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La Politique

Douze questions à M. Marafa Hamidou Yaya, militant du Rdpc :

« Le choix de l’action », tel est le titre de l’essai politique que vient de publier M. Marafa Hamidou Yaya  qui fut  ministre d’Etat Secrétaire général de la Présidence de la République,

ministre d’Etat, ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation, Conseiller spécial du Président de la République, Secrétaire d’Etat auprès du ministre des finances, PCA du FEICOM, membre du Bureau politique du RDPC, chef de la délégation du Comité central du Parti au pouvoir pour la région du Nord. Excusez du peu. En  matière de marketing politique, il est normal que l’acteur qui veut se vendre sur le marché de l’offre politique et de la demande du consommateur (les éléments constitutifs de l’électorat) présente son passé, son présent et surtout son avenir (car, en réalité c’est ce futur qu’il  vend, le passé et le présent relevant objectivement d’une offre périmée, au regard de la fluctuation de l’électorat) sublime son offre, son image, son action et son projet ou sa vision.En clair, celui qui vend son offre au consommateur politique dit ceci aux électeurs potentiels : « Voici ce que j’ai fait, voici ce que je fais et voici ce que  je me propose de faire pour embellir votre avenir ». D’où la propension qu’a M. Marafa de présenter son passé, son présent et son avenir, sous une connotation laudative, sinon idyllique ou sublime, à l’image de sa photographie méliorative sur la page de couverture (sourire reflétant  l’espoir  sinon, l’espérance,  mains croisées en signe de solidarité et de fraternité, station debout qui participe du dynamisme présumé etc.).Là où le bât blesse, c’est au niveau de la logique pure si bien  codifiée depuis le philosophe grec Aristote. Aussi vais-je poser quelques questions à mon camarade du RDPC.

