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L'Editorial

Alternance sans alternative :

Au mois de mai dernier, les élections législatives en Grande-Bretagne se sont soldées par la cuisante défaite des partis de l’opposition.

A la surprise générale et démentant tous les sondages, le Parti conservateur du premier ministre David Cameron a remporté le scrutin, se permettant au passage d’obtenir la majorité absolue. Première conséquence : David Cameron, reconduit au poste de premier ministre, n’a plus besoin d’allié pour gouverner. Deuxième conséquence : tous les leaders des partis d’opposition ont tiré les conclusions de leur défaite et démissionné de leurs fonctions. Troisième conséquence enfin : grâce à un seul scrutin, la classe politique Britannique – l’opposition plus précisément – a connu un renouvellement de grande ampleur. En d’autres termes, une seule élection a suffi pour provoquer l’alternance dans le camp de l’opposition qui l’espérait à la tête du gouvernement. Tel est donc pris (dans le piège de l’alternance) qui croyait prendre.
Quelques semaines après ce séisme politique majeur en Grande Bretagne, le Sdf, premier parti d’opposition camerounais, chantre de l’alternance au Cameroun, célébrait son 25ème anniversaire en présence du représentant du président national du Rdpc, S.E. Paul Biya. Si ce geste de convivialité républicaine et de courtoisie démocratique mérite d’être salué, il n’a pas empêché les observateurs de remarquer que depuis sa naissance à Bamenda – comme le Rdpc – en 1990, le Sdf est toujours dirigé par le même président Ni John Fru Ndi. Tout change autour de lui sauf lui. A sa décharge, il convient de préciser qu’aucun parti politique majeur au Cameroun n’a connu une alternance significative à sa tête depuis sa création. La seule connue est l’alternance suite à la mort du président fondateur qui entraine généralement dans sa disparition celle du Parti. Malgré les échecs successifs aux élections, les dirigeants de ces partis ont l’outrecuidance de demander – d’exiger – un changement au Rdpc ou à la tête de l’État au nom de… l’alternance. Qu’ils refusent de s’appliquer à eux-mêmes ou de mettre en pratique. Charité bien ordonnée commence pourtant par soi-même. Si l’alternance avait autant de vertus, elle ferait beaucoup d’emules. A commencer par ses principaux chantres. Visiblement, leur devise doit être : « ce qui est bon pour les autres ne l’est pas forcément pour moi ».
Voilà probablement pourquoi l’alternance reste au stade des incantations.
Puisque ses plus fervents supporters par les paroles et les discours démontrent inconsciemment à travers leurs actes qu’eux-mêmes ne sauraient constituer des alternatives crédibles en vue de l’alternance qu’ils revendiquent et chantent sur tous les toits. CQFD (ce qu’il fallait démontrer). Pour qu’il y ait alternance, il faut présenter une alternative crédible à ceux que l’on aspire à changer.

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