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Respect de la loi : Comment les maires s’arrangent avec les sondeurs

Le Conseil  constitutionnel français proclame  demain les résultats
officiels du 2ème tour de l’élection présidentielle. Comment sont alors
obtenus les chiffres diffusés par tous les médias depuis dimanche soir ?

Dimanche 6 mai 2012. Il est 20 heures et sur les écrans de toutes les chaînes de télévision s’affichent le visage du vainqueur du scrutin et l’estimation de son score en valeur relative.  Ce rendez-vous médiatique et ce rituel démocratique très attendus des Français durent depuis 1974. A l’heure où les médias audiovisuels imposent leur dictature, le législateur fait contre mauvaise fortune bon cœur. A quelques décimales près et sauf miracle, les estimations données par les médias seront confirmées par les institutions compétentes.  Rien de plus simple : miracle de la technologie.  Comment cela se passe-t-il concrètement ?  En principe tous les bureaux de vote ferment à 20heures et suit alors le dépouillement et le décompte des voix. Dans les 36000 communes de France, les maires sont fortement impliqués dans l’organisation du scrutin. Ils sont chargés entre autres de recruter les scrutateurs dont le travail commence après 18h.  Toutefois pour toutes sortes de raisons, le dépouillement commence plus tôt, dès que le dernier  électeur a voté. C’est le moment choisi par les sondeurs pour entrer en scène. Ils ont certes la possibilité de recueillir les sondages sortis des urnes, c’est-à-dire demander à un échantillon représentatif de votants à quel candidat ils ont accordé leurs suffrages. Comme les électeurs ne sont pas obligés de dire la vérité, la marge et le risque d’erreur sont assez élevés. Les instituts de sondage, avec  la  « complicité » des maires,  ont donc choisi des bureaux de vote tests, environ 200 à travers toute la France. Des enquêteurs notent les résultats des 200 premiers bulletins dépouillés dans chaque bureau-test  et les transmettent vers une base de données où ils sont traités selon différents  critères. A 20 heures le verdict tombe, sans appel.  Jamais depuis 1974, ces estimations n’ont été démenties. C’est cette image télé qui passe à la postérité alors que la cérémonie de proclamation officielle des résultats restera une simple anecdote.Le pouvoir des médiasCet épilogue cathodique du marathon électoral consacre définitivement la très forte influence des médias sur le jeu démocratique. Influence renforcée par la montée en puissance des réseaux sociaux sur internet. La campagne qui vient de s’achever en France a encore démontré à quel point les médias  contribuent à la vie politique. Qui peut compter le nombre de débats, d’émissions et d’interviewes auxquels se sont soumis Hollande  et Sarkozy ? Cela tournait parfois à la saturation et au harcèlement. Aucun ne pouvait faire un pas sans être suivi par des caméras. Même au sortir du long débat-trois heures environ- télévisé de mercredi 2 mai 2012, des reporters tendaient encore et toujours  les micros aux deux challengers pour qu’ils commentent leurs propres prestations. Le lendemain ils étaient dans les studios pour répondre aux questions des journalistes et des auditeurs. Au terme d’un tel exercice, les électeurs ne peuvent pas prétendre qu’ils ne savaient pas pour qui et pourquoi  ils ont voté. Malgré quelques dérives et la mauvaise foi de certains candidats, les médias français ont bien tenu leur rôle. Pour ceux qui ont soutenu le vainqueur, le plus dur commence maintenant.  `CMZ

Christophe MIEN ZOK

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