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L'Editorial

Le destin des dauphins :

La jeunesse camerounaise a célébré lundi dernier la 47e édition de la fête que la Nation et la République lui consacrent depuis 1966 en témoignage des espoirs placés en elle et en hommage à son importance et à son rôle dans la construction nationale.

Une fois de plus, le peuple, les pouvoirs publics, les autorités et les jeunes eux-mêmes ont rappelé, réaffirmé et martelé que les « jeunes sont le fer de lance » de la Nation. Comme chaque année, les penseurs d’un jour, les experts de toujours et les philosophes occasionnels ont ressorti et ressassé les vieilles maximes, étonnamment jeunes, sur la jeunesse qui reste « un état d’esprit ». Ils nous ont rappelé qu’on est « jeune de 7 à 77 ans », qu’on à « l’âge de ses artères », que l’on peut être vieux à 25 ans et paradoxalement jeune à 75 ans. Les plus placides mais non moins lucides n’ont cessé de soupirer avec une pointe de nostalgie teintée d’exaspération, de mélancolie et de jalousie : « Ah, si jeunesse savait… et si vieillesse pouvait ».D’une fête de la jeunesse à une autre, cette « dialectique générationnelle », hier/aujourd’hui ; présent/futur, constitue le décor et le tableau de l’événement sur fond de non-dits et d’arrière-pensée. Elle n’a pas encore dégénéré en conflit ouvert entre générations, mais elle structure fortement les débats de manière souvent subliminale, inconsciente et parfois crue. Le débat va certainement prendre une ampleur particulière cette année et se prolonger au sein de la société et surtout de la classe politique camerounaise. Illustration et démonstration en 3 points.1. En visite de travail en France, Paul Biya a été interrogé par les journalistes sur sa longévité au pouvoir et son âge. Il s’en est sorti par une pirouette et a demandé de manière malicieuse et facétieuse aux journalistes : « Ai-je l’air aussi fatigué » ? C’est le même Paul Biya qui lançait aux Camerounais en 2004, à la suite d’une rumeur annonçant son décès : « le fantôme vous salue bien » avant de donner rendez-vous aux uns et autres « dans 20 ans ».  Sur le perron de l’Elysée, il n’a pas dérogé à sa ligne de conduite en assénant cette vérité : « Nul n’est éternel ». Une lapalissade qui a dû sonner agréablement aux oreilles de quelques impatients. 2. Elixir de jouvence, jeunesse éternelle, désir d’éternité : ces fantasmes et ces rêves fous ont toujours hanté l’humanité depuis la nuit des temps. Mais si nul n’est éternel ici bas, au Cameroun, « l’âge du capitaine » du bateau camerounais, relance le débat. Oui, l’âge du capitaine ; hasard ou coïncidence, Paul Biya est né un 13 février 1933, à une année où le Cameroun n’était pas encore indépendant et ne savait donc pas qu’un jour il consacrerait toute une fête à sa jeunesse. Et voilà que ce 13 février 2013, deux jours après la célébration de la fête de la jeunesse, Paul Biya marque son 80e anniversaire ! Un âge respectable et vénérable sous nos tropiques, symbole d’une belle santé et d’une certaine hygiène de vie. Malgré ses 80 ans, Paul Biya « n’a pas l’air aussi fatigué », il garde bon pied, bon œil et des capacités physiques et intellectuelles qui le rendent apte à la lourde mission que le peuple souverain lui a confiée et renouvelée sans discontinuer depuis 1984. Le sage n’a pas d’âge mais il y a un âge qui vous rend encore plus sage, car détaché de certaines contingences. Du haut de ses 80 ans, Paul Biya ne peut avoir d’autre ambition que de léguer aux générations présentes et futures du Cameroun, un pays fort, uni, prospère.3. Cet âge du capitaine suscite depuis quelques années des convoitises, exacerbe moult impatiences et alimente des fantasmes. Ainsi sont nés le G11, le groupe Brutus et bien d’autres. Mythes ou réalités ? Qui vivra verra, comme dirait Paul Biya, objet et sujet principaux de toutes ces manœuvres. Une chose est certaine cependant : beaucoup piaffent d’impatience depuis trop longtemps. Et ce 80e anniversaire de Paul Biya apparait pour eux comme une aubaine, une cible. Dauphins présumés, héritiers putatifs, ils se guettent, s’épient, se surveillent et s’ils sont invités à participer à une quelconque cérémonie d’anniversaire, ils seraient très heureux de souffler non pas sur les 80 bougies mais d’enlever tout souffle de vie à la vedette du jour. Car parmi les dauphins se cachent de féroces requins. Aux uns et autres rappelons cette boutade qui n’en est pas moins une réalité et une vérité d’un homme politique français : « Le destin des dauphins est parfois de s’échouer ». Paul Biya a certes 80 ans mais fort de son bilan, il voit le destin du Cameroun en grandes réalisations et en grandes réussites. Un bel héritage. On attend que les dauphins, réels ou virtuels, présumés ou putatifs, nous fassent un dessin du destin qu’ils proposent ou préparent pour le Cameroun. Happy birthday Mister President !

Christophe MIEN ZOK

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