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La Politique

Une journée avec des scrutateurs : marché d’essos

Dans les deux bureaux de vote de l’église évangélique chrétienne (EEC), les scrutateurs d’Elecam de l’UDC et du RDPC veillaient au respect de la loi électorale.

Bureau de vote A  de l’église évangélique du Cameroun marché d’Essos, il est 12 heures. Casquette sur la tête, Mbouombouo Moussa,  le représentant de l’Union démocratique du Cameroun (UDC) est là depuis l’ouverture des bureaux de vote à 8h. Il a l’air un peu fatigué. ère

C’est un volontaire de l’UDC. Il est là parce qu’il veut servir le pays, mais il semble un peu désabusé : «Dans ces bureaux, il n y a que les représentants du Rdpc et de l’Udc. Les autres partis d’opposition ne sont pas représentés parce qu’ils n’ont pas pu avoir de l’argent pour envoyer des gens. On a promis des fonds publics aux différents partis, mais notre hiérarchie nous a assurés qu’il n y avait encore rien. Sinon, au niveau du travail, ici, tout se passe très bien pour le moment.» Nous sommes interrompus dans notre conversation par l’entrée de deux citoyens qui veulent voter. Aussitôt, notre interlocuteur stoppe l’entretien pour se diriger vers ses collègues du jour et procéder aux vérifications d’usage. Il s’agit de vérifier que le numéro  que le votant leur communique, et qui est supposé figurer sur la liste électorale est le même que celui détenu par les responsables du bureau de vote. Après quoi l’intéressé présente  sa carte d’identité. Si elle est conforme, on lui permet de ramasser les bulletins de vote des différents candidats plus une enveloppe, et de se rendre dans l’isoloir. A sa sortie de l’isoloir où il est supposé avoir fait son choix, il se dirige vers l’urne placée au centre de la salle et effectue son vote. Ce n’est  qu’après que sa carte d’électeur lui est remise afin qu’il  appose ses empreintes comme preuve de son vote. Un peu d’ancre est également déposé sur l’ongle de son pouce pour l’empêcher d’effectuer des votes multiples. On s’assure également que les bulletins qui lui sont restés, ont été jetés dans la poubelle. Par ce procédé, il s’agit de préserver le principe du vote secret, lance Mbombouo entre deux vérifications. Celui-ci assure aussi que  le rôle du scrutateur est de veiller à ce que tous les partis politiques aient le même nombre de bulletins de vote dans le  bureau de vote.« Vous pouvez aussi aller voir mon camarade d’en face », conseille notre interlocuteur comme à la recherche d’un soutien.En face, c’est le bureau B. Le représentant de l’Udc ici se nomme Ali Mohamadou. Pour lui, « tout se passe à merveille. Nous avons attendu la fin du culte de nos frères de l’EEC qui a eu lieu dans l’ancienne paroisse  située en face, avant de  commencer notre travail. Avec ma collègue du Rdpc, il n y a vraiment pas de problème, ni avec les responsables d’Elecam ». Entre ses mains, il tient une cuisse de poulet qu’il déchire de temps en temps. « Lui aussi est un volontaire de l’Udc. « On ne nous a rien promis au niveau du parti. Mais si on peut trouver des camarades comme la représentante du Rdpc…ça fait toujours du bien. C’est elle qui nous a offert à manger. » Il poursuit, «  depuis ce matin, nous avons reçu une quarantaine de personnes. Et je peux vous assurer que les problèmes que nous rencontrons sont de divers ordres. Il y a des gens qui viennent ici sans carte d’identité. Nous leur expliquons qu’ils ne peuvent pas voter dans ce cas- là. Il y en a qui comprennent et n’insistent pas. Pour ceux qui veulent forcer, on est obligé de faire appel aux éléments de la police que vous apercevez là dehors. D’autres viennent avec leur ancienne carte d’électeur. Ceux -là, nous sommes aussi obligés de les refouler. Il y a même un monsieur qui est venu avec les cartes d’électeur de ses quatre enfants pour voter à leur place, nous avons refusé. Car, nous ne pouvions pas lui demander de mettre ses empreintes à leur place. La dernière catégorie concerne ceux qui sont arrivés sans leur carte d’électeur. Leurs noms sont affichés dehors comme inscrits sur les listes électorales. Nous nous sommes concertés au niveau du bureau et avons dégagé un consensus. C’est à partir de celui-ci, qu’ils ont pu voter. A la fin, nous avons eu un nouvel arrivage des cartes d’électeur. Les retardataires ont donc pu entrer en possession de ces cartes. » Pour la représentante du Rdpc, la situation ainsi décrite est souvent l’œuvre de personnes qui n’attendent que la dernière minute pour se mettre en règle. Mme Zongui Marguerite explique que des campagnes de sensibilisation ont pourtant été organisées dans des carrefours et des domiciles privées par Elecam. Notre entretien est brusquement interrompu par l’entrée d’un homme en tenue de commandement. Il s’agit de l’adjoint au sous-préfet de Yaoundé 5ème. D’une voix sèche, il interroge le président du bureau de vote: «Tous les scrutateurs sont-ils-là ?» «Seuls le Rdpc et l’Udc sont représentés », lui répond le président du bureau de vote, le nommé Belibi Thierry. «Et celle-là, qui est-elle ? Insiste le sous-préfet.» «C’est la représentante d’Elecam», déclare son interlocuteur avec respect. « Ok ! », conclut l’autorité administrative avant de quitter les lieux d’un pas pressé.Pour Ali Mohamadou et les autres, la journée n’est pas prête de se terminer. Après la fermeture des bureaux de vote à 18 heures comme le prévoit les textes, il faudra procéder au décompte des voix en présence de tous les responsables desdits bureaux. Chacun apposera sa signature sur le procès-verbal et une copie de ce document sera remise à chacun des signataires pour le présenter à sa hiérarchie.                                                                                                                                   

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