Site Web Officiel du Journal L'Action
L'Editorial

Péché par omission :

Un consortium peut en cacher un autre. Après le consortium de la société civile (dissout) la «crise anglophone» vient de donner naissance à un autre consortium : 

Celui des parents d’élèves scolarisés dans les établissements confessionnels, catholiques notamment. Ces parents d’élèves ont, donc à travers une citation directe, assigné au Tribunal quelques membres de l’Episcopat et du Clergé de l’Archidiocèse de Bamenda et du Diocèse de Kumbo. L’audience est prévue après demain, 21 avril, au tribunal de première instance de Bamenda. Même si le motif de la plainte n’est pas clairement précisé dans les documents que nous avons consultés, on peut deviner sans trop de peine, qu’il s’agit, pour ces parents dont les enfants sont privés de cours, de poser le problème du préjudice moral et financier subi en cette année scolaire particulière.
En effet, depuis le déclenchement de la grève des enseignants dans les Régions anglophones, l’Eglise catholique locale a donné l’impression, à tort ou à raison, de soutenir les grévistes. En tout cas, elle n’a pas brillé par des initiatives encourageant la reprise des cours. Oubliant au passage qu’au-delà de la mission de service public de l’éducation concédée par l’Etat, elle a d’abord des engagements contractuels à caractère commercial et financier avec les élèves et leurs parents. A cet égard, nous écrivions dans ces mêmes colonnes le  1er mars dernier :
«Il est également temps pour les parents d’élèves scolarisés dans les établissements confessionnels et laïcs de songer à la réparation du préjudice subi depuis plusieurs semaines. Dans ces établissements où les frais de scolarité sont élevés et payés généralement en totalité avant la fin du premier trimestre, il est inadmissible que ces promoteurs, quelle que soit leur confession religieuse, n’aient pas de compte à rendre. En début d’année ils ont signé «un contrat» avec les parents d’élèves. Ce contrat est rompu de manière unilatérale et ces promoteurs donnent l’impression de ne pas s’en préoccuper outre mesure. Peut-on imaginer un seul instant la réaction des promoteurs privés si des parents ne s’étaient pas acquittés des frais de scolarité de leurs enfants au nom d’on ne sait quel prétexte ?»
Comprenons-nous bien : il n’est pas question ici de remettre en cause ou de minimiser le rôle ô combien déterminant de l’Eglise catholique dans l’œuvre de construction nationale dans les domaines de la santé, de l’éducation ou de l’édification morale et spirituelle. Sa contribution est non négligeable et salutaire. Pour autant, l’Eglise doit rendre compte aux parents qui leur ont confié leurs enfants, moyennant des frais de scolarité parfois très élevés.
Un contrat a été rompu unilatéralement, voire abusivement malgré les assurances et les appels des pouvoirs publics pour la reprise des cours. S’il y avait quelques contraintes, les parents auraient dû en être informés. Plus que le préjudice financier, c’est le préjudice moral qui est le plus lourd. L’Eglise doit reconnaître qu’elle a «péché par omission» et faire acte de contrition. Et ce sera un début de justice sans autre forme de procès.

Christophe MIEN ZOK

Articles liés