1- « Le Cameroun a un besoin urgent de réformes et ces réformes sont possibles. Sous ma direction, le ministère de l’administration territoriale et de la décentralisation en a proposé un grand nombre dans des domaines aussi variés que l’encadrement des Partis politiques, le transfert des compétences et des ressources aux collectivités territoriales décentralisées ou la prévention des incendies dans les marchés … ». Question  à M. le ministre d’Etat Marafa Hamidou Yaya : toutes les réformes conduites par le Président Paul  BIYA (aux plans politique, diplomatique, sécuritaire, administratif, économique, social et culturel) depuis le 6 novembre 1982, l’ont-elles été sur proposition du ministre d’Etat Marafa ? Les réformes proposées au Premier ministre et au Président de  la République par le ministre d’Etat Marafa eussent-elles été effectuées et effectives  sans l’accord  formel du Chef de l’Etat puisque c’est lui qui définit la politique de la Nation ? Le Président de la République n’est-il pas l’auteur institutionnel des réformes que le ministre d’Etat s’approprie et qui seraient restées lettre morte, n’eût été son approbation régalienne, de par ses prérogatives constitutionnelles et au regard de la politique qu’il définit, dans le cadre de l’optimisation de la démocratie locale et du renforcement des ressources accordées par l’Etat aux collectivités locales décentralisées ? Un ministre peut-il revendiquer, institutionnellement, la paternité d’une « action » qui est la résultante du pouvoir reconnu au chef de l’exécutif ? Certes, le ministre est un adjuvant (adjudare = aider, en latin) au service d’une politique définie par le Chef de l’Etat. Mais, il agit sous l’autorité d’un chef.
2- Comment l’un des « piliers du régime » (p. 14) qui reconnaît avoir « eu l’honneur de servir l’Etat camerounais  sous l’autorité de Paul BIYA » peut-il décrire son « patron » comme «un personnage disjoint, insaisissable, dissimulant des gouffres intérieurs insondables » c’est-à-dire de manière effectivement « disjointe », puisque la « disjonction » traduit justement l’absence de jonction, donc de compréhension (cum – prehendere  = prendre ensemble) ?  Qui est « disjoint », celui qui n’utilise pas le meilleur code (sémiologique par exemple) pour décrypter le fonctionnement  actanciel (action, acte) d’une personne, alors que tous les éléments objectifs sont devant lui pour un excellent décodage de l’actant ou au contraire  celui qui, comme tout être humain, est constitué d’un faisceau  de paramètres complexes qu’il suffit de mettre ensemble  (cum – prehendere) pour découvrir le fil d’Ariane menant au « mythe personnel » pour parler comme Charles Mauron, spécialiste de la psychocritique ?
3-  « Je n’ai jamais servi Paul BIYA, mais l’intérêt  supérieur de la Nation ». (p. 15). Soit. Personne ne demande à un ministre ou à un haut fonctionnaire de servir l’homme Paul BIYA (intuitu personae). Les cadres de l’administration servent  l’Etat, la Nation, la République, le Cameroun. Mais, nul ne peut nier que le Cameroun est dirigé depuis le 6 novembre 1982 par un homme : M. Paul BIYA qui est le chef de l’exécutif, qui définit la politique  de la Nation et qui nomme  aux hautes fonctions civiles et militaires (parmi lesquelles les fonctions ministérielles). Celui qui ne partage pas (ou plus) la politique définie par le chef de l’exécutif démissionne. Ce droit est reconnu à chaque titulaire d’un poste  nominatif. Le ministre d’Etat Marafa l’a-t-il exercé ? Qu’est-ce qui l’en a empêché ? Etait-il  frappé de myopie, voire de cécité, pour ne pas tirer les conséquences  de la « malgouvenance biyaienne » si tant est que celle-ci existât réellement et non pas de façon fantasmagorique ? « Cet immobilisme » qui « est la mère de tous nos maux » (p.12) n’a-t-il pu être publiquement  dénoncé (épistolairement et éditorialement) qu’après la publication du décret présidentiel le déchargeant de ses fonctions  le 9 décembre 2011 ? D’autres ont démissionné. Ils ont même créé, pour certains, tel parti politique, telle ONG, telle activité économique, sociale  ou culturelle et s’épanouissent autant que faire se peut.
4- « Au fil des temps, le régime dont j’ai été l’un des acteurs a déçu les espérances des Camerounais » (p.15). Mais, il ajoute,  curieusement, « c’est nous, peuple camerounais, qui avons élu et réélu Paul BIYA durant trois décennies » (p. 15). Cette deuxième phrase est exacte, puisque seul le peuple camerounais, souverain et maître de son destin, élit le Président de la République au suffrage universel direct. Le peuple souverain l’a fait en 1984, en 1988, en 1992, en 1997, en 2004 et en 2011.  De  deux choses l’une : ou bien le peuple camerounais qui a élu démocratiquement le président Paul  BIYA six fois est complètement loufoque et inconscient ou bien il est amnésique pour ne pas dire schizophrène. Le ministre   d’Etat Marafa pourrait-il avoir l’amabilité de me répondre sur les raisons pour lesquelles le peuple a réélu systématiquement, depuis 1984, le Président  Paul BIYA à la tête de l’Etat en adhérant à son projet de société et en « achetant » son offre politique ? La déception  du peuple date-t-elle du  9 décembre 2011 ?
5- Peut-on être et ne pas être ?Non. C’est le principe aristotélicien du tiers-exclu. On ne peut pas affirmer que « le régime dont j’ai été l’un des acteurs a déçu les espérances des Camerounais » et tirer son épingle du jeu, par une casuistique inintelligible, en déclarant, péremptoirement : « Je n’ai pas fait le choix de l’expectative permanente. J’ai fait celui de l’action ». Est-ce à dire que cette « action » était la seule qui fût salvatrice dans un océan d’inertie, d’immobilisme et d’impéritie ?Qu’il  me cite une seule action d’envergure menée par un ministre depuis le gouvernement de l’Etat autonome du Cameroun (10 mai 1957) sans l’onction de l’exécutif qui, en définitive, assume la paternité institutionnelle de l’action, celle-ci participant d’une politique globale.
