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Biométrie et refonte des listes : La nécessaire pédagogie

Comme tout phénomène de mode, la biométrie, cette nouvelle trouvaille technologique d’importance, fascine et apparaît aux yeux de tous comme le seul gage de la transparence des élections en Afrique, tellement ses avantages sont nombreux.

Dans tous les forums, les débats et autres revendications des acteurs politiques, l’unanimité semble faite autour de cette technique globale d’indentification des personnes sur la base de ses caractéristiques physiques, infalsifiables, fiables et uniques. Les gouvernants comme l’opposition et la société civile une fois n’est pas coutume, sont d’accord autour de l’introduction de nouvelles technologies pour des élections et ainsi, donner une légitimité irréprochable aux scrutins. Le président Paul Biya y a souscrit de manière formelle, répondant ainsi à sa détermination à améliorer davantage le processus électoral au Cameroun. Les élections au Cameroun vont désormais s’appuyer sur un arsenal neuf : code électoral unique, remise à plat du fichier électoral par l’introduction de la biométrie.Pour le RDPC, les enjeux sont énormes et les défis sont multiples. Dans cette opération inédite – la refonte complète du fichier électoral – il est question de mobiliser toutes les ressources humaines du Parti pour inscrire massivement ses militants sur les listes électorales. Jean Nkuéte est formel : «Au terme de la célébration du 27è anniversaire, j’attends de chaque chef de délégation un rapport spécial sur les mesures prises pour organiser la sensibilisation des électeurs du RDPC afin qu’ils se préparent à s’inscrire massivement sur les listes électorales le moment venu. » C’est dire qu’ici la veille et la vigilance sont de mise et qu’une réelle prise de conscience de la révolution du processus démocratique en cours est effective au niveau du Parti. En est-il de même des autres acteurs politiques ?  En l’état actuel des choses, il est permis d’en douter.Si nous devons nous réjouir des bienfaits de ces avancées technologiques et des innovations apportées par la loi, qui permettront de contrer certains dysfonctionnements par une plus grande transparence, il n’est inutile de rappeler que ce processus en cours appelle le concours et la participation de tous les acteurs politiques nationaux.  La biométrie et le code électoral unique ne viendront pas à eux seuls enrayer, comme par magie, nos tares congénitales et nos réticences absurdes : atavisme, mauvaise foi, intimidation et chantage, tendance au boycott, impréparation et amateurisme notoire des partis politiques… Chacun des acteurs doit savoir que la biométrie n’est pas une panacée. Elle sera ce que chacun de nous voudra en faire. Son introduction au Cameroun est la preuve que le pouvoir est déterminé à asseoir un consensus global autour des consultations. Ce fut une promesse et un engagement du Président de la République qui, à l’occasion de la prestation de serment devant l’Assemblée Nationale, le 03 novembre dernier disait : « De façon générale, nous pouvons, je crois, nous féliciter des progrès accomplis sur la voie de la démocratie. Des dispositions ont été prises pour garantir la régularité et la transparence des élections. »  Aujourd’hui c’est chose faite. A chacun de fourbir ses arguments, en faisant inscrire massivement ses militants sur les nouvelles listes électorales.Conscients de ce que ce processus de remise à plat des pratiques électorales implique avant tout les hommes – ce sont eux qui votent et non les machines –, les acteurs de la vie politique devraient résolument s’engager à suivre, participer et accompagner ce processus complexe et couteux que tous ne maitrisent pas encore eux-mêmes. Au lieu de s’enliser éternellement dans des débats et querelles brumeux, les partis politiques doivent intégrer la pédagogie pour mieux expliquer et restituer les nouveaux textes à leurs bases respectives. Car la seule volonté du Président Paul Biya ne suffira pas  si les hommes et les femmes politiques camerounais ne font pas en amont tout le travail de mobilisation nécessaire. L’enjeu politique est de taille. Il s’agira de sortir des urnes des résultats acceptés par tous, même les partisans du moindre effort.“Biométriser“ le processus électoral au Cameroun est une volonté politique forte qui s’inscrit dans le pragmatique, méticuleux et  méthodique processus initié par Paul Biya. Les textes réglementaires attendus du Parlement sur le code électoral seront le fruit d’études et d’expertises avérées auxquelles il faut ajouter le large consensus de l’élite politique. Paul Biya joue donc sa partition. En montrant que « les grandes réalisations » intègrent   aussi bien la politique, l’économie que l’industrie et les infrastructures. En face, il est nécessaire que la pensée, le discours et les pratiques se modernisent et épousent la nouvelle donne. Car, désormais, chacun devra récolter ce qu’il aura préalablement semé.

Benjamin LIPAWING

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