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L'Editorial

Du sacrifice au sacre :

Les sages paroles de l’Ecclésiaste nous rappellent qu’il y a un temps pour tout. Il aurait pu ajouter que tout peut arriver en même temps. Le Cameroun en a fait l’expérience, à la fois amère et agréable, en l’espace de 72 heures.

Vendredi 3 février 2017, la Nation toute entière a les yeux rivés sur la cour d’honneur de la Brigade du Quartier Général où le Président Paul Biya, Chef de l’Etat, Chef des Armées, préside la cérémonie d’hommage à quatre vaillants officiers tombés sur le champ d’honneur en luttant contre Boko Haram. Tristesse, amertume, désolation se lisent sur tous les visages. Malgré la gravité du moment et la solennité du cérémonial, les pleurs et les larmes sont à peine étouffés. La mort a encore frappé.
Au-delà de l’armée camerounaise et des familles éplorées « ce deuil est celui de la Nation toute entière « affirme Paul Biya, martial. Et il poursuit, le ton grave et plein de lyrisme en dépit des circonstances : «Dans l’âme, fièrement recouverts du drapeau national, vibre et résonne un seul mot : PATRIE. Le sang de ces braves soldats, tombés sur le champ d’honneur, sur la route du devoir, ce sang nous parle. »Le sacrifice suprême de ces quatre officiers n’aura pas été vain car il « doit renforcer notre détermination à poursuivre le combat contre un ennemi impitoyable et sans scrupule. Ce combat, ne l’oublions pas, ne se terminera que par sa défaite définitive »
Dimanche 5 février 2017, deux jours seulement après ces moments de grande tristesse qui ont permis au Cameroun de méditer sur la «servitude et la grandeur militaires» et de rendre hommage à de vaillants soldats morts pour la patrie, la Nation était à nouveau rassemblée autour d’un évènement heureux et plein de joie : la finale de la 31e édition de la Coupe d’Afrique des Nations de football mettant aux prises le Cameroun et l’Egypte, deux vieilles connaissances du sport-roi en Afrique. A quelques heures d’intervalle, la mort et le deuil côtoient la vie et la vitalité. Les rires et la joie remplacent les pleurs et les larmes, etc. Le sang versé par les soldats au front se transforme en sueur secrétée par les joueurs sur un terrain de football. Le tout au nom de la patrie. En recevant ce jour au Palais de l’Unité les Lions, champions d’Afrique pour la 5e fois, Paul Biya pourrait bien reprendre ses propres paroles de vendredi dernier au Quartier Général, quoique dans un contexte et un lieu différents. Il remplacerait tout simplement sang par sueur et soldats par footballeurs ou lions indomptables. « Le sang [la sueur] de ces braves soldats [lions], (…) nous parle… [elle] nous interpelle et nous invite tous, de l’Est à l’Ouest, du nord au Sud :- à réveiller notre conscience civique et patriotique- à nous souder davantage autour de ces trois couleurs que nous avons choisies, en toute solidarité et souveraineté,- à fusionner dans cette étoile unitaire, frappée au centre de notre drapeau national, symbole ardent de foi et d’unité «Tout est dit. Au front contre Boko Haram, le Général KODJI et ses frères d’armes se sont battus comme des Lions indomptables jusqu’au sacrifice suprême. Sur la pelouse du stade de l’amitié, à Libreville, MOUKANDJO et ses coéquipiers se sont organisés et comportés comme de bons petits soldats ; ce qui les a conduit au sacre final.
Pour cette raison, tous méritent la reconnaissance et la consécration de la Nation et de son Chef. Aux soldats de nouvelles étoiles et de nouveaux galons sur leurs épaulettes ; aux Lions indomptables une cinquième étoile floquée sur leur maillot. Tous ont livré le bon combat au service de la Nation : le sacrifice des uns vaut le sacre des autres. Toutefois, de toutes les étoiles reçues en hommage ou en récompense, aucune ne vaut l’étoile jaune frappée sur la bande rouge de notre drapeau national. Celle-là reste à jamais notre étoile polaire, symbole de notre unité, de notre solidarité enrichies au fil du temps et des ans par notre diversité. Par conséquent, tout Camerounais qui s’illustre par son sacrifice pour le sacre des grandes valeurs de la Nation mérite la consécration. Tels sont le sens, l’essence et la quintessence de la cérémonie que Paul Biya préside ce 8 février pour la 5e fois en l’honneur des Lions indomptables qui sont (enfin) parvenus au sommet de la pyramide des pharaons d’Egypte.

Christophe MIEN ZOK

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