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L'Editorial

Une si vieille amitié :

En visite de travail et d’amitié en France depuis lundi dernier à l’invitation de son homologue français, Paul Biya rencontre François hollande cet après-midi à 15h au Palais de l’Elysée.

Cette rencontre au sommet, la deuxième entre les deux chefs d’Etats après leur entrevue à Kinshasa en octobre 2012 en marge du sommet de la Francophonie, constituera sans nul doute l’un des temps forts, politique et diplomatique, du séjour à forte connotation économique de Paul Biya en France. L’autre grand moment étant la rencontre demain, entre Paul Biya et les patrons des entreprises françaises regroupées au sein du MEDEF (Mouvement des Entrepreneurs de France). Thème de ce forum économique : « France-Cameroun pour un partenariat économique durable ». Pour la circonstance, le président de la République est accompagné par une douzaine des ministres et de responsables dont les compétences et attributions économiques illustrent à suffisance les objectifs de cette visite en France : finances, économie, mines et industrie, eau et énergie, petites et moyennes entreprises, agriculture, Gicam, Mecam, chambre de Commerce, etc. En attendant de mesurer l’impact politique et les retombées économiques de cette visite, sa portée diplomatique est d’ores et déjà incontestable : renforcer et consolider la coopération franco-camerounaiseAu-delà des nécessités et des aléas de toutes sortes, des états d’âme et des humeurs des individus, Paul Biya et François Hollande sont appelés à écrire une nouvelle page de l’histoire si particulière entre la France et le Cameroun. Une histoire faite de hauts et de bas mais tellement singulière au point de susciter régulièrement des fantasmes, des manipulations et que certains, de part et d’autre, à tort ou à raison, veulent transformer en un fonds de commerce. Mais malgré les malentendus, les idéologies et les chapelles politiques ou les campagnes de dénigrement orchestrées par des activistes de tout bord, la relation entre la France et le Cameroun demeure solide et… durable. Elle résiste au temps, elle survit aux incompréhensions, elle est au-dessus des égos et des égoïsmes. Paul Biya le sait mieux que quiconque, lui qui en est à son quatrième président français. Il n’a pas oublié la célèbre phrase prononcée par François Mitterrand en juin 1983 à Yaoundé devant les députés Camerounais : « M. le président, nous sommes à l’aise avec vous ». Au plus fort de la crise institutionnelle créée et entretenue par Ahmadou Ahidjo au lendemain de sa démission, cette prise de position claire et ferme de François Mitterrand fut reçue cinq sur cinq et contribua à calmer le jeu. Paul Biya et les Camerounais n’ont pas oublié la chaleur et l’amitié de Jacques Chirac, le plus Africain de tous les présidents français. Ils se souviennent encore de la « rupture » instaurée par Nicolas Sarkozy, le seul président de la Ve République française qui n’a pas effectué de visite officielle au Cameroun. Les temps changent. Les présidents passent. Les Etats et les peuples restent. L’amitié continue. D’un François à un autre ; de Mitterrand à Hollande, deuxième président socialiste de la France, voici Paul Biya à l’Elysée. Au-delà des rapports entre deux individus, deux dirigeants, deux hommes d’Etat, ce qui compte et importe, ce sont les intérêts des deux pays. A cet égard, les faits et les chiffres ne trompent pas. Avec une centaine de filiales et environ 200 entreprises appartenant à des ressortissants français, la France est l’un des premiers investisseurs étrangers au Cameroun. L’une de ses entreprises vient de remporter l’appel d’offres pour la construction du 2e  pont sur le Wouri et il y a à peine un an, les deux pays ont signé le 2e contrat de désendettement et développement (C2D) pour un montant de plus de deux cents milliards Fcfa pour la période 2011-2016. Engagé dans les grandes réalisations et les projets structurants, le Cameroun, « qui n’est la chasse gardée de personne », a besoin de financements et de diversification de ses partenariats. Une telle ambition transcende les sentiments et les ressentiments.Ceux qui veulent donc se servir de la visite de Paul Biya en France pour faire de la gesticulation et de l’agitation se trompent. Il est d’ailleurs curieux de constater que les mêmes qui brandissent comme un haut fait d’armes une audience avec un anonyme ou obscur fonctionnaire de la coopération ou de la présidence françaises ironisent et se réjouissent de voir Paul Biya accueilli à l’aéroport par un planton. Ils ne méritent que mépris et indifférence. Trêve de polémique et de sarcasme : aujourd’hui, Paul Biya et François Hollande écrivent et inscrivent dans la durée une relation ancienne au nom des intérêts bien compris du Cameroun et de la France. 

Christophe MIEN ZOK

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