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Batouri : Dernier meeting pour Adjibolo

C’était samedi dernier avec, comme maître des cérémonies, le ministre d’Etat Laurent Esso, représentant le président de la République.

C’est sous un ciel chargé que l’honorable Philémon Adjibolo tire définitivement sa révérence, après soixante quatre ans d’une vie bien remplie
et d’une riche carrière politique. D’où l’organisation des obsèques officielles
par le président de la République Paul Biya en hommage à un homme qui n’avait pas de secrets, pas de vie cachée et dont la franc parler ne faisait fureur.

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A son domicile où se tenait la cérémonie, c’est le vicaire général représentant
l’évêque de Batouri qui ouvre le bal avec les souhaits de bienvenue. Ceci après
le cérémonial d’entrée solennelle du corps, rythmée par l’hymne aux morts de la
fanfare de la gendarmerie venue de Yaoundé. L’office religieux qui s’en est
suivi était présidé par Mgr Jan Osga, évêque de Doumé-Abong-Mbang. Des lectures
de circonstance, on retient que ce qui reste d’un homme, c’est la beauté de son
âme. Le devoir de tout chrétien est de joindre ses mains devant le Seigneur et
de les ressembler pour être au servie de ses frères.  A la fin de la messe, c’est la lecture du
message de condoléances à la famille qui est lu par les soins du préfet de la Kadey. Suivront
alors la série des témoignages, dans un climat devenu subitement lourd
d’émotions. Et donc, difficile de résister et ne pas écraser une larme, dans
une cour noire de monde.
En
tête, le ministre Badel Ndanga Ndinga, président de la commission
d’organisation des obsèques, élite de la région. Dans son propos, on retient
que Philémon Adjibolo savait parler à ses frères et savait aussi les écouter.
Il n’avait pas prêché dans le désert, car malgré sa disparition, ses conseils
vont manquer à beaucoup qui comprendront enfin qui était l’homme réellement.
L’un de ses amis d’enfance lui donnera le témoignage d’un homme acharné. Il
revisitera en quelques mots leur rencontre depuis 1965. Depuis lors, il ne l’a
presque pas quitté, même dans ses multiples fonctions d’enseignant, de maire ou
de député. Il fait mention de ses qualités physique, morale, sociale et
humaine. Un grand homme pour tout dire ! Sa fille Philomène Adjibolo
montera au créneau pour présenter le père de famille qu’il était. Imposant,
attentif et attentionné, discret, loyal et simple, avec en prime une forte
personnalité. Dans la dignité et la crainte de Dieu, il leur a donné
l’éducation des combattants. Car ils devaient apprendre à être des hommes
libres, loin de tous les maux, confiants en eux-mêmes. «  D’ailleurs, sa carrière d’enseignant était
pour nous un véritable calvaire…». Sali Daïrou  chef de la délégation du comité central a
présenté l’homme dans sa dimension politique. Ses points de vue qui
embarrassaient très souvent ce qui lui a valu la distinction d’épis d’Or de la
scène politique. Il poursuivra avec la présentation de sa riche carrière
politique. Hilarion Etong, qui conduisait la délégation des parlementaires au
nom du président de l’auguste chambre Cavayé Yéguié Djibril, est revenu sur les
circonstances de la mort du  quatrième
vice président à l’Assemblée nationale, alors qu’ils étaient en pleine session.
En 20 ans de législature, il aura marqué les collègues qui sont venus en carré
suffisant pour lui dire au revoir monsieur le président. On retient qu’il était
un parlementaire engagé, qui croyait en lui.
Style
 Ses sorties étaient toujours empreintes de
surprises. Ses discours ne manquaient pas d’humour et de vérité. Son adresse envers
tous ses adversaires se passe aujourd’hui de tout commentaire. Il s’exprimait
avec toute la franchise et la simplicité possibles. C’était en cela sa
particularité.  On se souvient encore de
sa dernière sortie dans la région de l’Est, c’était à l’occasion des assises de
la commission régionale de la  campagne
d’intensification des inscriptions sur les listes électorales, où il a promis donner
la réplique à tous ceux qui n’apportent pas de résultats escomptés.  Il avait alors mis tous ses frères en état d’alerte,
qu’il était difficile de faire le contraire des choses.  Ou encore à Bertoua lors du lancement de cette
campagne où il a martelé qu’il ne sera plus question que les uns se
positionnent en piétinant les autres. Le travail à faire étant de la responsabilité
collective…
Dur,
parfois énervant, mais dans la logique de construction et d’union des fils et
filles de l’Est, Adjibolo était l’une des rares personnalités qui ne cachait
pas ses émotions. C’est peut-être pour cette raison que jamais un fils de l’Est
n’a eu des obsèques aussi grandioses comme les siennes. En termes de
mobilisation, tous les records ont été battus. Tant du côté des populations que
de l’élite de l’Est. Tous les fils et filles de cette région se sont donnés
rendez-vous à Batouri, pour accompagner à sa dernière demeure celui-là même qui
se faisait appeler « Chirac ». Arraché à
la vie  le 12 juin dernier à Yaoundé des
suites de maladie alors qu’il était  en
pleine cession parlementaire, ce digne fils de la Kadey ne demandait pas moins
que de voir cette importante échéance réussir avec la participation de tous ses
petits frères du gouvernement, de l’Assemblée nationale et autres de
l’administration et surtout ses militants de base de la section Kadey centre.
Normal donc que l’émotion soit aussi vive qu’une braise ardente.

Martin Crépin Nstana Mekok, à Batouri

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