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L'Editorial

Le temps de la justice :

Trêve de supputations et de spéculations.L’information tant attendue depuis le 5 janvier a été confirmée.

Le gouvernement camerounais a annoncé lundi dernier « à l’opinion publique nationale et internationale qu’un groupe de quarante-sept terroristes, au nombre desquels Monsieur Ayuk Tabe se trouve depuis quelques heures entre les mains de la justice camerounaise devant laquelle ils répondront de leurs crimes ». Depuis leur arrestation au Nigeria il y a trois semaines, le sort des activistes et des leaders de la sécession alimentait toutes sortes de débats et de polémiques. Plus le temps passait, plus une certaine opinion doutait de la volonté politique et de la capacité du gouvernement nigérian à les extrader vers le Cameroun. Toutes sortes de théories juridiques sur l’extradition étaient échafaudées par des juristes à la petite semaine. Le Nigéria, qui se souvient sans doute de la position constante du Cameroun tout au long de la guerre du Biafra, vient de rappeler de manière magistrale au monde entier que les États n’ont pas d’amis mais des intérêts à défendre et à protéger. Au terme de cet échange de bons procédés entre voisins, le gouvernement camerounais a, pour sa part, toutes les raisons de « se féliciter du caractère excellent de la coopération multiforme » entre les deux pays, «  notamment au plan sécuritaire ».  Liés par la géographie et l’histoire, le Nigeria et le Cameroun se doivent de coopérer pour faire face à Boko Haram au Nord et aux sécessionnistes de tout poil au sud de leurs territoires respectifs. 
 
Les âmes sensibles et les donneurs de leçons devraient à leur tour se réjouir plutôt de cette tournure des événements. Que les temps ont changé! En une époque pas si lointaine, on ne parlerait même pas d’extradition ou de procédure judiciaire. « L’affaire » aurait été réglée en deux temps trois mouvements par les services  dans le plus grand secret. Il suffit de se rappeler comment certaines grandes puissances ont réglé ce type de situations dans un passé pas très lointain. Dieu merci, cette époque là est révolue. Contrairement aux déclarations fantaisistes de certaines organisations non gouvernementales, le Cameroun est un État de droit. Il a des scrupules solides  et des valeurs nobles en matière de respect de la dignité humaine. Malgré la gravité de leurs crimes, Ayuk Tabe et sa bande auront donc droit à un procès en bonne et due forme. 
 
Même s’ils prétendent rejeter leur nationalité camerounaise et prônent la sécession,  les 47 extradés du Nigeria doivent faire confiance à la justice du  Cameroun. Ce procès leur donnera d’ailleurs l’occasion de s’exprimer, de présenter publiquement leurs motivations. Mais ont-ils réellement envie de convaincre par la force des arguments ou par l’argument des armes et de la violence? Sans être une fin en soi, le procès annoncé constitue néanmoins  une étape supplémentaire vers la résolution de la crise. En effet, sans justice, il n’y a pas de pardon ou de réconciliation. Après le temps de la justice, la politique reprendra tous ses droits en vue d’une sortie de crise. En attendant,   ceux qui ont pris des armes contre la République, attaqué et tué des éléments des forces de l’ordre, incendié des écoles ou autres édifices publics doivent répondre de leurs actes. Sans rancune et sans faiblesse. 

Christophe MIEN ZOK

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