiens! Il existerait donc des modèles à géométrie variable en fonction des circonstances? Quand les pays africains demandent que l’Europe ne leur impose pas l’homosexualité par exemple, on leur oppose un non catégorique au nom des valeurs universelles et des droits de la personne humaine.
La séquence des relations internationales ouverte par le retour de Donald TRUMP à la Maison Blanche devrait permettre aux pays d’Afrique de s’engouffrer dans la brèche pour prendre leur destin entre leurs mains. En avons-nous la volonté et les moyens? That is the question. Les Camerounais qui doivent élire un président de la république en octobre prochain seraient bien inspirés de juger les candidats en lice à l’aune de leur capacité à défendre la souveraineté et l’intégrité de leur pays. Il est vrai que sur ce terrain, un seul potentiel candidat a une bonne longueur d’avance sur les autres.