6- Qui définit la politique de la Nation ? La Constitution (Loi fondamentale) est claire : c’est le Président de la République, Chef de l’Etat. Aucun ministre ne définit la politique de la Nation. S’il y a eu des actions positives (au ministère de l’administration territoriale et de  la décentralisation, puisque c’est l’échantillon que choisit l’essayiste), à savoir, par exemple, la décentralisation, elles relèvent bel et bien d’une politique définie par le Président de la République, puisque c’est lui qui donne ses orientations stratégiques  qui sont mises en œuvre par le Premier ministre, Chef du gouvernement et qui sont  exécutées  par les ministres, chacun dans son secteur de compétence. Le ministre exécute une action qui s’inscrit dans une politique définie par le Président de la République. Si les élections couplées de 2002 ont été reportées d’une semaine, c’est à la suite d’une décision régalienne  du Chef de l’Etat, consécutive à des informations qui lui furent fournies par le Ministre d’Etat Marafa, centralisateur des renseignements émanant des divers services spécialisés.
7- Jean-Pierre Chevènement a eu un mot célèbre : « Un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne ». Au regard des informations  dont fourmille l’ouvrage de M. Marafa, assertions péjoratives et désobligeantes sur le Président de la République, sur son régime, sur son action, l’on se serait attendu à ce que l’auteur de l’essai démissionnât soi comme Secrétaire d’Etat auprès du ministre des finances, soit comme Conseiller spécial du Chef de l’Etat, soit comme Ministre d’Etat Secrétaire général de la République, soit comme ministre d’Etat, ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation. On aimerait bien savoir pourquoi il ne l’a guère fait.
8- Lorsqu’on est devenu Secrétaire d’Etat, Conseiller spécial, ministre d’Etat (Secrétariat général de la présidence de la République, administration territoriale) par le pouvoir discrétionnaire du Président de la République (que je sache, aucun Prix Nobel  n’est  ministre dans un seul pays du monde,  aucun concours et aucun appel à candidature ne constituent des pré-requis pour devenir ministre), force est de reconnaître  que le Chef de l’Etat (élu au suffrage universel direct) aurait pu avoir pour un autre Ingénieur, les yeux de Chimène. Par qui M. Marafa a-t-il été élu  pour devenir Secrétaire d’Etat ?  
9- L’obligation de réserve inhérente à toute fonction administrative (et, qui plus est, à côté du Chef de l’exécutif) n’implique –t – elle pas que celle ou celui qui occupe ou a occupé de hautes fonctions dans l’appareil de l’Etat (voire à côté du Chef de l’Etat) ne se livre guère à des confessions  publiques concernant  des propositions, actes, conversations frappés du sceau du secret ? La communication politique est-elle un robinet ouvert sempiternellement ? Les maîtres de cette discipline nous apprennent qu’elle exige discernement, doigté et efficacité fonctionnelle dans le choix des mots, des images, des expressions, des cibles.
10- Suffit-il de proposer, par exemple, la création d’un département ayant pour chef-lieu Bibémi (région du nord, non loin de Garoua, ou la partition des départements du Haut-Nyong, du Noun ou du Moungo pour que le Chef de l’Etat marque son accord ? Tout haut fonctionnaire sait qu’une note que l’on adresse à son patron peut revêtir plusieurs réactions (accord, m’en parler ou me voir, à classer, etc.). Le chef n’est pas obligé de marquer inexorablement son accord, quelle que soit la proposition. De nombreux paramètres conditionnent la décision du chef : opportunité politique, impact social, soutenabilité  financière, effet boomerang, etc. Et, en dernier ressort, c’est le chef  qui a toujours le dernier mot, parce qu’il dispose de plusieurs variables que le collaborateur n’a pas toujours et, tout compte fait, c’est lui qui répond de cette décision ultime. Le ministre d’Etat Marafa le sait très bien, lui qui a eu à prendre, à son  niveau, des décisions républicaines ou à répercuter les très hautes instructions du Chef de l’Etat aux ministres, relativement à tel ou tel problème.
11- Le Président Paul BIYA qui a dénoncé à maintes reprises l’inertie est-il un adepte de l’immobilisme ? Je me souviens de la sentence cinglante du Président Paul BIYA à ses détracteurs à Monatélé (campagne électorale pour l’élection présidentielle de  1997) : « qui veut-on changer ? Celui qui a apporté  le changement au Cameroun ? » On ne peut pas avoir apporté le changement politique,  économique, technologique, sanitaire, éducationnel, médiatique, sportif, culturel, touristique, télécommunicationnel etc. et être accusé d’immobilisme. En 32 ans, le Cameroun a fondamentalement changé, avec tous et pour tous. Les résultats sont là, visibles, plausibles, intelligibles. Et la vision du Président Paul BIYA, pour l’avenir du Cameroun est positive sinon lumineuse. 
12- Maintenant, je veux m’adresser à mon camarade Marafa Hamidou Yaya, membre du bureau Politique du RDPC de 1996 à 2011, plusieurs fois chef de la délégation du Comité central pour la région du Nord, militant de base du RDPC (que je sache,  il n’a pas démissionné du RDPC.  En tout état de cause, le Comité de base où il milite n’a pas, à ma connaissance, fait état de cette décision auprès de la Hiérarchie du Parti. Si je me trompe, je serais bien aise de présenter mes excuses à mon camarade).Question : comment concilier les orientations de cet ouvrage (qui, il est  vrai, est consacré à ses années au MINATD et non à son militantisme au sein du RDPC) et les principes du RDPC ?  Et si tant est que ces principes soient dévoyés par la pratique quotidienne, que fait-il pour que ce Parti qui est toujours le sien (et qu’il est libre de quitter s’il ne correspond plus à sa philosophie politique) revienne sur  « le droit chemin » et sur « l’action » efficace et efficiente ? Puisqu’il  est membre du RDPC (à ma connaissance), n’est-il pas, lui aussi, dans cette « expectative » qu’il stigmatise dans son essai (p.15) ? « L’action » consiste-t-elle à attendre (expectare, en latin) un événement hypothétique ou providentiel afin d’apparaître, d’un halo de magnificence, comme un « deus ex machina » descendant du ciel pour sauver le Cameroun du naufrage collectif, au  lieu, justement, d’agir (« action » vient du verbe latin « agere » avec son supin  « actum »), à ciel ouvert, dans le cadre soit du RDPC (mais en adhérant résolument à la Charte, aux idéaux et à la vision de ce Parti), soit d’un autre  Parti existant  ou à créer.Cher camarade du RDPC, nous sommes toutes ouïes. Jacques FAME NDONGOMembre du Bureau Politique,Secrétaire à la Communication au Secrétariat Général du Comité Central du Rdpc

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