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L'Editorial

Réussir sa vie :

Si une image vaut mille mots comme le soutient un adage populaire, alors que valent quelques mots inscrits sur une plaque en bois immortalisés par une photo ?

La question mérite d’être posée à la suite d’une photo publiée par Cameroon Tribune dans son édition de lundi dernier. On peut y lire ce message : « Lycée de la Cité Verte : celui qui triche peut réussir un examen, mais il ne peut réussir sa vie ». En cette période consacrée aux examens de fin d’année, la réflexion aurait pu être … traitée comme sujet de philosophie. Reste à savoir combien d’élèves du Lycée de la Cité Verte lisent cette citation chaque jour et surtout quelle réflexion leur inspire-t-elle. 
En réalité cela importe peu, du moment où le « Groupe Biblique des Elèves et Etudiants du Cameroun (GBEEC) » qui a offert la plaque au lycée de la cité verte et Cameroon Tribune qui en a publié la photo ont contribué à porter le débat sur la place publique. Un débat vieux comme l’école et qui peut être résumé autrement avec les mêmes mots : « peut-on réussir sa vie au Cameroun sans le précieux sésame qu’est le diplôme qui sanctionne généralement un examen » ? Des générations entières d’élèves et d’étudiants, ″réconfortés″ par les pratiques en vigueur dans le monde du travail répondent sans hésitation non à cette question. D’où le mythe du diplôme qui s’est incrusté de manière durable et quasi-pathologique dans les esprits et dans la société. Au nom de ce mythe, les élèves et les parents sont prêts à tout : réduire l’âge des enfants, acheter des notes ou des épreuves, corrompre les enseignants, faire composer des élèves intelligents en lieu et place des cancres…
Depuis des décennies, les familles et les candidats prennent des risques insensés pour l’obtention du précieux sésame, censé ouvrir les portes de la réussite sociale. 
Leur « acharnement » est néanmoins limité par la détermination et l’énergie que mettent les organisateurs et les institutions en charge de ces examens à réduire le phénomène de la tricherie. On parle de moins en moins de fuites d’épreuves – l’eau ne coule presque plus – et le boom des nouvelles technologies semble ne pas inspirer pour l’instant des idées lumineuses aux chercheurs de nouvelles techniques de tricherie. Il ne faut pas pour autant baisser la garde car le mythe du diplôme reste très fort. 
Toutefois, les pouvoirs publics semblent donner une nouvelle inflexion à cette tendance, à cette course folle et effrénée vers le diplôme. Cela passe par la création de nouvelles filières d’enseignement plus pratiques ; où les connaissances sont plus importantes que les diplômes. Dans quelques années, on espère entendre les employeurs demander aux chercheurs d’emplois : « que sais-tu faire ? » et non : « quel diplôme tu as ? ». Lorsque nous atteindrons ce stade, alors on sera en mesure d’affirmer avec force ; « le diplôme ne garantit pas automatiquement la réussite dans la vie ». Merci à Cameroon Tribune et au Groupe Biblique des Elèves et Etudiants du Cameroun (GBEEC) pour cette leçon de philosophie dans la rue.

Par Christophe Mien Zok

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