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L'Editorial

Le ton est donné :

On attendait cette prise de parole du candidat réélu. La tradition a été respectée.

L’auditoire n’a pas été déçu. Le premier discours officiel de Paul Biya après sa brillante réélection peut être soumise à une grille d’analyse en trois volets : les civilités, le constat et l’engagement qui induit l’exhortation à tous les Camerounais à se mobiliser à ses côtés pour relever les défis1. Les civilités. Paul Biya n’a pas perdu les bonnes habitudes. Une démocratie digne de ce nom a besoin de démocrates pour fonctionner et progresser. Cela implique le respect des règles élémentaires de courtoisie, d’élégance, de civilité et de convivialité républicaines. Dans ce registre, Paul Biya exprime ses remerciements et sa gratitude aux électeurs. Les militants du Rdpc sont certainement honorés et fiers de savoir que le président s’adresse à eux « en premier lieu » ainsi qu’à ceux des partis de la majorité présidentielle. Après les remerciements, les félicitations. Paul Biya n’oublie personne dans cette énumération quasi-exhaustive : tous les électeurs « quelles que soient leurs convictions », tous les acteurs du processus électoral à commencer par Elecam, la Cour suprême, les partis politiques, les médias, les forces de l’ordre  et l’administration territoriale. Elégance suprême : les candidats, c’est-à-dire ses adversaires, ont droit eux aussi aux félicitations du vainqueur.2. Les constats. De son ton placide et avec son calme habituel, Paul Biya constate que le 9 octobre 2011, les Camerounais se sont exprimés dans les urnes de « manière souveraine, en toute liberté et en toute transparence », manifestant ainsi leur « sens des responsabilités et leur attachement à la démocratie ». Son constat est sans nuance et sans appel lorsqu’il affirme que le scrutin du 9 octobre a été une « réussite » autant qu’elle marque « une nouvelle page de notre expérience démocratique ». La sentence présidentielle tombe alors comme un couperet : « notre démocratie se porte bien ». A bon entendeur…3. L’engagement. Après les civilités d’usage et les constats, Paul Biya mesure  « le poids de la charge » qui vient de lui être confiée et s’engage d’une part à poursuivre les efforts déjà entrepris et d’autre part « à mener à bien le projet des Grandes Réalisations » afin d’en faire de « Grandes Réussites ». Les objectifs de l’engagement ainsi réaffirmé reposent sur quatre piliers : prospérité, justice, fraternité, progrès. Cet engagement a beau être celui du président de la République, « élu de la nation tout entière », il n’en demeure pas moins celui de tout un peuple. D’où l’appel à la mobilisation et à la participation de tous les citoyens : « où que vous soyez, quelle que soit votre place dans notre société, je vous demande de vous mobiliser pour qu’ensemble, nous relevions le défi : avancer dans la voie de la démocratie et du progrès social ». En attendant le discours inaugural que prononcera le président réélu lors de sa prestation de serment prévue dans une semaine, Paul Biya donne déjà dans cette première adresse quelques indications sur les chantiers et les défis prioritaires du prochain septennat. La ligne directrice s’adosse sur le concept de l’émergence à travers la consolidation des institutions démocratiques, la relance d’une croissance soutenue et durable, qui offre des opportunités d’emplois aux jeunes et favorise la création et la redistribution des richesses de manière équitable. Pour Paul Biya l’émergence sera impulsée par la Nouvelle Dynamique et avec la participation de tous et de chacun. Le ton du septennat est donné.

Christophe MIEN ZOK

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