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L'Editorial

De la jeunesse et du jeunisme :

Comparaison n’est pas toujours raison, a-t-on coutume de dire, mais il faut immédiatement ajouter que le bon sens n’est pas souvent la chose la mieux partagée au monde. 

Une mauvaise compréhension de ces grands principes entraîne régulièrement des erreurs de jugement ou d’appréciation. 
Depuis dimanche dernier, la France a un nouveau Président de la République. Il s’appelle Emmanuel Macron. Énarque, ancien banquier, ancien Secrétaire Général adjoint de l’Elysée et ancien ministre de l’Economie de François Hollande. De tous ces traits d’un rapide portrait du nouvel élu, il se dégage une particularité: son âge. La France, ce «vieux pays» comme le qualifiait Dominique de Villepin, 5ème  puissance économique mondiale, a choisi de confier son destin pour les cinq prochaines années à un jeune homme de…39 ans. Au terme d’un long processus électoral, les électeurs ont choisi celui qu’ils ont jugé capable de porter leurs aspirations et de défendre les intérêts de la France. En votant pour Emmanuel Macron, leur objectif n’était pas de faire la leçon à qui que ce soit ou encore de battre un quelconque record mondial au « concours de l’élection du plus jeune président du monde ».  En raison des liens historiques et de coopération entre le Cameroun et la France, l’événement ne pouvait pas laisser les Camerounais indifférents. En pareilles circonstances, la première attitude consiste à prendre acte, à respecter et à féliciter l’heureux élu ainsi que l’ensemble du peuple français. Les plus hautes autorités camerounaises, Paul Biya en tête, se sont immédiatement acquittés de ce devoir républicain et diplomatique.
« Depuis de longues décennies, écrit Paul Biya, la France et le Cameroun entretiennent des relations étroites et confiantes dans de nombreux domaines. Forgées par l’Histoire et une longue amitié qui ne s’est jamais démentie, elles peuvent encore accomplir de nombreux progrès. Je voudrais vous assurer de ma disponibilité à œuvrer, avec vous, au maintien de cette amitié entre nos deux pays et à l’ouverture de nouveaux horizons à leur coopération ». 
De nombreux Camerounais patriotes,  respectueux de la souveraineté des  nations, de l’amitié entre les  peuples et du principe de la non ingérence savent que les États n’ont pas d’amis mais des intérêts. Des intérêts qui transcendent les clivages et les… âges!!Toutefois, et comme il fallait s’y attendre, certains compatriotes, adeptes de l’auto-flagellation et atteints d’on ne sait quel complexe, n’ont pas attendu longtemps pour se livrer à leur jeu favori sur fond de comparaison et de dénigrement. Leurs commentaires sur la différence d’âge entre l’actuelle classe dirigeante camerounaise et le nouvel élu français se veulent sarcastiques, sentencieux et sans concession. C’est leur droit. Mais cette polémique teintée d’arrière-pensée politicienne ne peut ébranler que les faibles d’esprit. Un Camerounais digne de ce nom devrait féliciter le peuple français pour son courage mais au nom de quoi devrait-il nourrir quelque complexe, ressentiment ou frustration? Les Français, c’est leur droit et à leur honneur,  ont élu un nouveau président. L’un de ses atouts et non des moindres étant sa jeunesse. Souhaitons lui du fond du cœur bonne chance. Mais comparaison n’est pas raison.
Car faut-il le rappeler: chaque pays a ses réalités, ses traditions et sa vision du monde! Le renouvellement générationnel n’est pas l’apanage de certains pays. D’aucuns ont tendance à l’oublier: le Cameroun a connu le sien en …1982 avec un Paul Biya alors âgé de 49 ans. L’espoir et l’optimisme pointaient à l’horizon. Ce changement a pris le nom de Renouveau, la même appellation que certains commentateurs donnent au phénomène du Mouvement « En Marche » initié par Emmanuel Macron en France!!! À chacun son tour et sa chance dans la grande roue de l’histoire des peuples et des Nations. 
À tous ceux qui, Au Cameroun en particulier, rêvent à juste titre d’un passage de témoin, il convient de faire cette mise en garde: la jeunesse-encore moins le jeunisme- ne saurait être un critère déterminant car c’est bien connu, la jeunesse n’est pas synonyme de vitalité. Le renouvellement ne se fera pas dans la transgression mais dans la transmission et le respect des traditions. Non pas comme un héritage ou un parricide mais sur la base du talent, du mérite et de la compétence enrichis par le patriotisme. 
Jeune ou pas, si vous ne travaillez pas, si vous n’êtes pas compétent, si vous n’aimez pas votre pays, si vous ne défendez pas des valeurs éthiques et morales, vous n’avez aucune chance. Beaucoup de jeunes ne rêvent que d’une brillante carrière -la leur évidemment- alors que certains «vieux» pensent au destin de leur pays. À chacun de choisir.

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