La coupe du monde de football Qatar 2022 s’est achevée vendredi dernier pour les Lions Indomptables du Cameroun par une victoire de prestige sur le Brésil, grandissime favori de la compétition. Le Cameroun sort donc de la compétition avec un bilan statistique plus que honorable d’une victoire, un nul et une défaite pour quatre buts marqués et quatre encaissés. Effectivement, ce résultat est nettement meilleur que celui des deux dernières éditions de coupe du monde, 2010 et 2014, auxquelles ont participé les Lions. Cette performance quelque peu flatteuse justifie sans doute les débordements de joie et la liesse populaire observés dans les rues et les quartiers des villes camerounaises au coup de sifflet final du match contre le Brésil. Même les joueurs et le staff technique ont jubilé comme s’ils venaient de remporter la coupe du monde. Les spectateurs et téléspectateurs ont d’ailleurs assisté, médusés, à cette scène surréaliste où Aboubakar Vincent, le buteur providentiel, est sorti du terrain sous les acclamations du public après avoir écopé d’un carton rouge pour avoir enlevé son maillot dans la foulée de son but. Il a eu droit à un sourire chaleureux et à une accolade de l’arbitre qui semblait presque s’excuser pour cette sanction. Pour la première fois, un joueur est sorti du terrain, tout heureux d’avoir été expulsé. Son sourire, ainsi que celui de tous les supporters, aurait dû être jaune, un rictus synonyme de déception, de frustration et de contrariété mais il a viré au rouge.
Malgré cela, tout le monde est content. Il n’y a plus personne pour rappeler les objectifs de départ fixés par le Président de la Fédération et repris en chœur par certains joueurs cadres tombés sous le charme ou hypnotisés par le charisme de leur leader. Qatar 2022, c’était sept matches à disputer et au bout, le trophée à ramener au bercail. On imaginait déjà la sensation et l’ampleur de l’exploit. Un vrai séisme planétaire. Enfin un pays africain vainqueur de la coupe du monde de football! L’échec n’en est que plus retentissant surtout qu’il se situe dans une certaine continuité. La déception aurait donc dû être proportionnelle aux ambitions initiales. Que nenni! En deux dribbles virevoltants et trois feintes de corps, on a oublié les déclarations fracassantes et les promesses mirobolantes faites avant le début de la compétition.
C’est à peine si on ne nous ressort pas la vieille antienne du Baron Pierre de Coubertin: l’essentiel était de participer. Rendus à la huitième participation d’une phase finale de coupe du monde, les Lions indomptables avaient quand même le droit d’avoir des ambitions plus élevées dans cette compétition. Au lieu de quoi, on se contente et on se console comme on peut. Cet état d’esprit minimaliste et peu ambitieux n’est pas digne des Lions indomptables du Cameroun, cinq fois champions d’Afrique, médaillés d’or des Jeux olympiques. Qatar 2022 est bien la preuve, malgré les rodomontades des uns et les punchlines des autres, que nous ne sommes pas encore prêts pour aller à la conquête du football mondial. Notre moral et notre état d’esprit restent désespérément au niveau des compétitions inter quartiers. Il faudra attendre encore longtemps pour voir le Cameroun gagner la coupe du monde de football. Quel rictus au goût amer pour ceux qui croyaient en cette équipe!
Sourire… rouge
